Le Covid a amplifié les angoisses des mères à propos de l’accouchement
La crise sanitaire du Covid-19 a mené à une exacerbation des peurs et angoisses des mères vis-à-vis de l’accouchement, ressort-il d’une enquête menée par la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée, publiée vendredi. Protocoles sanitaires, craintes d’être séparée du co-parent… Mener à terme sa grossesse sereinement n’était pas chose aisée avec le coronavirus.
Avec l’aide financière de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la plateforme a mené l’enquête, en ligne, entre le 4 juin et le 18 juillet derniers. Y ont répondu 4.226 femmes de plus de 18 ans ayant accouché en Wallonie ou à Bruxelles entre le 1er janvier 2019 et le 18 juillet 2021.
Le but était non seulement de donner la parole aux femmes, peu entendue, mais aussi de mettre le doigt sur l’impact que la crise sanitaire a pu avoir sur l’expérience de l’accouchement. Il en ressort que le Covid-19 a exacerbé les peurs et angoisses des mères. Ainsi, 70% des femmes qui ont accouché avant le 18 mars 2020 ont exprimé des peurs, une proportion qui monte à 87,6% pour celles ayant accouché pendant le premier confinement. Les chiffres redescendent ensuite peu à peu au fil de l’épidémie (83% ont eu peur au premier déconfinement, 79% au deuxième confinement et 75% au deuxième déconfinement). Globalement, 77,5% ont ressenti de la peur à propos de leur accouchement.
Plusieurs types de peurs avaient été proposés dans le questionnaire: avoir une épisiotomie, ne pas avoir la péridurale, séparation du coparent pendant l’accouchement… Les femmes ont aussi eu peur d’être séparées de leur progéniture, en cas d’infection au Covid-19. L’éventuelle obligation du port du masque pendant l’accouchement a angoissé les mères, qui craignaient de ne pas réussir à respirer correctement pendant l’effort.
Les protocoles sanitaires annoncés par les maternités ont aussi inquiété les mères, celles-ci redoutant surtout d’être séparées du coparent pendant l’accouchement. « Pourtant, dans les faits, cette séparation a été peu pratiquée », relève la plateforme. Les femmes ayant accouché au début de la pandémie ont témoigné plus souvent d’un manque de soutien que les autres, certaines pointant un manque de cohérence dans les règles avec le père qui pouvait être présent un jour et était interdit d’entrée le lendemain.
Le Covid-19 a eu aussi pour conséquence de réduire le temps passé en maternité. Les mères souhaitaient en effet plus souvent rentrer plus vite chez elles, craignant d’être contaminée en milieu hospitalier, refroidies par l’ambiance des hôpitaux ou encore supportant difficilement la séparation des proches, interdits de visite à l’hôpital.
Le coronavirus a aussi eu un impact sur les visites à domicile, recommandées après l’accouchement. Si presque toutes les répondantes à l’enquête en ont bénéficié, la plateforme souligne qu’au cours du premier confinement, seules 6% des femmes ont reçu la visite de l’ONE. Les autres se sont tournées vers une sage-femme indépendante ou une autre professionnelle. Or, les femmes plus précarisées – sous-représentées dans l’échantillon de l’étude – ont pu être plus durement touchées, elles qui se tournent davantage vers l’ONE. « Si elles n’ont pas eu les ressources nécessaires pour faire appel à d’autres prestataires, il est possible qu’elles n’aient tout simplement pas eu de visite à domicile », analyse la plateforme.
Si toutes les femmes ont dû se soumettre à un test Covid-19 à leur arrivée à l’hôpital, l’organisme remarque que le protocole sanitaire des maternités n’a été adapté au résultat négatif que dans 40% des cas. « Certaines pratiques instaurées pour le premier confinement se sont maintenues dans le temps malgré l’évolution des connaissances, la disponibilité des masques, des tests PCR et de la vaccination », regrette l’étude. En outre, 18 répondantes ont expliqué avoir dû effectuer un scanner pulmonaire, pour détecter le Covid-19. Or, réaliser cet examen médical lors d’une grossesse augmente le risque d’avoir un cancer du sein, alerte la plateforme.
Cette dernière recommande de mieux prendre en compte, à l’avenir, l’impact de la crise sanitaire sur les femmes, en communiquant mieux les protocoles imposés. « Il faut veiller à l’impact psychologique sur les mères et le développement de l’enfant. Notamment le fait qu’elles ont vécu plus de peurs, qu’elles se sont senties plus isolées… », préconise la plateforme, conseillant notamment de mettre en place des groupes de parole et des formations du personnel de santé.