La Wallonie en surmortalité chronique
Début mars, l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) publiait un rapport sur l’évolution du taux de mortalité en Wallonie. Résultat ? Elle est en moyenne 19% plus élevée que dans le reste du pays.
« Un phénomène observé depuis l’après-guerre », rappelle Alda Greoli, ministre wallonne de la Santé. « Cette surmortalité s’explique principalement par les conditions socio-économiques moins favorables pour une importante partie de la population wallonne. »
Le Wallon connaît donc une surmortalité par rapport à ses voisins flamands et bruxellois. Comme on peut l’apercevoir sur la carte – où l’on observe globalement une forte disparité entre les régions – toute la Wallonie est touchée, excepté une partie du Brabant wallon.
Si l’on se penche sur les détails chiffrés de la mortalité, on note bien sûr que quelles que soient la tranche d’âge et la région, les hommes meurent plus vite que les femmes. Rien de nouveau, mais on remarque également que la surmortalité en Région wallonne se cristallise à partir de la tranche d’âge 10-24 ans chez les hommes et 25-44 ans chez les femmes.
Enfin, si l’on regarde l’évolution du taux de mortalité dans les trois régions entre 2005 et 2014, on observe une diminution de la mortalité au même rythme dans chaque région – tant pour les femmes que pour les hommes. En d’autres mots : avec 1099,8 décès sur 100.000 habitants en 2014, la Wallonie ne rattrape pas Bruxelles (990,6), qui ne rattrape pas la Flandre (912,5). La Wallonie conserve donc son désavantage historique.
Méthode:
Pour atteindre ce chiffre de 19%, l’Iweps a éliminé les effets de la structure par âge et par sexe de la population par la standardisation. Des taux légèrement différents des taux bruts mais qui ont l’avantage de permettre une comparaison entre territoires. « À titre d’exemple, si une commune dispose d’une ou plusieurs maisons de repos, l’effet de ces maisons de repos sur la mortalité est ainsi neutralisé », détaille l’Iweps. « Ces taux ont été calculés ici pour chaque commune wallonne sur la mortalité observée de 2005 à 2014 afin d’obtenir un nombre d’observations suffisant dans chacune d’entre elles. »
Quelques explications
La surmortalité en Wallonie par rapport à la Flandre est en effet observée depuis l’après-guerre. « Cette surmortalité s’explique principalement par les conditions socio-économiques moins favorables pour une importante partie de la population wallonne », explique Alda Greoli. Ce sont les inégalités sociales qui sont la cause des inégalités de santé et donc de ce différentiel de mortalité.
« Quelle que soit la maladie, chronique ou infectieuse, ce sont invariablement les populations les plus pauvres qui sont les plus touchées », ajoute la ministre wallonne. Les déterminants de la santé suivent en outre un gradient social. « Les individus au sommet de la pyramide sociale sont en meilleure santé que ceux directement en dessous d’eux, qui eux-mêmes sont en meilleure santé que ceux qui sont juste en dessous et ainsi de suite, jusqu’aux plus bas échelons. »
En matière de santé publique, les inégalités sociales jouent évidemment un rôle dans l’apparition des maladies, mais également dans le suivi de ces maladies, faute d’investissement des individus dans leur santé. Tout est finalement lié: les diagnostics sont plus tardifs, la compliance aux traitements est moins bonne. Conséquence: la mortalité plus élevée des personnes en situation économique défavorable.
Que fait la Région ?
« Pour réduire ce différentiel, il convient bien sûr d’offrir des services médicaux de qualité et de mettre en oeuvre des actions de prévention et de promotion de la santé comme l’ambitionne le Plan prévention et promotion de la santé », prêche Alda Greoli. « Mais ce ne sera jamais, et de loin, suffisant. Pour améliorer la santé des Wallons, il faut agir sur tous les déterminants de la santé et réduire les inégalités sociales. C’est donc dans tous les domaines qui impactent la vie des individus qu’il faut agir : l’emploi, les conditions de travail, l’éducation, la mobilité, l’environnement, l’accès à une alimentation saine et à des structures sportives, etc. »
Cela tombe bien: le Plan de prévention et de promotion de la santé « Horizon 2030 » envisage onze objectifs stratégiques transversaux, dont ceux de la « La santé dans toutes les politiques » et des « Inégalités sociales de santé », ainsi que des objectifs stratégiques thématiques, dont la promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables à la santé, au sein de laquelle des opérateurs pourraient éventuellement inscrire des stratégies d’actions.
« Ce Plan « Horizon 2030″, de même que le projet de décret qui l’accompagne, sont en voie de finalisation au sein de mon Cabinet et de l’administration », conclut la ministre.
Laurent Zanella
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