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« Les cigarettes électroniques sont moins mauvaises pour la santé, mais il faut tout de même des règles strictes »

Stefanie Van den Broeck Journaliste Knack

Les cigarettes électroniques sont moins nocives que le tabac parce qu’elles ne libèrent pas de goudron ou de fumée, déclare le toxicologue Jan Tytgat (KU Leuven) qui répond aux questions de lecteurs de Knack à ce sujet.

Il y a presque 60 ans que je suis en traitement chez un endocrinologue de l’UZ Gand (pour hypopituitarisme). Depuis mes trente ans, je suis sujet à des crises d’épilepsie pour lesquelles je vois un neurologue. Il m’a interdit de boire de l’alcool, mais j’ai pu continuer à fumer. Qu’est-ce qui est mieux (ou moins mauvais) selon vous : boire ou fumer ? (Hendrik Bonte)

Jan Tytgat: Il est très difficile de répondre à cette question, parce que tout dépend des quantités que vous consommez. Mais j’ose tout de même dire que fumer est plus mauvais pour la santé. En consumant un matériau naturel comme le tabac, on produit toujours du goudron. C’est mauvais pour la fonction pulmonaire. Nous savons tous que boire beaucoup d’alcool peut être nocif, mais il n’y a aucune preuve qu’un verre de bière ou de vin de temps en temps soit nocif pour la santé, même si dans votre cas spécifique c’est quelque peu différent : l’alcool peut déclencher une crise épileptique et est donc plus dangereux pour vous, ce qui n’est pas le cas du tabac.

Comment faut-il intégrer la cigarette électronique dans la réglementation autour de la consommation du tabac dans les espaces publics et les restaurants ? (Lander Van Gucht)

J’estime que nous devons considérer la cigarette électronique comme un produit du tabac: il ne faut pas l’autoriser dans l’espace public, dans les écoles et pour les mineurs. Les cigarettes électroniques contiennent effectivement de la nicotine, qu’on expire en partie. C’est donc nocif pour votre environnement, particulièrement s’il y a des enfants ou des femmes enceintes à proximité. Cependant, le gouvernement doit jouer franc jeu vis-à-vis du consommateur et rendre la réglementation tout aussi sévère, même s’il faut souligner que la cigarette électronique est moins nocive et donc adaptée à tous ceux qui veulent arrêter de fumer.

Quels aromatisants et composantes sont utilisés dans les cigarettes électroniques et ceux-ci ne sont-ils pas nocifs à une température trop élevée? Les cigarettes électroniques créent-elles autant l’accoutumance que les cigarettes ordinaires, étant donné que la composante responsable de l’accoutumance est toujours présente ? (Christina Dimi)

Pour ce qui est de la première partie de la question: tout comme le Conseil Supérieur de la Santé je ne suis pas partisan d’arômes ajoutés aux cigarettes et aux cigarettes électroniques. En effet, nous ne savons pas si le chauffage ou l’évaporation dégage des substances nocives, c’est ce qu’il faut d’abord étudier. Et puis il y a la question de l’accoutumance : la nicotine demeure effectivement une substance à laquelle notre corps s’accoutume, que vous fumiez ou que vous vapotiez. La cigarette électronique peut donc créer une dépendance. Cependant, l’avantage c’est qu’on peut acheter des ampoules aux concentrations en baisse de nicotine, ce qui permet plus facilement de se désintoxiquer.

La nicotine est-elle cancérigène? (Peter Danck)

Il y a beaucoup de malentendus à ce sujet. Nous pouvons affirmer clairement que la nicotine en soi n’est pas cancérigène. Le goudron et la fumée le sont. Comme il n’y a pas de combustion dans la cigarette électronique, elle est moins mauvaise pour la santé, même s’il y a une observation à formuler : la nicotine est une substance assez corrosive qui porte préjudice à l’hygiène de la bouche. Indirectement, la nicotine peut donc contribuer au cancer de la bouche, mais il n’y a pas de lien causal direct.

Je compare parfois la nocivité de la cigarette électronique aux vapeurs que nous respirons en cuisinant: il s’agit également de vapeur d’eau aux arômes éventuellement exposés à des températures élevées. Est-ce correct ? (Herman Claus, Olen)

Contrairement à la fumée de cigarettes ordinaires, qui comporte des particules fines, la cigarette électronique dégage de la vapeur. C’est une sorte de brouillard composé de gouttelettes fines. Celles-ci peuvent dissoudre les substances volatiles (gaz), ce qui fait qu’on peut effectivement les inhaler. Cependant, vous n’y trouverez pas d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les produits de combustion qui se dégagent quand la viande a été trop longtemps sur le barbecue par exemple. Si la cigarette électronique fonctionne bien, il n’y a pas de combustion et il n’a encore jamais été démontré que la vapeur contiendrait des gouttelettes nocives.

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