Le cancer, un moteur de changement?
Un cancer du sein bouleverse notre vie mais souvent aussi nos habitudes. Pour beaucoup, la maladie est le déclic pour adopter une alimentation plus saine et bouger plus. Tant mieux, car des études scientifiques démontrent que ces bonnes habitudes contribuent à prévenir les rechutes et à améliorer les chances de survie.
On estime que le mode de vie joue un rôle dans environ un tiers des cancers. Si les effets du tabagisme sont bien connus, il ne faut pas sous-estimer ceux de l’alimentation et de l’activité physique sur le risque global de cancer. D’après des études de population à grande échelle, une alimentation saine – incluant notamment les 5 portions de fruits et légumes quotidiennes préconisées – abaisse le risque de la plupart des cancers, y compris celui du sein. Pratiquer au moins 150 minutes hebdomadaires d’activité physique modérée à intense contribue également à mitiger le danger. Pourtant, même bien informées, bien rares sont les personnes qui sont prêtes à changer leurs habitudes pour limiter leur risque de cancer.
Face au cancer du sein, vous n’êtes pas seul(e)s!
En Belgique, plus de 10.000 femmes et une poignée d’hommes reçoivent chaque année le diagnostic de cancer du sein. Bien que ce chiffre ait diminué de 14% en 2020, après la suspension des programmes de dépistage, notre pays reste dans le haut du classement. L’asbl Pink Ribbon est surtout connue pour ses activités de sensibilisation au cancer du sein, mais elle joue aussi un rôle crucial pour soutenir et financer les soins et l’encadrement après le traitement proprement dit. Pink Ribbon a d’ailleurs soutenu la création d’une plateforme librement accessible, qui rassemble toute l’information à ce sujet (www.family-hope.eu).
Manger mieux
Les personnes qui ont déjà combattu la maladie, en revanche, sont plus motivées à vivre plus sainement. Selon une enquête finlandaise auprès de 123 patientes, un tiers des femmes atteintes d’un cancer du sein déclarent ainsi vouloir manger mieux pour accroître leurs chances de survie en consommant plus de fruits et de légumes et en limitant graisses et viande rouge. Une récente étude norvégienne portant sur 506 femmes atteintes de ce même cancer confirme ces bonnes intentions, tout en pointant le fossé avec la réalité: si l’envie y est, elles n’y parviennent pas toujours et tendent parfois à retomber dans leurs vieilles habitudes. Pourtant, les études scientifiques prouvent qu’une alimentation saine améliore les chances de survie après un diagnostic de cancer du sein. Pas besoin de suivre un régime spécifique, les bases de l’alimentation saine suffisent: cinq portions de fruits et légumes par jour, limiter les graisses saturées, du poisson une fois par semaine, remplacer plus souvent la viande rouge par de la volaille et modérer sa consommation d’alcool. La prise de poids qui accompagne parfois les traitements hormonaux est une bonne raison supplémentaire de ne pas manger n’importe quoi.
Au contraire, l’impact de la prise de suppléments de vitamines et de minéraux sur la survie n’est pas clairement établi, mais les bénéfices d’une alimentation saine seront toujours supérieurs. Et ne vous privez pas d’un petit verre de temps en temps: une consommation d’alcool limitée n’influence pas les chances de survie.
Bouger davantage
Un exercice physique régulier est plus salutaire encore pour les personnes qui ont souffert d’un cancer du sein. D’après une étude de revue réalisée au Canada, faire régulièrement de la marche, du vélo ou tout autre sport abaisserait même le risque de rechute de 40%! A condition du moins de totaliser au moins 150 minutes par semaine d’activité modérée (provoquant une légère augmentation du pouls et un peu de transpiration). Faire du lèche-vitrine n’est donc pas du sport, contrairement à une marche d’un bon pas. Si aucun sport ne vous tente, la marche est sans doute le meilleur choix en tant que patiente.
De nombreuses études l’ont démontré: les personnes actives courent un risque moindre de décès prématuré par cancer ou maladie cardiovasculaire, tandis que la sédentarité mène souvent au surpoids ou au diabète notamment. Chez les patientes atteintes d’un cancer du sein, bouger accélère aussi le rétablissement et limite les risques de rechute. Ce phénomène n’est pas encore clairement expliqué, mais toutes les grandes études s’accordent en ce sens.
Des chercheurs canadiens ont passé en revue les études portant sur l’impact du mode de vie (tabagisme, consommation d’alcool, poids, alimentation, activité sportive…) sur les femmes ayant souffert d’un cancer du sein. Il en ressort que l’activité physique est le meilleur des remèdes pour réduire leur risque de rechute: chez celles qui font chaque semaine au moins 150 minutes d’exercice d’intensité modérée, le risque de décéder des suites de la maladie diminue de 40%. Cette activité peut prendre la forme de 30 minutes de marche à un bon rythme cinq fois par semaine, ou de longues promenades le week-end et de plus courtes en semaine. Il faut que l’effort soit suffisamment intense pour provoquer une légère transpiration et une augmentation du rythme cardiaque. Le lèche-vitrine ou le trajet de votre bureau à la machine à café ne comptent donc pas!
L’activité physique influence davantage la guérison et le risque de rechute qu’une alimentation saine et une consommation d’alcool modérée. Néanmoins, on sait que de longues balades pendant ou après un traitement contre le cancer peuvent être très difficiles, en particulier quand s’invitent la fatigue, le lymphoedème et autres plaintes. Il peut donc être judicieux de faire appel à un coach pour se faire encadrer…
Améliorer sa résilience
Les recherches concluent généralement aussi à un effet bénéfique de l’activité physique sur la santé mentale. Près d’une cinquantaine de travaux ont ainsi observé qu’elle réduisait le risque de dépression. Une autre étude de suivi à très grande échelle, incluant plus de 1,2 million d’adultes américains, confirme que bouger 3 à 5 fois par semaine durant 30 à 45 minutes améliore clairement le bien-être psychologique. Cet effet est comparable quelles que soient la discipline choisie ou l’intensité de l’effort: se promener booste aussi bien le mental que le jogging ou le vélo!
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