Les risques d’effets secondaires du vaccin sont-ils exacerbés avec la troisième dose ?
D’optionnelle, la troisième dose est devenue prioritaire en l’espace de quelques semaines. Certaines questions qu’elle soulève ne sont pourtant pas tranchées.
Les modalités d’administration du booster à l’ensemble de la population sont connues. Il n’y aura pas de groupe prioritaire et le moment auquel chacun sera invité à se rendre dans un centre de vaccination dépendra à la fois de l’âge et de la date des précédentes injections.
Jusqu’il y a peu pourtant, le caractère indispensable de ce booster ne faisait pas l’unanimité dans la sphère scientifique. Fin octobre, le virologue Yves Van Laethem estimait, par exemple, que la mesure, étendue à l’ensemble de la population, ne se justifiait pas dans l’état actuel des choses. Mais la dégradation de la situation ces dernières semaines a eu raison des optimistes et a accéléré le déploiement d’un programme vaccinal en trois phases dont il était déjà question.
« Les gens doivent comprendre l’utilité de cette troisième dose. La première et la deuxième fonctionnent très bien, mais durant un certain moment. Ensuite, l’efficacité diminue par rapport à l’infection chez les plus âgés et aux risques d’hospitalisation chez les plus jeunes », considère l’épidémiologiste, membre de la taskforce vaccination et expert du Gems, Pierre Van Damme. La troisième dose rehausse l’immunité individuelle: on est moins vulnérables à l’infection et moins contagieux. Le vaccin procure une réponse immunitaire standard. »
Comme pour la grippe
La der des ders… ou peut-on déjà s’attendre à retrousser notre manche chaque année? « Il est impossible de répondre à cette question aujourd’hui, car cela dépendra beaucoup des nouveaux variants qui surgissent. Nous avons appris, avec le Delta, qu’un nouveau variant peut réduire de façon significative l’efficacité des vaccins. Nous devrions savoir dans les semaines à venir dans quelle mesure le nouveau variant Omicron compromet la protection assurée par les vaccins existants », répond Michel Goldman. Pour le professeur émérite d’immunologie à l’ULB, si de nouveaux vaccins adaptés peuvent être développés très rapidement, une inconnue subsiste: « Ce sont les conditions qui seront mises par les agences réglementaires pour leur approbation. Considérera-t-on que l’on peut utiliser les informations recueillies sur les vaccins existants pour prédire leur sécurité? Si c’est le cas, on peut imaginer disposer de ces vaccins de nouvelle génération à l’automne 2022. Il n’est pas impossible que l’on se retrouve alors dans une situation analogue à celle des vaccins antigrippe dont une nouvelle version est produite chaque année, sans devoir repasser par des études cliniques complexes. »
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Multiplier les doses, n’est-ce pas aussi multiplier les risques d’effets secondaires graves? « Pour la troisième piqûre, les effets secondaires ne seront pas forcément moindres, ni plus élevés d’ailleurs, évalue Jean-Michel Dogné, directeur du département de pharmacie de l’UNamur. Les études montrent qu’ils sont même relativement proches de ceux observés lors des deux premières. Et dans la plupart des cas, cela reste des événements indésirables non graves. »
» Les données disponibles jusqu’ici sont rassurantes, abonde Michel Goldman. Il semble que les réactions fréquentes comme les douleurs au site d’injection, la fièvre, les frissons, les maux de tête, les douleurs musculaires ou la fatigue ne soient pas augmentées, ni en intensité ni en durée. L’une des craintes, c’est la survenue d’inflammation du coeur (myocardite) ou de son enveloppe (péricardite). On sait en effet que le risque de cette complication rare, qui touche surtout les hommes jeunes, est plus élevé après la deuxième dose qu’à l’issue de la première. Pour les boosters, la dose du vaccin Moderna a été réduite de moitié, de sorte que les deux vaccins Moderna et Pfizer auront un profil de risque similaire. »
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Vacciné puis infecté: prudence
La question des personnes qui ont présenté la Covid après un schéma vaccinal complet (infections dites « de percée ») reste également en suspens, précise l’immunologue. « Personnellement, je recommande de ne pas se précipiter et d’attendre que l’on en sache plus sur le variant Omicron. Si l’infection qui suit une vaccination complète assure une protection vigoureuse et de plusieurs mois contre le variant Delta, il pourrait en être autrement à l’égard du nouveau variant. »
En juin dernier, le Conseil supérieur de la santé a pourtant déjà établi les balises pour la vaccination des personnes après infection: elle ne pourra être effectuée qu’au plus tôt quatorze jours après le rétablissement complet du patient symptomatique ou au plus tôt quatorze jours après l’obtention du résultat positif d’un test PCR si le patient n’a pas présenté de symptômes.
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