Leçons de vie de la philosophie: comment Aristote nous montre la voie vers une vie heureuse
Si le philosophe grec Aristote vivait aujourd’hui, il travaillerait à temps partiel, regarderait des soaps et ne serait pas sur Facebook. C’est du moins ce que prétend Edith Hall, dont le livre » Aristotle’s way » montre la voie vers une vie heureuse.
À treize ans, Edith Hall a perdu sa foi en Dieu. Auparavant, cette fille d’un prêtre anglican n’avait qu’un but : mériter son ciel, littéralement. Mais adolescente, elle s’est un peu égarée. Pour qui devait-elle encore se comporter convenablement, s’il n’y avait pas d’être suprême pour la regarder ? Après quelques détours par l’astrologie, le bouddhisme et les inévitables guides pratiques, elle s’est retrouvée à l’Université d’Oxford et elle a découvert Aristote. Elle lui doit son salut, raconte Hall, entre-temps professeur d’études classiques au King’s College de Londres. « Grâce à Aristote, j’ai découvert un système éthique non religieux, aux arguments solides pour une bonne vie. » Hall a noté ses constatations dans « Aristotle’s way ». Ses collègues n’ont pas tous réagi de manière enthousiaste, estimant que son livre est très vulgarisant, un commentaire que Hall prend pour un compliment. « Aristote aussi trouvait important de donner des conférences publiques à côté de son travail scientifique. Toutes les après-midi, chacun était le bienvenu à son université : paysans, pêcheurs, etc. Il leur donnait des conseils éthiques : comment prendre une bonne décision, qu’est-ce que l’amitié, etc. »
Hall trouve que ces conseils sont toujours d’actualité. « La Grèce antique était extrêmement sophistiquée, la seule chose dont ils ne disposaient pas, c’est la technologie. Mais les grandes questions de la vie sont toujours les mêmes. » Le grand objectif d’Aristote était l’eudaimonia. On pourrait le traduire en bonheur, mais non dans sa version moderne et souvent superficielle. « Beaucoup de gens se qualifient d’heureux quand ils ont une grande villa et peuvent régulièrement bronzer sur la plage. C’est une forme d’hédonisme qu’Aristote n’approuve pas. Pour lui, le bonheur est un projet : il faut établir un plan de vie en fonction de ses talents. Vous êtes un cuisinier ou un jardinier fantastique ? Alors, allez-y à fond, et devenez la meilleure version de vous-même. L’aspect positif de cette philosophie c’est que chacun peut devenir heureux : même celui qui subit de gros revers peut décider d’être une bonne personne et de mener une bonne vie. »
Emploi à temps partiel
Établir un plan de vie, être une bonne personne : cela peut sembler assez flou. Mais avec un peu de bonne volonté, on peut tirer des leçons pratiques de cette oeuvre séculaire, nous montre Hall. Prenez notre équilibre vie privée : en temps de burn-out et d’accros au travail, Aristote aurait froncé les sourcils. Il trouvait le temps libre beaucoup plus important que le travail. « Il trouverait certainement qu’un emploi à temps partiel est une bonne idée », affirme Hall. « Ce n’est que pendant son temps libre qu’on peut choisir ce qu’on fait et avec qui. Regarder le football avec tout le village est parfait : cela rend heureux et cela renforce la communauté. » Aristote aimait bien l’exercice physique aussi, mais il cherchait surtout l’élargissement spirituel. Il le trouvait dans la littérature classique. « Les drames grecs peuvent sembler pédants, mais c’était la culture populaire de l’époque. Si Aristote vivait aujourd’hui, il regarderait certainement Netflix et apprécierait un soap comme EastEnders. »
En revanche, il n’aimerait pas Facebook. « Pour Aristote, l’amitié et l’affection étaient primordiales, même s’il les voyait différemment d’aujourd’hui. Sa « philia » indique la confiance mutuelle et la bonne volonté. C’est ce qu’on voit le plus dans l’amour maternel, mais d’après Aristote on peut très bien avoir ce genre de lien avec un ami. Les amis pour qui on se couperait vraiment en quatre se comptent pour Aristote sur les doigts de la main. Il trouverait absurde d’avoir 500 « amis » sur Facebook. « Finalement, Hall souligne que son livre d’adresse surtout aux parents. » Aristote donne de sages leçons sur l’éducation. Si nous voulons que les enfants trouvent le bonheur, nous devons les stimuler à découvrir leurs talents. Non en les poussant vers les leçons de violon, mais en les exposant à toutes sortes d’activités pour regarder ce qu’ils aiment. Il est également primordial que les enfants apprennent à débattre pour se défendre et percer à jour les mensonges d’autres – et certainement les politiciens. Les cours de logique élémentaire doivent faire partie de toute éducation. »
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