Le vélo électrique est-il bon pour la santé ?
Les ventes de vélo électrique ont explosé en Wallonie et à Bruxelles. Il doit sa popularité au fait qu’il permet d’être actif sans trop transpirer. Mais est-ce vraiment encore de l’exercice ? La réponse risque de décevoir les adeptes.
On estime qu’un vélo sur cinq vendu en Europe est un vélo électrique et que ce chiffre va encore augmenter pour atteindre bientôt un vélo sur deux. Cette année, la vente des vélos électriques, aussi appelés VAE, a connu une progression de 52 % puisque 22 millions d’exemplaires ont été vendus en Europe en 2020. 35% des vélos électriques qui ont été vendus en 2020 sont des vélos de villes et 30% des VTT.
Selon une étude de la Confédération européenne de l’industrie du vélo de juillet 2021, en Belgique, le vélo électrique est particulièrement populaire puisqu’on y aurait vendu 240.000 vélos de ce type. Ce qui la place au cinquième rang européen après l’Italie, la France et les Pays-Bas. Le pays où l’on trouve le plus de vélo reste l’Allemagne avec près de deux millions d’unités vendues sur un total de 4.5 millions en Europe.
Le vélo électrique gagne du terrain à Bruxelles et en Wallonie
Le vélo ne semble plus non plus cantonné à la Flandre puisqu’il séduit de plus en plus de Wallons et de Bruxellois, d’après une nouvelle enquête de l’Institut pour la sécurité routière Vias, publiée mercredi. La crise sanitaire a vraisemblablement accéléré le mouvement au sud du pays, bien que le prix médian d’un vélo avoisine les 2600 euros, puisque 40% des Wallons et 47% des Bruxellois qui circulent avec un vélo électrique l’utilisent depuis moins d’un an, souligne Vias. En Flandre, plus d’un utilisateur sur trois roule avec un modèle électrique depuis plus de trois ans. Si le vélo électrique traditionnel reste le plus populaire en Belgique, d’importantes disparités existent entre les régions. Ainsi, le vélo électrique traditionnel représente 80% des modèles utilisés en Flandre, mais seulement 46% en Wallonie et à Bruxelles.
Dans ces deux régions, le vélo électrique pliant connaît un grand succès: 21% des utilisateurs en Wallonie et 17% à Bruxelles, contre 8% en Flandre. Les Wallons semblent également friands des VTT électriques (11% des utilisateurs), alors que ces modèles sont quasi absents des marchés flamand (2%) et bruxellois (4%).
Même phénomène pour les vélos cargos, nettement plus présents en Wallonie et à Bruxelles (9%) qu’en Flandre (1%).
Surtout pour les loisirs, pour l’instant
Dans les trois régions, les amateurs de vélo électrique l’utilisent le plus souvent dans le cadre de leurs loisirs (76%), souligne Vias. Seuls 30% l’enfourchent pour se rendre au travail. Les Bruxellois semblent les plus nombreux à le faire (36%), suivis des Flamands (29%) et des Wallons (27%). En moyenne, un utilisateur de vélo électrique sur 6 (16%) a déjà eu un accident avec un autre usager. Les accidents sont cependant trois fois plus nombreux en Wallonie (33%) qu’en Flandre (10%), tandis qu’à Bruxelles, un utilisateur de vélo électrique sur quatre a déjà eu un accident. Pour Vias, ces chiffres montrent « l’importance d’investir dans des infrastructures sûres où chacun peut trouver sa place ».
En Wallonie on affiche l’ambition de faire du vélo un moyen de transport et plus seulement de loisir. D’autant plus qu’avec l’assistance électrique, le relief n’est plus un frein. Le but est de multiplier son usage par 5 d’ici 2030. Et pour y parvenir, des corridors pour vélo vont être développés à l’image des « fietssnelwegen » qu’on trouve en Flandre ou des « cyclostrades » bruxelloises. Selon Joachim Romain, conseiller mobilité douce auprès du ministre wallon de la Mobilité, cinq axes vélos ont pour le moment été identifiés pour accéder à la capitale et deux sont désormais prioritaires. Le premier est une liaison entre Louvain-la-Neuve et Bruxelles qui suivrait la E411 entre Rosières et Louvain-la-Neuve. L’autre suivrait la N275, et relierait la Flandre à Ottignies, en passant par La Hulpe et Rixensart dit encore La Libre. 25 millions d’euros seront attribués par le gouvernement wallon à ces corridors vélos. La ville de Liège prévoit elle aussi 15 corridors depuis la périphérie jusqu’au centre-ville.
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Est-ce encore du sport ?
Si son utilité comme moyen de transport est évidente, il n’en va pas de même pour l’aspect sportif. Nombreux sont ceux qui se demande si en roulant avec un vélo électrique, ils font encore vraiment du vélo. Pour les puristes, la réponse est limpide (non) , pour les adeptes de l’assistance aussi (oui). Qu’en est-il réellement ? Le journal néerlandais AD a décidé d’en savoir plus en utilisant un vélo normal, un vélo électrique et des scientifiques de l’université de Twente. Le journaliste Joost Dijkgraaf, équipé de différents appareils de mesure, a pédalé la même distance à la même vitesse (21-22 km/h) dans un environnement contrôlé avec un vélo électrique en mode turbo, en mode tour et avec un vélo de ville. Chaque trajet durait 15 minutes, suivi d’une pause de 10 minutes. Lors du trajet il s’est arrêté et a redémarré 5 fois et parcouru 3 fois une colline. À titre de comparaison, il a également fait le même trajet avec un scooter électrique.
Il en est ressorti qu’une fois en mouvement sur un vélo électrique en mode turbo, la consommation d’énergie chute pour devenir presque inexistante. Un quart d’heure de shopping coûte plus d’énergie qu’un quart d’heure de vélo électrique avec l’assistance au maximum. Un homme adulte brûle 75 kilocalories pendant un quart d’heure de courses et seulement 65 lorsqu’il est en mode turbo sur son VAE. On notera que le rythme cardiaque monte tout de même un peu au démarrage de la bicyclette et pendant la simulation des feux de circulation.
En mode randonnée, on brûle un peu plus de calories et on a un rythme de cinq battements plus élevé en moyenne. Tous les paramètres affichent 20 % de plus et l’exercice est à peine plus ardu. Sur le vélo normal, par contre, on ressent directement l’effort au point d’avoir l’impression de rouler avec un pneu crevé. La dépense de calories va être deux fois supérieure à celle du trajet en mode turbo et un tiers de plus qu’avec l’assistance plus légère.
S’il ne s’agit pas d’une expérience scientifique, l’expérience montre tout de même que croire que l’on fait de l’exercice lorsqu’on roule à vélo avec l’assistance électrique mise à fond est un leurre. S’il n’est d’aucune aide pour améliorer la condition physique, c’est par contre toujours mieux que le scooter électrique, puisqu’avec ce mode de transport la consommation d’énergie est encore plus basse puisqu’elle passe à 28 calories.
En conclusion : sur un vélo électrique en mode turbo, vous faites deux fois moins d’efforts que sur un vélo normal, mais toujours deux fois plus que si vous êtes assis sur un scooter. Le VAE permet donc surtout de se déplacer facilement et plus rapidement. De quoi, par exemple, convaincre pour l’utiliser pour se rendre au travail. Dans les régions montagneuses aussi il a permis de faire redécouvrir les balades à vélo à ceux que les côtes et les faux plats décourageaient.
L’importance de bien choisir son assistance électrique
Pour savoir l’effort qu’il faut fournir malgré l’assistance électrique, il faut regarder la puissance de couple, exprimée en Newton par mètre. Il s’agit d’une norme. Si c’est moins de 45 Nm, notre VAE va avoir besoin de puissance musculaire. Si c’est plus 45 Nm, cela ne demandera qu’un peu d’effort dans les montées et si ça dépasse les 60 vous pouvez attaquer n’importe quel dénivelé en sifflotant ou presque. Sachez aussi qu’un moteur à l’arrière offre généralement plus de puissance et abîme moins le mécanisme électrique et qu’un moteur central, dans l’axe des pédales, permet de mieux suivre l’effort et un moteur plus puissant. On évitera par contre le moteur à l’avant.
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