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La septicémie, un fléau méconnu : « Chaque heure compte »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Conséquence d’une infection grave, la septicémie, également appelée sepsis, cause 11 millions de décès par an dans le monde. Malgré ces chiffres inquiétants, ce tueur silencieux demeure relativement inconnu du grand public.

Résultant d’une réponse dérégulée à une infection, la septicémie est un dysfonctionnement d’organes potentiellement mortel, dont la forme la plus grave est le choc septique. Il affecte surtout les individus déjà fragilisés, les nouveau-nés et les personnes âgées, mais peut également toucher des personnes sans affection préalable, souligne l’Institut Pasteur.

A l’origine d’un décès sur cinq dans le monde, le sepsis a eu d’autres appellations: on sait aujourd’hui que la « gangrène », un mal qui touchait les soldats victimes de blessures de guerre infectées, était une forme de sepsis. Il en va de même pour la « fièvre puerpérale » qui désignait une infection survenant chez la femme après l’accouchement.

Aujourd’hui encore, les séquelles d’une septicémie peuvent être extrêmement graves. Les patients qui survivent peuvent perdre des parties du corps ou des organes, touchés par un manque d’oxygène pendant la septicémie. Le cas échéant, l’amputation est parfois inévitable.

Chaque heure compte

A partir de quel moment faut-il s’inquiéter? « Lorsqu’une personne a une infection ou une infection présumée, et que son état ne s’améliore pas, et qu’elle présente des symptômes tels qu’une diminution de la conscience, un discours incohérent, un état de confusion, une tension faible, des taches sur la peau, une douleur intense ou une sensation de malaise intense, il faut au moins consulter un médecin généraliste », met en garde Erika Vlieghe, infectiologue et cheffe du service des maladies infectieuses de l’hôpital universitaire d’Anvers. Plus le patient attend, plus le risque d’une issue fatale augmente. Chaque heure compte, surtout lorsque survient un « choc septique », la forme la plus mortelle de la septicémie.

Au niveau de la prévention, un seul mot d’ordre : la vaccination. « On ne soulignera jamais assez le rôle crucial des vaccins dans la prévention de situations infectieuses dramatiques », déclare Erika Vlieghe. Outre les vaccins standards (NDLR : la polio, d’ailleurs obligatoire en Belgique, la diphtérie, la coqueluche, etc.).

« Il n’est évidemment pas possible de vacciner contre chaque maladie. Nous conseillons toutefois aux patients les plus à risque, tels que les personnes âgées ou immunodépressives, de se vacciner contre les pneumocoques (la pneumonie), la grippe et le Covid », déclare l’infectiologue.

7 600 morts par an en Belgique

Le gouvernement ne compilant pas de statistiques, les médecins ignorent combien de Belges décèdent chaque année des suites de cette affection. Interrogé par la VRT, Jan De Waele, médecin en soins intensifs à l’UZ de Gand, estime sur base de données publiées par The Lancet le nombre de cas en Belgique à environ 41 000 par an, dont 7 600 morts.

Conscient du problème, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) a décidé de constituer un groupe de travail d’experts sur la septicémie. Sous la houlette d’Erika Vlieghe, celui-ci devra remettre un rapport dans un délai de quatre à six mois et pourrait éventuellement aboutir à un plan de lutte contre la septicémie.

L’infectiologue souligne l’importance d’attirer l’attention des citoyens, et du monde médical, sur ce fléau méconnu. « L’avantage d’un plan national est évidemment d’attirer une attention structurée sur un phénomène qui n’est pas très bien connu. Nous avons maintenant, surtout en Flandre, remarqué que de nombreuses personnes qui ont regardé le reportage Pano (NDLR : une émission consacrée à la septicémie) ont été très choquées ».

Frank Vandenbroucke souligne qu’il existe déjà plusieurs initiatives politiques visant à prévenir et à reconnaître les infections dans les hôpitaux, et il a souligné les mesures qu’il prend pour lutter contre la résistance aux antibiotiques. Le ministre souhaite également examiner la possibilité d’encourager financièrement les hôpitaux à améliorer la qualité des soins en ce qui concerne les infections du flux sanguin dans leurs établissements.

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