La maladie de Parkinson commence peut-être dans l’appendice
La maladie de Parkinson a longtemps été considérée comme une maladie du cerveau, mais plusieurs travaux ont pointé le rôle de l’appareil digestif. Une étude publiée mercredi aux Etats-Unis s’intéresse en particulier au petit organe réputé inutile de l’appendice.
Les auteurs de cette étude, fondée sur les données médicales de 1,7 million de Suédois suivis pour certains pendant un demi-siècle, ont trouvé que ceux qui avaient eu une ablation de l’appendice au début de leur vie avaient un risque de développer la maladie de Parkinson réduit de 19%.
L’effet semble spécifique aux Suédois vivant en zones rurales. Pour eux, le risque est réduit de 25%, tandis que dans les zones urbaines, une réduction du risque n’a pas pu être observée.
Quant à ceux qui ont développé la maladie de Parkinson, les chercheurs se sont aperçus qu’une appendicectomie (ablation de l’appendice) était liée à une apparition plus tardive de trois ans et demi en moyenne, a expliqué l’auteure principale, Viviane Labrie, de l’Institut de recherche Van Andel dans le Michigan, lors d’une conférence téléphonique avec la presse mardi.
« Nos travaux suggèrent que l’appendice pourrait jouer un rôle dans le début de la maladie de Parkinson », a-t-elle expliqué, en soulignant que ce rôle n’était sans doute pas exclusif.
– Organe pas inutile –
Les malades de Parkinson souffrent aussi de problèmes gastro-intestinaux, comme de la constipation, une décennie ou plus avant les symptômes que sont les tremblements et autres problèmes moteurs. C’est ce qui a poussé la communauté scientifique à s’intéresser au rôle de l’appareil digestif.
L’appendice est un site de stockage pour les bactéries intestinales et semble également jouer un rôle dans la réponse immunitaire. Il est aussi le « réservoir » d’une protéine clé dans la maladie de Parkinson, nommée alpha-synucléine, notamment sous une forme anormale.
Or cette protéine est abondante dans l’appendice de tout le monde, malades ou pas. Ce qui fait supposer aux chercheurs que la protéine anormale parvient parfois à s’échapper de l’appendice vers le cerveau, où elle causerait des dégâts.
« Cette protéine n’aime pas rester au même endroit », a expliqué Viviane Labrie. « Elle arrive à bouger de neurone en neurone ».
Et justement, un nerf, le nerf vague, relie l’appareil digestif au cerveau. Des expériences ont montré que la protéine était capable d’emprunter cette voie.
« Si elle entre dans le cerveau, elle peut s’installer et se développer jusqu’à avoir des effets neurotoxiques qui pourraient mener jusqu’à la maladie de Parkinson », dit la chercheuse.
Les auteurs de l’étude ont averti la presse qu’il ne s’agissait surtout pas de recommander à tout le monde une ablation de l’appendice. « Nous ne disons pas non plus que si vous avez eu une ablation, vous n’aurez pas la maladie de Parkinson », prévient Viviane Labrie.
Mais ces travaux apportent un indice supplémentaire sur le rôle du petit organe, ce qui pourrait un jour mener à des thérapies, pour neutraliser ce réservoir.
Pour l’instant, un rapport de cause à effet n’a pas été établi. Comme c’est le cas des études de ce type, de nombreux facteurs non pris en compte pourraient expliquer la différence entre ceux qui ont subi une ablation et les autres.
En outre, comme le rappelle le statisticien Kevin McConway, de The Open University, des études ont été menées dans le passé sur le lien entre l’appendicectomie et diverses maladies, concluant parfois à un risque accru, parfois à un risque réduit.
Une étude sur des Danois, publiée en 1996, avait notamment observé un risque augmenté de maladie de Parkinson – et non réduit.
Mais en conclusion, l’appendice apparaît de plus en plus comme un candidat sérieux à la résolution du mystère de la maladie de Parkinson. Un mystère avec lequel 10 millions de personnes vivent aujourd’hui dans le monde.
ksh/ico/AB
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