Le virus HMPV justifie-t-il la panique mondiale? Les avis tranchés d’Yves Van Laethem et Marc Van Ranst
Le virus HMPV provoque une vague de panique sur les réseaux sociaux, où des images d’hôpitaux chinois supposément bondés sont relayées en masse. En réalité, le métapneumovirus est connu des labos, et depuis très longtemps. Il est même présent en Belgique actuellement.
Le virus HMPV -ou métapneumovirus humain– provoque la panique en Chine… et dans le monde. Sur X, des vidéos d’hôpitaux bondés circulent en masse. Difficile, toutefois, d’authentifier la véracité de l’ensemble de ces images. Certaines pourraient dater de la période Covid. D’autres sont simplement le reflet de l’engorgement saisonnier des centres hospitaliers.
Le virus en question, en revanche, existe réellement. La Chine reste –sans surprise– discrète dans sa communication. Des rumeurs assurent que le pays aurait déclenché l’état d’urgence sanitaire. Il n’en est rien. L’OMS, de son côté, n’a pas encore pris position. Elle manque de données pertinentes.
Seul le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies a signalé une hausse des cas de syndromes pseudo-grippaux. Parmi les tests positifs, le HMPV surpasse actuellement d’autres virus comme le Covid-19 et l’adénovirus. De quoi tirer la sonnette d’alarme? Voici pourquoi l’agitation sur les réseaux sociaux est largement exagérée.
HMPV: un virus banal connu depuis 2001… et présent en Belgique chaque année
Le métapneumovirus humain est semblable au VRS, le virus respiratoire syncytial (ou bronchiolite). «En réalité, on connaît ce virus depuis 2001, cadre le virologue Marc Van Ranst (UZ Leuven). Ce virus implique des symptômes respiratoires classiques: toux, mal de gorge, fièvre. Et concerne des groupes-cibles tout aussi classiques, tels que les personnes âgées, les jeunes enfants ou les personnes qui souffrent d’autres maladies chroniques (asthme, pathologies pulmonaires ou cardiaques).»
En fait, le HMPV est aussi présent en Belgique chaque année. «Il fait partie des virus régulièrement présents lors de la saison hivernale. Normalement, le risque d’une propagation similaire au Covid est faible. Sauf dans le cas où un autre variant de ce virus éclot en Chine, analyse Marc Van Ranst. Pour le moment, les données sur cette possibilité manquent. A l’instar des autres virus respiratoires, le HMPV mute chaque année.»
En réalité, on connaît ce virus depuis 2001.
Marc Van Ranst
Il n’est même pas certain que la situation en Chine soit si exceptionnelle qu’elle n’y paraît sur les réseaux sociaux. «A priori, seules les provinces situées dans le nord du pays sont concernées, remarque le virologue. Rien d’anormal à cela, puisque la Chine connaît également sa saison hivernale propice à la propagation des virus respiratoires.»
HMPV: pas de vaccin, mais nos défenses immunitaires le connaissent
Les vaccins et les antiviraux pour le HMPV n’existent pas encore sur le marché. Ils sont en phase d’élaboration. Cette absence de traitement ne met donc pas ce virus sur le même pied d’égalité que la grippe ou le Covid.
«En revanche, étant donné que le métapneumovirus humain circule depuis de nombreuses années, la population a développé de nombreux anticorps. Ce n’est pas une nouveauté pour nos défenses immunitaires», note Marc Van Ranst.
Aucune inquiétude pour la santé publique internationale
«Ce virus, c’est une tarte à la crème, lance l’infectiologue Yves Van Laethem, président du Conseil supérieur de la Santé (CSS). Il est assez banal et n’a jamais fait l’objet d’inquiétude particulière concernant de potentielles mutations dangereuses, rassure-t-il. L’infection engendre des difficultés respiratoires pour la plupart bégnines, entre autres chez les enfants. Aucune indication ne laisse donc penser que ce virus soit problématique pour la santé publique internationale. Quelque part, c’est une non-nouvelle.»
Aucune indication ne laisse penser que ce virus soit problématique pour la santé publique internationale.
Yves Van Laethem
Le HMPV inquiète çà et là car il sévit en Chine, terre propice à des infections virales problématiques ayant créé des pandémies. «Le virus influenza et bien sûr le Covid y sont nés pour les raisons que l’on connaît: population dense, proximité avec les animaux, qui sont des amplificateurs, rappelle Yves Van Laethem. Le fait que la Chine ne nous ait jamais dit très vite toute la vérité pour le Covid renforce la vague des fake news.»
La Chine, marmite géante des virus
Cependant, le pays asiatique reste effectivement l’un des foyers les plus potentiellement prévisibles pour l’éclosion de pandémies. «La marmite dans laquelle on fait la potion magique des virus est plus importante en Chine que dans les autres pays, sourit Van Laethem. Après le Covid, se souvient-il, une alerte similaire émanant de Chine s’est finalement révélée être un mycoplasma pneumoniae. La présence de cette bactérie parasite avait été fortement réduite avec le port du masque et les confinements successifs.»
Et les hôpitaux supposément bondés, alors? «Que ces images soient vraies ou non, peu importe. On sait que les centres hospitaliers sont remplis lors de chaque saison hivernale.» Cela semble clair: le HMPV ne risque pas de nous mettre à l’amende.
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