Boire un café en fin de journée ne produit pas le même effet chez tout le monde. © Getty Images

Dites, docteur… le café empêche-t-il vraiment de dormir?

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

– Un petit café?

– Oui, mais un déca…

La question départage généralement ceux qui craignent qu’un petit expresso en fin de dîner ne les fasse se retourner comme des possédés toute la nuit, et ceux que la caféine n’empêchera pas de sombrer vers les bras de Morphée. C’est un fait : la tasse de café ne produit pas le même effet d’un individu à l’autre.

La caféine, un alcaloïde de la famille des méthylxanthines, est la substance psychoactive la plus consommée au monde. Une fois ingérée, elle est absorbée par l’intestin et passe rapidement dans le sang. Il ne faut pas plus de cinq minutes pour que les premiers effets se fassent sentir. Elle agit sur le cerveau mais aussi sur d’autres organes, le cœur notamment.

Son action stimulante sur le cerveau atteint son apogée entre une demi-heure et une heure après la première gorgée. Au bout de quatre heures seulement, l’organisme a métabolisé la moitié de la quantité ingérée. Mieux vaut donc espacer les tasses pour éviter un effet cumulatif. Chez la femme enceinte, on observe une chute de la production de l’enzyme qui dégrade la caféine. Elle reste donc plus longtemps dans l’organisme. Chez le fœtus, cette enzyme n’est pas encore exprimée. C’est la raison pour laquelle on déconseille aux femmes enceintes d’en consommer, du moins en grande quantité.

Les effets du café sur notre organisme sont multiples. Certaines sont avérés, d’autres toujours en recherche, comme sa capacité à ralentir la dégradation de la mémoire dans la maladie d’Alzheimer, par exemple.

Ce qui est certain, c’est que le café agit comme un stimulant qui accélère le fonctionnement du système nerveux. Il aide également à mieux exécuter des tâches cognitives simples en cas de fatigue, ainsi que des tâches physiques lorsque celles-ci demandent une certaine endurance. Il n’est cependant pas un bon allié pour l’exécution de tâches de précision demandant une grande dextérité, en raison de l’agitation et des éventuels tremblements qu’il provoque.

Egalement présente dans le thé, le chocolat, certains médicaments et boissons énergisantes, la caféine perturbe les cycles du repos. Une méta-analyse a mis en évidence le fait que ses molécules peuvent affecter une phase cruciale de notre sommeil, celle du sommeil lent profond.

Elle confirme aussi que la caféine prolonge généralement la latence d’endormissement (NDLR: qui est de 10 à 20 minutes pour un individu dans des conditions normales), qu’elle réduit la durée totale du sommeil, ainsi que son efficacité. Elle détériore également la qualité perçue du sommeil. En ce qui concerne la réactivité individuelle à la caféine, il apparaît que les personnes âgées y sont plus sensibles que les adultes plus jeunes.

Ces derniers montrent également des différences selon qu’ils présentent l’une ou l’autre version d’un gène particulier impliqué dans la neurotransmission et la métabolisation de l’adénosine, un messager chimique régulateur du sommeil naturellement présent dans le cerveau. Produit lors de l’éveil, son accumulation favorise le sommeil. L’adénosine inhibe progressivement le fonctionnement cérébral jusqu’au déclenchement du sommeil et finit par être éliminée au cours de la nuit.

Or, le café a la capacité de bloquer l’action de l’adénosine en se fixant sur les récepteurs situés à la surface du neurone, ce qui a pour effet de brouiller le message «sommeil». Maintenu en éveil, l’organisme continue à fonctionner jusqu’à ce que l’effet du dernier expresso se dissipe.

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