
L’encéphalite à tiques, l’infection du randonneur susceptible d’entraîner une méningite
L’été signe le retour de certains hôtes indésirables: les tiques. Si dans la plupart des cas, leurs morsures sont inoffensives, certaines véhiculent des maladies, dont l’encéphalite à tiques, une infection susceptible d’entraîner une méningite.
Les tiques ne transmettent pas uniquement la maladie de Lyme. L’encéphalite à tiques est un virus qui peut être transmis à l’homme par la morsure d’une tique infectée. Selon Sciensano, les tiques impliquées dans la transmission en Europe sont principalement du genre appelé « ixodes ». Elles se trouvent dans des endroits ombragés couverts d’une litière épaisse ou envahis par les broussailles, les fougères, les herbes hautes. Les petits rongeurs constituent le réservoir naturel du virus.
Le virus ne se transmet pas uniquement par la morsure de tiques : la transmission est également possible par l’ingestion de lait et de produits laitiers non pasteurisés de bovins, d’ovins et de caprins infectés, met en garde Sciensano. Les risques d’infection sont les plus élevés durant la période de juin à octobre, la période d’activité des tiques.
Symptômes
Dans les deux tiers des cas, la personne mordue par une tique infectée ne présentera pas de symptômes. En cas de développement de l’encéphalite à tiques, le patient traversera généralement deux phases séparées par une période sans symptômes, une première de syndrome grippal, et une seconde de méningo-encéphalite. Sciensano estime le taux de mortalité de 0,5% à 2%. Les personnes de plus de 50 ans présentent un risque plus élevé de développer une forme sévère de la maladie, précise Tinne Lernout, médecin spécialisée en maladies infectieuses et chercheuse chez Sciensano.
Le risque de contracter la maladie en Belgique est très faible. Pour l’année 2023, l’Institut de médecine tropicale n’a diagnostiqué aucun cas. En 2022 et 2021, il a comptabilisé deux cas, en 2020 sept, et en 2019 quatre. Il s’agissait d’infections importées de Suède, d’Allemagne, d’Autriche… à l’exception de trois cas qui n’ont pas voyagé diagnostiqués en 2020, explique l’Institut.
En revanche, le risque est plus élevé en Europe centrale (Autriche, Suisse, Allemagne …), en Europe de l’Est (République tchèque, Hongrie, Pologne …), dans les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), ainsi que dans certaines régions scandinaves. En 2021, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dénombrait 2 949 cas.
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Pénurie de vaccins contre l’encéphalite à tiques
Depuis quelque temps, il est conseillé aux randonneurs ayant prévu de passer des vacances dans ces zones à risque de se faire vacciner, une recommandation suivie avec empressement qui a entraîné une pénurie temporaire en Belgique. D’après l’Agence fédérale des médicaments (AFMPS), la version adulte devrait à nouveau disponible le 21 juillet, et la version enfants le 31 juillet.
Entre-temps, l’AFMPS signale que le pharmacien a désormais la possibilité d’importer le vaccin pour les enfants sur base d’une prescription médicale et d’une déclaration du médecin. Quant à la version adultes, une dérogation a été approuvée pour l’importation en provenance des Pays-Bas.
La vaccination contre l’encéphalite à tiques se fait en trois doses: deux injections à un intervalle de 1 à 3 mois, suivies d’une troisième injection 5 à 12 mois après la deuxième dose. Au moins 2 des 3 doses de vaccin doivent être administrées avant le départ vers une région à risque. En cas d’urgence, il est possible d’appliquer un schéma de vaccination accéléré pour une réponse immunitaire rapide.
Tinne Lernout conseille aux personnes qui vont régulièrement vers des pays à risque pour y pratiquer des activités dans la nature, de commencer le schéma vaccinal pendant l’hiver, afin d’être bien protégé pour le printemps/été.
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Une transmission quasi immédiate
En l’absence de vaccination, le mieux est d’éviter les morsures de tiques. « Contrairement à la bactérie Borrelia responsable de la maladie de Lyme (qui se trouve généralement dans l’estomac de la tique et qui doit donc migrer vers les glandes salivaires), le virus de l’encéphalite à tiques se situe déjà dans les glandes salivaires et la transmission est donc quasi-immédiate. En plus de la vaccination, la prévention repose donc sur les mesures pour éviter une morsure de tique, et non l’inspection du corps en fin d’activité ou en fin de journée », explique Tinne Lernout.
Pour éviter les morsures de tiques, Sciensano conseille de rester sur les sentiers battus et d’éviter un contact direct avec les herbes hautes et les feuilles mortes. Mieux vaut aussi porter des vêtements qui couvrent le cou, les bras, et les jambes et qui sont serrés aux extrémités (mettez le pantalon dans les chaussettes ou les chaussures). L’institut de santé recommande également d’utiliser un répulsif tel que le DEET sur la peau exposée, même si « aucun produit ne protège à 100% » contre les morsures de tiques.
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