Le coronavirus transmis dans l’air ? Des scientifiques appellent au principe de précaution
« Il est temps de s’occuper de la transmission aérienne du Covid-19 », écrivent 239 scientifiques internationaux dans un article appelant les autorités de santé de la planète et en particulier l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à recommander activement l’aération des espaces publics intérieurs.
A ce jour, l’OMS et d’autres autorités de santé, dont celles des Etats-Unis, estiment que le coronavirus responsable de la maladie du Covid-19 est principalement transmis par des gouttelettes projetées par la toux, l’éternuement et la parole directement sur le visage de personnes à proximité, ou présentes sur des surfaces où elles peuvent survivre des heures ou des jours.
Mais plusieurs études, sur le virus SARS-CoV-2 et d’autres virus respiratoires, ont mis en évidence que des particules virales présentes à l’intérieur de microgouttelettes dans l’air expiré par une personne infectée pouvaient rester en suspension dans l’air en intérieur, potentiellement plusieurs heures, où elles pourraient ensuite être inspirées par d’autres. Il n’est pas encore prouvé que ces particules peuvent provoquer des infections, mais les indices s’accumulent.
« Nous appelons la communauté médicale et les organismes nationaux et internationaux compétents à reconnaître le potentiel de transmission aérienne du Covid-19 », écrivent dans la revue Clinical Infectious Diseases d’Oxford deux scientifiques, Lidia Morawska de l’université de Queensland et Donald Milton de l’université du Maryland, dans un article auquel ont contribué ou que soutiennent 237 autres signataires déclarés à la fin.
« Il existe un potentiel important de risque d’inhalation de virus contenus dans des gouttelettes respiratoires microscopiques (microgouttelettes) à des distances courtes et moyennes (jusqu’à plusieurs mètres, de l’ordre de l’échelle d’un pièce), et nous promouvons le recours à des mesures préventives pour empêcher cette voie de transmission aérienne », poursuivent-ils.
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En priorité, il faut mieux ventiler les lieux de travail, les écoles, les hôpitaux et maisons de retraite, et installer des outils de lutte contre les infections tels que des filtrations de l’air de haut niveau et des rayons ultraviolets spéciaux qui tuent les microbes.
Ces recommandations sont souvent peu coûteuses, arguent-ils, comme d’ouvrir portes et fenêtres; mais dans les consignes sanitaires actuelles, la priorité reste donnée au lavage de mains, aux masques et à la distanciation physique.
« La transmission par l’air de SARS-CoV-2 n’est pas universellement acceptée; mais notre opinion collective est qu’il existe bien assez d’éléments probants pour appliquer le principe de précaution », disent les scientifiques.
L’OMS fait la distinction entre les virus transmis par l’air, comme la rougeole, et les autres, mais « ce n’est pas un problème de dichotomie », dit à l’AFP l’une des signataires, la professeure Caroline Duchaine, directrice du laboratoire sur les bioaérosols à l’université de Laval au Québec.
« On fait une erreur si on fait une opposition entre la transmission par des virus comme la rougeole et par la Covid-19 », dit-elle.
Pour le coronavirus, « ce n’est certainement pas le mode de transmission principal », mais si on veut appliquer le principe de précaution, « il faut ajouter le contrôle de l’air » à l’arsenal sanitaire, insiste la professeure Duchaine.
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