L’effet d’une vague de chaleur en temps de coronavirus: 10 questions sur la santé
Cette semaine, nous vivons la première vague de chaleur officielle de l’année en Belgique. Qu’est-ce que cela signifie pour la propagation du coronavirus ? La chaleur aggrave-t-elle les symptômes du covid? Et qu’en est-il des mesures relatives à la chaleur qui entrent en conflit avec les mesures actuelles concernant le coronavirus ?
L’année dernière, nous avons dû faire face à trois vagues de chaleur dans notre pays. Cette année, il faut attendre le mois d’août pour transpirer à grosses gouttes, bien que la pandémie de coronavirus rende cette vague de chaleur différente des autres années. Voici ce qu’il faut savoir.
Une vague de chaleur a-t-elle un effet sur la propagation du virus ?
Il semble de plus en plus que la propagation du SRAS-CoV-2 ne soit pas influencée par les conditions climatiques saisonnières comme c’est le cas pour le virus de la grippe. En témoigne la propagation actuelle du covid-19 dans le monde entier, y compris dans les climats chauds et humides. Un facteur plus important que les conditions météorologiques dans la transmissibilité du SRAS-CoV-2 est actuellement l’immunité limitée de la population contre le virus.
Le virus se réjouit également de notre comportement par temps chaud. D’une part, nous avons tendance à nous regrouper dans des salles fermées et climatisées et, d’autre part, nous prenons des trains surchargés pour nous rafraîchir à la côte. Ce sont des circonstances dans lesquelles le virus se frotte les mains. La semaine dernière il y a eu une cohue à la gare d’Ostende suite à une perturbation ferroviaire. « Ce n’est pas ainsi qu’on va y arriver, les amis », a twitté le virologue Marc Van Ranst.
Une vague de chaleur est-elle plus dangereuse lors d’une pandémie de coronavirus ?
Le stress thermique représente un fardeau supplémentaire pour le système de soins de santé, déjà très sollicité. Chez certaines personnes dont le système immunitaire est affaibli, l’immunité au covid-19 peut être encore affaiblie, ce qui les rend encore plus vulnérables au SRAS-CoV-2. Inversement, les personnes atteintes de covid-19 sont particulièrement vulnérables aux maladies liées à la chaleur.
Une inquiétude supplémentaire, c’est que les mesures de coronavirus actuelles telles que les visites limitées dans les centres de soins résidentiels et la bulle des cinq permettent moins d’alerter les plus fragiles sur l’importance de boire suffisamment et de garder leur habitation au frais. En conséquence, la vulnérabilité à la canicule augmente dans ce groupe de population.
Enfin, les travailleurs de la santé qui portent des équipements de protection individuelle sont également particulièrement vulnérables au stress thermique.
L’exposition à l’ozone aggrave-t-elle les symptômes du covid-19 ?
L’ozone (O3) est formé par l’action de la lumière UV sur la pollution atmosphérique (comme les oxydes d’azote et les hydrocarbures volatils provenant des gaz d’échappement des voitures, de l’industrie chimique et des centrales électriques) lors des journées d’été chaudes et sans vent. Plus la température de l’air et l’intensité du rayonnement solaire sont élevées, plus la réaction chimique est intense.
L’exposition à de fortes concentrations d’ozone peut provoquer des problèmes de santé aigus tels que des irritations des yeux, du nez et de la gorge, une toux sèche et une hypersensibilité des poumons, ainsi que des maux de tête, des nausées et de la fatigue.
Toute personne, y compris les personnes en bonne santé, qui fait des efforts en plein air, subit une réduction de 10 % de la fonction pulmonaire à des niveaux d’ozone élevés et court le risque d’une inflammation des voies respiratoires. L’ozone pénètre en effet profondément dans les poumons, dans les vésicules pulmonaires. La plupart des gens commencent spontanément à respirer moins profondément en réaction, ce qui réduit aussi quelque peu les symptômes.
Les personnes souffrant de maladies cardiaques et pulmonaires peuvent présenter des symptômes plus graves en raison de l’ozone. On cherche encore à savoir si cela s’applique également aux symptômes du covid-19, qui touche également le coeur et les poumons. On suppose que la population des villes/régions où les niveaux de pollution atmosphérique sont plus élevés est plus vulnérable aux symptômes covid plus graves.
Hausse de la température corporelle : s’agit-il d’un coup de chaleur ou du coronavirus?
Ne confondez pas hyperthermie (augmentation de la température corporelle due à une influence extérieure) et fièvre. Si la température du corps reste élevée après 30 minutes de repos dans un environnement frais, il peut s’agir de fièvre. Consultez immédiatement un médecin. Si la température du corps baisse et que la personne se sent mieux, il est plus probable que cela soit lié au stress thermique.
Si vous avez un coup de chaleur, il peut y avoir d’autres symptômes : respiration accélérée, rougeur de la peau, vomissements, nausées, confusion, évanouissement ou même perte de conscience.
Le virus survit-il dans l’eau et pouvez-vous vous baigner?
Bien que le virus ait déjà été trouvé dans les eaux usées, il n’y a aucune chance qu’il vous infecte lors d’une baignade. Lorsqu’il se retrouve dans de grands volumes d’eau tels que les rivières, les lacs ou la mer, le virus est dilué de telle sorte qu’il est impossible de le capter. Les piscines contiennent du chlore qui inactive le virus.
Pourtant, une telle plongée rafraîchissante n’est pas sans danger. Non pas à cause du virus lui-même, mais à cause du comportement des gens. La natation récréative attire de grands groupes sous les parasols et l’atmosphère agréable incite les gens à partager une bière au bord de l’eau. La transmission primaire de l’infection se fait toujours de personne à personne.
Devons-nous craindre l’air conditionné ?
La climatisation est citée comme étant la cause du fait qu’un pays comme l’Iran a été le premier au monde à subir la deuxième vague du coronavirus. En raison de l’immense chaleur, beaucoup d’Iraniens avaient l’habitude de se réunir près de la climatisation pendant la journée, de la même manière que nous, en Occident, nous nous retrouvons autour de la cheminée en hiver.
La plupart des systèmes de climatisation n’utilisent pas l’air frais de l’extérieur, mais prennent leur air directement de l’intérieur. Leur utilisation n’est pas recommandée dans les zones communes où plusieurs personnes sont présentes, en particulier dans les espaces confinés.
Alors, comment garder la tête et la pièce au frais ? Si vous êtes seul dans la chambre, la climatisation n’est pas un problème. La ventilation n’est pas une bonne idée pendant une vague de chaleur, car elle permet de faire entrer l’air chaud de l’extérieur. Cependant, une bonne ventilation est essentielle en période de coronavirus. Comme il y a des indications que le coronavirus se propage dans l’air, une ventilation accrue peut réduire le risque d’infection. Il est donc important de peser les avantages d’un environnement frais et fermé par rapport aux avantages d’une bonne ventilation en période de coronavirus. Dans un premier temps, veillez à ce que les pièces se réchauffent le moins possible en fermant les rideaux. Ouvrez les fenêtres dès qu’il fait plus frais à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Un masque est-il sûr par ces températures si chaudes ?
Ce n’est pas du tout confortable. Les masques buccaux obstruent la respiration, ce qui peut entraîner une sensation de claustrophobie, mais pour les personnes en bonne santé, ce n’est pas dangereux. Cependant, il existe des doutes sur la biosécurité des masques, car ils deviennent un lieu de stockage pour la contamination bactérienne due à la chaleur et à l’humidité. Oubliez les masques en tissu. Les recherches montrent qu’ils contiennent dix à vingt fois plus de bactéries que les masques chirurgicaux. Ces derniers sont légèrement plus aérés. La règle générale est la suivante : plus vous portez le masque longtemps, plus vous devez être prudent. S’adonner à une activité sportive en étant masqué est de toute façon exclu.
En temps normal, la plupart des gens aiment travailler au bureau pendant une vague de chaleur, car la climatisation permet d’éviter les températures tropicales en journée, mais maintenant que le télétravail est la norme, certains soufflent et transpirent dans leurs maisons et appartements parfois étouffants. Tout comme nous devions auparavant veiller à notre propre ergonomie, il est maintenant temps d’utiliser des méthodes de refroidissement. Heureusement, vous n’avez plus besoin de porter une chemise et une cravate au bureau à domicile et vous pouvez vous installer derrière votre PC en bikini, pour ainsi dire.
Empêchez le soleil d’entrer en fermant les rideaux et en ouvrant les fenêtres en même temps. De cette façon, vous créez une petite brise au lieu d’être enfermé dans une pièce où vous ne pouvez pas respirer. Un ventilateur mobile peut sembler la solution idéale en cas de forte chaleur, mais il ne fait que souffler de l’air chaud et faire du bruit. Si vous voulez tout de même investir dans un ventilateur, placez une bouteille d’eau congelée entre vous et le ventilateur. Cela devrait contribuer à refroidir l’air.
Prenez une douche froide de temps en temps ou mettez une serviette froide et humide dans votre cou. Un sac de pois du congélateur sur vos poignets ou sur l’arrière de vos genoux fera également des merveilles. Prenez régulièrement une gorgée d’une grande bouteille d’eau que vous mettez à côté de vous. Évitez le café ou le thé, car ils contiennent de la caféine qui déshydrate.
Enfin, dans la mesure du possible, essayez de choisir vos heures de travail à des moments où les températures ne sont pas encore au rendez-vous et détendez-vous aux moments les plus chauds de la journée. Prenez suffisamment de pauses et trouvez un endroit plus frais à l’extérieur, par exemple dans un parc.
Peut-on boire aux fontaines publiques ?
Le risque de contamination au covid-19 par l’utilisation d’une fontaine d’eau potable publique est plutôt faible. L’eau de ville est bien protégée contre le nouveau coronavirus et donc potable, mais les surfaces autour de la fontaine, y compris le bec et la poignée, peuvent présenter un risque de transmission. Une personne infectée peut laisser des particules de virus sur les surfaces de contact de la fontaine à boire, qui, dans certaines conditions, peuvent survivre sur ces surfaces. Il y a donc un risque, mais il est beaucoup plus faible que le contact direct avec une personne infectée. La transmission du nouveau coronavirus se fera généralement beaucoup plus fréquemment par des gouttelettes respiratoires que par des objets ou des matériaux.
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