« La variole du singe ne touche pas que la communauté gay, tout le monde peut être infecté »
La variole du singe, telle qu’elle s’exprime aujourd’hui dans les pays où elle a été détectée, touche principalement les hommes. Et plus spécifiquement les hommes qui ont des relations avec d’autres hommes. Cependant, « il est faux de considérer la variole du singe comme une maladie gay, tout le monde peut être infecté », insistent les scientifiques.
Ce mercredi, l’OMS a conseillé à ce groupe de réduire le nombre de ses partenaires sexuels. Le meilleur moyen de se protéger « est de réduire le risque de se retrouver exposé » à la maladie, a expliqué le directeur général de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus.
« Pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, cela veut aussi dire, pour le moment, réduire le nombre de vos partenaires sexuels et échanger des informations avec tout nouveau partenaire pour être en mesure de les contacter » en cas d’apparition de symptômes, pour qu’ils puissent s’isoler, a expliqué le Dr. Tedros.
Parallèlement, l’OMS insiste beaucoup sur la nécessité d’éviter toute stigmatisation d’une communauté précise, qui pourrait amener ses membres à cacher la maladie, ne pas se faire soigner et continuer à la répandre.
Couper court aux discours stigmatisants
Il ne s’agit en effet ni d’une infection sexuellement transmissible ni d’une maladie qui ne toucherait que la communauté gay. Nombre de spécialistes des maladies infectieuses se sont déjà exprimés sur le sujet pour couper court aux idées reçues et aux discours stigmatisants. Mais comment expliquer que le virus touche la population de façon si différenciée? D’autant que parmi les personnes atteintes, on compte aussi des bisexuels.
« Il ne faut pas oublier que l’apparition de ces nouveaux cas en Europe est assez récente. Nous n’avons pas l’impression d’être face à une nouvelle maladie, mais il est vrai que la transmission se fait surtout chez les hommes, et particulièrement chez les hommes qui ont des rapports avec d’autres hommes, ce qui n’a pas été décrit auparavant avec cette maladie. Rien ne prouve à l’heure actuelle que le virus se transmet par voie sexuelle. Il semble que la transmission ait surtout lieu par des contacts cutanés très rapprochés comme lors des rapports intimes/sexuels. Récemment, il y a eu de grands rassemblements LGBT/Gaypride qui sont un terrain idéal pour favoriser la circulation du virus au vu du grand nombre de personnes et de la possibilité de contacts rapprochés », explique France Laurent, infectiologue au CHU Ambroise-Paré à Mons.
Dans les épidémies connues antérieurement, on a déjà pu constater que les hommes représentent plus de 50% des cas, mais s’agit-il réellement d’une susceptibilité de genre ou est-ce lié à un risque d’exposition plus important (de par la profession par exemple) ? « Dans l’épidémie actuelle, l’atteinte essentiellement masculine pourrait être liée au fait que le virus circule principalement dans la communauté gay, mais je pense qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions », ajoute l’infectiologue.
Des familles entières infectées par le virus
C’est également ce que souligne Laurens Liesenborghs, professeur à l’Institut médical tropical à Anvers. « En Occident, le virus a pu être initialement propagé par une petite proportion de la population homosexuelle qui avait de nombreux contacts sexuels différents. C’était probablement le catalyseur. En Afrique, nous voyons des familles entières, y compris des femmes et des enfants, infectées par le virus. Le virus ne fait pas de distinction. Il est tout simplement faux de considérer la variole du singe comme une maladie gay, car ce n’est absolument pas le cas. Tout le monde peut être infecté », déclare-t-il à notre confrère de Knack.
En Belgique, tous les cas de variole du singe pour lesquels le sexe est connu (99%) concernent des hommes âgés de 20 à 71 ans. Au 25 juillet, l’Institut de santé publique Sciensano avait recensé un total de 393 cas confirmés de variole du singe en Belgique, contre 331 la semaine précédente. Presque tous les patients (96%) souffraient de lésions cutanées tandis qu’environ trois quarts (72%) présentaient des symptômes généraux tels que la fièvre, un état de malaise général ou le gonflement des ganglions lymphatiques. Il n’y a aucun décès, ajoute Sciensano.
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