Le snus, ce tabac buccal venu de Suède: un produit à la mode qui n’est pas sans danger

Le snus, ce petits sachet de tabac à placer sur la gencive, rencontre un succès grandissant chez les jeunes. Sa commercialisation et ses effets sur la santé interrogent.

Tout droit venu du Nord de l’Europe, le snus commence à s’installer en Belgique. Ce tabac buccal est principalement consommé par les jeunes cherchant à s’amuser en soirées et à se détendre avec un produit doux. Est-ce toutefois légal de s’en procurer, et surtout, quels sont les risques pour la santé ?

Qu’est-ce que le snus, et quels sont ses effets?

Le snus, c’est du tabac qui a été chauffé puis mélangé avec de l’eau et du sel. Cela donne une pâte humide, qui peut ensuite être aromatisée avec différents goûts. Le petit sachet formé peut ensuite être calé entre la lèvre et la gencive. Il est censé délivrer un goût agréable et procurer des effets relaxants.

La dose de nicotine du snus est équivalente à celle de plusieurs cigarettes – entre 3 et 8 selon le produit acheté. Les effets procurés surviennent rapidement, soit une baisse du stress et une détente musculaire apportant un sentiment de bien-être.

« J’en prends uniquement lorsque je vais en boîte de nuit, explique Arnaud*, étudiant et consommateur occasionnel. Ça te permet de planer une quinzaine de minutes. On se sent plus léger avec des effets moins longs que l’alcool. »

« Il y a peu, c’était quelque chose de très marginal », confie Nicolas, jeune travailleur et consommateur hebdomadaire. « Aujourd’hui, je vois que de plus en plus de personnes en consomment. C’est comparable à l’effet que procure l’inhalation d’une bouffée de cannabis, ça ne dure que quelques minutes. La plupart des gens en prennent uniquement pour faire la fête : quelqu’un ramène une petite boîte en soirée et distribue des doses à ses potes. »

Confusion entre snus avec et sans tabac

Le snus est interdit à la vente dans tous les pays de l’Union européenne depuis 1992 à l’exception de la Suède, de la Norvège et de la Suisse, qui a autorisé sa commercialisation en 2019. Ces petits sachets buccaux sont originaires des pays nordiques, où ils sont extrêmement populaires.

« J’en ai pris durant mon Erasmus en Norvège », raconte Laura*, ancienne consommatrice occasionnelle. « L’alcool étant très cher là-bas, le snus est un bon complément pour s’amuser en soirée sans se ruiner. On en prend généralement deux ou trois par soirée. Les Norvégiens consomment ça fréquemment, c’est normalisé. Il y a des bars à snus, une cinquantaine de goûts différents, avec des niveaux d’effets qui varient.« 

La Suède est le principal fournisseur du produit en Europe. « C’est un ami qui m’en ramène de là-bas« , confie Arnaud. « Avant, je passais par des sites internet scandinaves pour en acheter », explique quant à lui Nicolas. « Une fois sur deux, les colis étaient détruits par la douane belge, vu que c’est illégal. »

En Belgique, on peut trouver dans le commerce du snus avec nicotine mais sans tabac. « Les fournisseurs profitent du flou qui existe, en présentant ces produits comme du snus scandinave », explique Adrien Meunier, tabacologue à l’hôpital de la Citadelle à Liège. « Les consommateurs ne savent pas exactement ce qu’ils achètent. Le tabac étant remplacé par un mélange de celluloses végétales, il ne présente pas les dangers du tabac. La dépendance à la nicotine reste toutefois bien présente. »

Addiction et risques pour la santé

Certains se tournent vers le snus comme source plus saine de nicotine. « Je l’ai toujours vu comme un substitut à la cigarette qui cause moins de dégâts« , explique Jonathan, consommateur depuis plusieurs années. Mais ces sachets sont-ils réellement moins dangereux pour la santé ?

« La Suède présente pratiquement le taux de cancer du poumon le plus faible au monde, explique le tabacologue Marc Moers. C’est notamment dû au fait que la population consomme du snus plutôt que la cigarette. On n’a pas les effets nocifs de la combustion, qui génère du monoxyde de carbone et du goudron brûlé. »

Toutefois, s’il est moins toxique, le snus reste un produit dangereux. « Ce produit peut créer des pathologies, des cancers ainsi que des problèmes intestinaux ou dentaires« , avance Marc Moers. « Même dans le snus sans tabac, il y a de la nicotine qui augmente les risques cardio-vasculaires. Les additifs présents dans les parfums, placés sous la lèvre pendant de longues heures, pourraient aussi causer des problèmes sur le long terme. »

Adrien Meunier confirme : « Le snus étant un produit irritant, il y a des risques de lésions bucco-dentaires et de réactions de la gencive. En consommer augmente aussi les risques de cancer pour la bouche, le pharynx et le pancréas. »

Autre risque : la dépendance. « Si on consomme du snus, il y a un risque de dépendance accrue à la nicotine« , continue Adrien Meunier. « Le snus sans tabac peut être une porte d’entrée vers le tabagisme. Les entreprises proposent des arômes attrayants à destination des plus jeunes, ils pourraient ensuite être tentés de passer à la cigarette, qui est plus nocive. »

« Le snus a un effet pervers, regrette Jonathan. Comme on peut juste mettre le sachet dans sa bouche, c’est comme si on avait la possibilité de fumer à n’importe quel moment. On a donc tendance a en prendre plus facilement qu’une cigarette, et à s’habituer ainsi à une dose plus forte de nicotine. »

* Certains noms ont été modifiés.

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