La RDC annonce la fin de l’épidémie d’Ebola, « le pire des scénarios » évité
Kinshasa a annoncé mardi la fin de la neuvième épidémie de la maladie à virus Ebola sur le sol congolais pour laquelle le « pire des scénarios » a été évité grace à une mobilisation rapide et au recours, pour la premièr fois, à un vaccin contre cette fièvre hémorragique.
A la veille d’une cérémonie prévue avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Kinshasa, le ministre de la Santé Oly Ilunga a annoncé la bonne nouvelle: la fin de cet épisode d’Ebola déclaré le 8 mai dans le nord-ouest, qui aura tué 33 personnes, pour 54 cas au total.
« Après une période d’observation de 42 jours, sans aucun nouveau cas confirmé enregistré, et conformément à la réglementation sanitaire internationale, je déclare à partir de ce jour, 24 juillet 2018, la fin de l’épidémie de la maladie à virus Ebola dans la province de l’Équateur », a-t-il dit dans un communiqué à la télévision nationale RTNC.
L’OMS a félicité « le pays et toutes celles et ceux impliquées dans la fin de l’épidémie ». Son directeur Tedros Adhanom Ghebreyesus sera présent mercredi à Kinshasa pour marquer la fin de l’épidémie avec les autorités de la République démocratique du Congo.
Le bilan final apparaît comme un moindre mal, puisque les autorités congolaises s’étaient préparées avec leurs partenaires « au pire des scénarios » face à une crise « sans précédent » avec cette épidémie qui a touché l’Equateur, à la frontière du Congo-Brazzaville.
L’inquiétude a été à son comble lorsque la maladie, partie de zones isolées dans la forêt équatoriale, a gagné dès le 16 mai un grand centre urbain, la capitale provinciale Mbandaka et ses 1,2 million d’habitants, reliée directement à Kinshasa et ses quelque 10 millions d’habitants par le fleuve Congo.
« A la différence des précédentes épidémies, celle-ci a touché quatre endroits différents, y compris un centre urbain en connexion fluviale avec la capitale et les pays voisins, tout comme des villages isolés dans la forêt équatoriale. Au début la préoccupation était forte que la maladie puisse se répandre dans d’autres endroits de la RDC, et aux pays voisins », résume l’OMS.
L’OMS avait été critiquée pour avoir tardé à réagir lors de la pire épidémie d’Ebola, qui fit plus de 11.000 morts en 2013-14, en Afrique de l’Ouest.
Deux semaines après l’annonce du déclenchement de la nouvelle épidémie, l’OMS et les autorités congolaises ont lancé une vaccination ciblée qui a visé le personnel soignant, les contacts des malades et les contacts des contacts – 3.300 personnes au total.
Vaccin et mobilisation
Utilisé pour la première fois, le vaccin contre Ebola, encore expérimental, a été un « outil fantastique », mais il n’a joué qu’un « petit rôle » dans la lutte contre l’épidémie en RDC, a déclaré à l’AFP Michael Ryan, sous-directeur général à l’OMS.
De l’avis des autorités congolaises et de l’OMS, l’efficacité de la riposte tient notamment à une réponse humanitaire rapide et agressive, avec un « déploiement extrêmement rapide des équipes nationales et des intervenants internationaux sur le terrain », selon M. Ryan.
Tout au long de l’épidémie, l’OMS et les ONG ont pris soin de rappeler que la RDC assurait le « leadership » de la réponse, pour ne pas froisser la susceptibilité de Kinshasa.
En avril, juste avant l’épidémie, les autorités congolaises avaient en effet boycotté une conférence humanitaire au bénéfice de la RDC, accusant les Nations unies et les ONG d’exagérer la crise humanitaire dans le pays.
« Cette réponse efficace à la maladie Ebola devrait convaincre le gouvernement congolais et ses partenaires qu’il est possible de faire front à d’autres épidémies », a déclaré le directeur général de l’OMS.
Comme dans de nombreux pays africains, le paludisme tue chaque année en RDC des milliers de personnes. Le pays est aussi confronté à une épidémie de choléra qui a touché Kinshasa en début d’année.
Vingt-six cas de polio ont également été enregistrés ces derniers mois en RDC, des « dérivés » indésirables du vaccin administré à des millions d’enfants.
Cette épidémie de fièvre Ebola est la neuvième sur le sol congolais depuis que le virus y a été identifié en 1976.
L’une des plus violentes avait eu lui en 2007, où la fièvre hémorragique avait particulièrement sévi au Kasaï occidental (centre) entre avril et octobre, faisant 187 morts sur 264 cas répertoriés.
L’épidémie congolaise est la deuxième flambée d’Ebola depuis la terrible épidémie qui avait frappé l’Afrique de l’Ouest entre décembre 2013 et 2014, causant plus de 11.300 morts sur quelque 29.000 cas recensés, à plus de 99% en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.
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