Crèmes, huiles, sprays… quelle protection solaire choisir? © Getty Images

L’arnaque du « spécial visage », les dangers des sprays… Comment bien choisir sa protection solaire

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

L’essentiel

• Les crèmes, laits, lotions et huiles solaires ont la même efficacité, mais diffèrent en termes de texture et de préférence.
• Les huiles solaires conviennent mieux aux peaux sèches, mais présentent un risque d’application insuffisante en raison de leur texture plus liquide.
• Les sprays et aérosols sont faciles à appliquer et permettent d’atteindre certaines zones du corps, mais présentent un risque d’inhalation.
• Les protections solaires spécifiques pour le visage sont plus fluides et légères, mais sont plus chères et n’offrent pas vraiment de plus-value.
• Les vêtements, chapeaux et lunettes sont la meilleure défense contre le soleil.

Huile, lait, crème, spray… Quand il s’agit de sélectionner sa protection solaire, le choix est souvent très varié. Mais certaines sont plus efficaces que d’autres, ou plus adaptées à un public ou un besoin.

Le soleil, c’est bon pour le moral… mais pas pour la peau. Dans les rayons des (para)pharmacies et supermarchés, les gammes sont larges. Vaut-il mieux choisir un spray ou une crème? Quel que soit le format, il convient avant tout de l’utiliser correctement… et dans la bonne quantité. «La norme, c’est deux milligrammes par cm², conseille le dermatologue Dominique Tennstedt. C’est énorme, étalé sur tout le corps, le pot serait vide en trois jours. Mais c’est dans ces conditions que l’indice respecte la protection promise. En réalité, l’indice est donc plus faible qu’indiqué, car personne n’en met jamais autant.»

L’indice (SPF 30, 50, 50+…) correspond aux UVB, qui attaquent l’épiderme. Ils sont responsables des coups de soleil et cancérisent. «Mais il faut aussi regarder s’il y a une protection contre les UVA, souvent précisée par une pastille sur l’emballage. Ces derniers attaquent les cellules plus en profondeur et vieillissent la peau.» Un geste anti-âge, en quelque sorte.

Crème, laits, lotions et huiles: une même efficacité, des besoins différents

Pour les laits, crèmes, lotions et autres huiles solaires, c’est avant tout une question de texture et de préférence. «Pour un adolescent avec beaucoup d’acné et la peau grasse, mieux vaut utiliser un lait ou une lotion, précise Dominique Tennstedt. Par contre, si c’est une personne âgée ou un enfant, qui ont des peaux plus sèches en général, la crème est une meilleure option». Pour l’indice de protection, Testachats conseille au minimum de choisir un SPF 30, et même de monter jusqu’à un SPF 50 ou 50+.

Les huiles conviendront mieux aux peaux relativement ou moyennement sèches. De base, elles étaient utilisées pour favoriser le bronzage, et se révélaient donc peu voire pas protectrices. Cela était entre autres dû à la texture de l’huile qui, une fois appliquée, n’était pas homogène. Mais la recherche a progressé et la répartition sur la peau est plus homogène. Seul écueil potentiel lié à l’utilisation: le risque de ne pas appliquer suffisamment de produit étant donné la formule plus liquide.

Sont-ils cependant aussi efficaces à indice de protection égal? «Oui, répond le dermatologue. A condition de les utiliser de manière optimale.» C’est donc plutôt une question de sensorialité et de préférence. La quantité appliquée influe considérablement sur la protection apportée, abonde l’association française de consommateurs UFC-Que Choisir.

Selon Testachats, un produit classique peut également être utilisé pour un enfant: «Si vous utilisez une crème SPF 50+, vous pouvez généralement l’appliquez sans problème pour vos enfants.» L’association belge de consommateurs recommande cependant de veiller à la liste des ingrédients et vérifier qu’elle ne contient aucun allergène, les enfants y étant plus sensibles.

Sprays et aérosols: risque d’inhalation et quantité non maîtrisée

Les sprays présentent quelques avantages: plus faciles à appliquer, notamment chez les enfants, ils permettent aussi d’atteindre certaines zones du corps comme le dos. «Leur embout les rend plus hermétiques. Le sable et d’autres contaminants ont moins de chances de se mélanger au produit», admet Testachats.

Mais leur utilisation n’est pas sans risque, notamment d’inhalation. «Cela vole dans l’air, comme un parfum. Or, les molécules chimiques contenues dans les produits ne sont pas idéales pour atterrir dans les poumons», confirme le dermatologue Dominique Tennstedt.

Difficile également d’en maîtriser la quantité. «Il n’est pas possible de calculer les secondes de pulvérisation nécessaires. C’est souvent insuffisant, même si certains l’utilisent très bien.» Avec un risque d’omettre certaines zones, comme les oreilles. D’ailleurs, les grandes marques en produisent de moins en moins, note le dermatologue. Il insiste également sur l’utilisation: «Jamais directement sur le visage!» Mieux vaut le mettre sur la main puis l’étaler.

Attention: les aérosols et les sprays à forte teneur en alcool sont inflammables. Il ne faut pas les utiliser à proximité d’un barbecue, d’une cigarette ou d’une bougie. Ni les laisser en plein soleil. «Les aérosols contiennent un gaz qu’il est déconseillé d’exposer à la chaleur. Pas très pertinent pour des produits solaires», estime l’UFC-Que Choisir. «De même, en particulier si le temps est venteux, ils peuvent se répandre dans l’environnement, ce n’est pas souhaitable non plus

Protection solaire spéciale visage: le coûteux marketing

De plus en plus de marques prévoient dans leur gamme une protection solaire spécifiquement pour le visage. Elles ont surtout un intérêt pour leur texture, plus fluide et légère, et leur effet moins brillant et moins gras. C’est donc avant tout une question de sensorialité. «C’est essentiellement du marketing», juge Dominique Tennstedt. «Une crème classique pour le corps peut également être utilisée pour le visage, rappelle Testachats. Elles n’offrent pas vraiment de plus-value. Leur avantage réside dans leur petit format, qui les rend faciles à emporter.»

L’association des consommateurs met en garde sur les prix: ces crèmes visage sont beaucoup plus chères. UFC-Que Choisir confirme: comparées aux crèmes solaires corps au sein de chaque marque, elles sont «deux à sept fois plus chères». De plus, selon leur test 2024, plus d’un tiers ne protègent pas à hauteur de l’indice annoncé.

Il existe également de plus en plus de produits cosmétiques (crème de jour, fond de teint, BB crème…) promettant aussi une protection solaire. «Une crème de jour vise en premier lieu à hydrater votre peau, rappelle le dermatologue. La protection SPF est une fonction secondaire. Les SPF 10 ou 20 dans ces produits ne sont pas suffisants. Leur but est surtout de protéger la crème elle-même.» De plus, elles ne protègent en général que contre les UVB, mais pas contre les UVA, avertit Testachats. «Tout comme pour les crèmes solaires, préférez un indice SPF de 30 ou plus.»

Vêtements et chapeau: mieux que la protection solaire

Outre une protection solaire élevée, Dominique Tennstedt conseille d’avoir le moins d’ingrédients possible en dehors des filtres solaires. Parmi ces derniers, deux sont à oublier: l’octocrylène et l’homosalate. Il recommande également de choisir des produits qui ne sont pas parfumés. «Achetez vos produits solaires en pharmacie et, si vous ne pouvez pas consulter un dermatologue, faites confiance aux pharmaciens. Ils ont des formations sur le sujet.»

Il insiste cependant: «Le soleil n’est qu’un faux ami, et la meilleure défense reste les vêtements, chapeaux et lunettes, suivis de l’ombre.»

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