La smart vape, cette nouvelle cigarette électronique «machiavélique» qui inquiète les médecins s’approche de la Belgique
La smart vape, ce nouveau type de cigarette électronique qui permet de vapoter et jouer en même temps, a fait son apparition début octobre en Belgique, bien que le produit soit illégal. Les médecins et le SPF Santé publique s’en inquiètent, car ce produit «doublement toxique» vise surtout les jeunes.
Une cigarette ou un smartphone ? Fin octobre, les pédiatres flamands interpellaient le gouvernement au sujet des cigarettes électroniques intelligentes, dites smart vapes. Selon De Standaard, ce nouveau type de vapoteuse est apparu en Belgique depuis quelques semaines.
A l’instar d’une montre connectée, la smart vape est dotée d’un écran qui permet de jouer à des jeux, de faire office de calculatrice ou de lampe torche, d’écouter de la musique, de passer des appels ou de consulter ses messages grâce à une connexion bluetooth. On voit ces produits fleurir sur les réseaux sociaux, en particulier aux Etats-Unis. De quoi séduire les jeunes, déjà friands de puff, ces e-cigarettes jetables.
Suivant leurs confrères des Pays-Bas, les pédiatres belges ont plaidé pour des règles plus strictes auprès des pouvoirs publics. «Il en va de la santé des enfants. En tant que porte-voix d’un groupe-cible qui ne peut pas suffisamment se défendre, il est temps d’alerter le gouvernement», a lancé Ann De Guchtenaere, présidente de l’Académie belge de pédiatrie.
Des smart vapes ont été découvertes pour la première fois en Belgique le 15 octobre lors d’un contrôle dans un commerce à Nazareth, indique Justine Cerise, la porte-parole du SPF Santé publique. Au total 73 smart vapes ont été saisies lors de contrôles à ce jour : 3 à Nazareth, 10 à Menen, et 60 Laeken. Bien que le produit soit illégal, il est facile de s’en procurer en ligne. «On a des accords avec les grandes plateformes comme Amazon pour s’assurer que ces produits ne puissent pas être vendus chez nous, mais il est compliqué de contrôler les autres petits sites de vente», précise Justine Cerise.
«La smart vape n’est pas encore un problème actif à ce stade en Belgique, tempère le professeur Stéphane Moniotte, chef du département de pédiatrie aux cliniques universitaires Saint-Luc. On soutient nos confrères hollandais. Ce serait bien de l’interdire. Le produit n’est défendable que par ses producteurs car il est toxique a plus d’un titre».
La smart vape, «un produit machiavélique»
Ce nouveau produit inquiète les professionnels de la santé car il est doublement toxique et doublement addictogène. C’est un produit « machiavélique », selon Adrien Meunier, infirmier tabacologue à l’hôpital de la Citadelle de Liège. «Il entraîne deux dépendances, celle à la nicotine et celle aux jeux et aux écran». La smart vape accélère même la dépendance à la nicotine car les jeux incitent l’utilisateur. «Plus on inhale, plus on avance dans les jeux», poursuit Adrien Meunier. Les scores sont partagés sur les réseaux sociaux et une compétition classe en ligne les plus gros fumeurs.
«Le fait de jouer sur le caractère addictif du jeu est très vicieux, abonde le professeur Stéphane Moniotte. On sait déjà que la nicotine provoque des problèmes pulmonaires, respiratoires, immunitaires et aussi des troubles de l’attention chez les enfants». De plus, les smart vapes ont «généralement un réservoir de 20 ml, soit dix fois supérieur à ce qui est autorisé en Belgique, et sont vendues à un prix accessible de plus ou moins 18 euros», précise le SPF santé publique.
Pour Adrien Meunier, les smart vapes et autres puff sont définitivement plus dangereuses pour les jeunes.
«Le packaging coloré et le goût sucré – apporté par des produits toxiques – rendent le produit plus attractif». Chez les utilisateurs d’e-cigarettes, l’arôme est un élément déterminant : les goûts alléchants pour 37 % et la découverte de nouveaux arômes à chaque fois pour 15 %, révèle une enquête de 2023 de la Fondation contre le cancer sur les e-cigarettes.
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Dangereuses pour l’environnement
En janvier 2025, la Belgique deviendra le premier pays de l’UE a interdire la vente de vapes jetables en magasins physiques. Mais pour l’infirmier tabacologue, il faut surtout éduquer les jeunes aux dangers de ces produits, sensibiliser les parents et faire de la prévention dans les écoles, car «on va pas pouvoir interdire les gens de se fournir ailleurs, dans les pays limitrophes, sur internet ou dans les night shops. Il ne faut toutefois pas les confondre avec les e-cigarettes classiques qui sont pertinentes pour les personnes adultes dépendantes à la nicotine, dans le cadre d’un accompagnement médical ».
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