Le côté obscur des boosters: notre système immunitaire peut-il s’épuiser à force d’être trop sollicité ?
Si la piqûre de rappel, le booster, vient seulement d’être administrée à de nombreux Belges, de nombreux pays en sont déjà à leur quatrième dose. Le booster répété est-il la bonne approche ?
Nous entrons dans la troisième année de la pandémie, mais le Covid est encore là, et bien là. Les experts ne doutent plus guère du fait que le Covid et ses variants resteront parmi nous. La question est de savoir sous quelle forme et si on doit l’endiguer. Par exemple, est-ce qu’on devra enchainer les boosters ? La population n’y est pas franchement favorable et la communauté scientifique est également divisée sur cette question. De nombreux scientifiques ne sont pas favorables à une stratégie de relance continue du vaccin. Comme la quantité d’anticorps diminue rapidement et que les rappels devraient se succéder tous les trois ou quatre mois, cette solution n’est pas viable à long terme. À titre de comparaison, pendant que l’Europe et l’Amérique du Nord discutent de l’opportunité de déployer la quatrième injection, seuls 10 % des Africains ont reçu une vaccination de base, ce qui donne encore au virus une chance de se propager et de muter.
Dans notre pays, le Haut Conseil de la santé devrait se prononcer cette semaine sur la question d’une quatrième injection pour les personnes souffrant de troubles sous-jacents et les résidents des centres de soins résidentiels. Si l’avis est positif, les personnes atteintes de troubles immunitaires pourraient être invitées dès la deuxième quinzaine de janvier. La question de savoir si l’on va proposer cette quatrième dose à l’ensemble de la population n’est pas encore sur la table.
Système immunitaire surchargé
Plutôt que de répéter les doses, les experts estiment qu’il serait plus avantageux de mettre au point de meilleurs vaccins qui seraient non seulement capables de prévenir les maladies graves et les décès, mais aussi d’arrêter la propagation du virus et de susciter une forte réponse du système immunitaire, réduisant ainsi la nécessité de piqûre de rappels répétés. Les meilleurs vaccins qui ont une efficacité plus longue présentent un autre avantage. Ils doivent être administrés moins souvent et permettre au système immunitaire de se reposer. Selon l’Agence européenne des médicaments EMA, un rappel tous les quatre mois pourrait en effet » surcharger » le système immunitaire. Il y a alors un risque que le système immunitaire ne réagisse plus correctement. Debbie van Baarle, professeur d’immunologie à l’UMC Groningen, effectue des recherches sur l’immunité des cellules T et les vaccinations. Elle met également en garde contre un suivi trop rapide des rappels : « Cela peut entraîner une paralysie des cellules T », déclare-t-elle dans De Volkskrant. Le nombre d’anticorps continue d’augmenter, mais le nombre de lymphocytes T actifs peut diminuer. M. Van Baarle compare ce phénomène aux infections virales chroniques telles que le VIH, qui stimulent constamment le système immunitaire. À un certain moment, la réponse des cellules T s’épuise. Néanmoins, selon d’autres scientifiques, la comparaison entre le VIH et les vaccins ne tient pas, car on ne se fait pas vacciner tous les jours. Nous sommes régulièrement exposés à des agents pathogènes, mais cela n’épuise pas non plus nos cellules T. Quoi qu’il en soit, nous ne savons toujours pas grand-chose de l’immunité des cellules T, mais il ne fait aucun doute qu’elles jouent un rôle important dans cette pandémie.
Un autre inconvénient possible des « boosters » est l’effet Hoskins (ou « péché originel antigénique »), soit la propension du système immunitaire du corps humain à utiliser préférentiellement la mémoire immunologique basée sur une infection antérieure quand il rencontre un nouveau virus qui n’est que légèrement différent. Cette empreinte immunologique permet parfois une réponse rapide, mais elle piège aussi parfois le système immunitaire car celui-ci risque d’envoyer une réponse immunitaire pas suffisamment efficace car pas totalement adaptée au nouveau virus. Par exemple, une réponse corporelle à la grippe qui se concentrerait sur les virus de la grippe infantile. En se renforçant de manière répétée avec les premiers vaccins (ceux contre la souche de Wuhan), nos corps commenceraient à affiner leur résistance contre cette souche originale. La réponse de notre corps finirait par être tellement « spécialisée » contre cette même souche que nous pourrions devenir moins résistants aux variantes à long terme. Cependant, il n’est pas certain que ce phénomène s’applique également au covid et à ses vaccins.
Une stratégie à long terme ?
Quelle est donc la solution ? La propagation rapide du variant Omicron, très contagieux, pourrait agir comme un « booster naturel », de nombreuses personnes développant une résistance naturelle. Cela pourrait conduire au passage de la phase épidémique de la pandémie à une situation endémique. Dans une situation endémique, les rappels pourraient ne plus être nécessaires. On peut aussi envisager un tir au début de chaque saison d’hiver. Le virologue Steven Van Gucht estime dans Knack qu’à l’avenir, les personnes vulnérables recevront une nouvelle injection annuelle d’un vaccin covid (modifié), comme pour le vaccin contre la grippe. Plusieurs sociétés pharmaceutiques travaillent même sur un vaccin combiné contre le covid et la grippe. Néanmoins, la meilleure option serait un vaccin universel. Il s’agit d’un vaccin à large spectre qui agit contre tous les coronavirus, y compris ceux que nous ne connaissons pas encore. Les coronavirus utilisent la fameuse protéine spike pour infecter les cellules. En incluant autant d’éléments que possible de ces variantes de protéines spike dans le vaccin, celui-ci serait actif contre différents virus. Malheureusement ce vaccin n’est pas encore disponible et ne le sera pas avant un certain temps.
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