La grippe plus virulente en 2025? Les premières observations du virologue Steven Van Gucht
L’épidémie de grippe a débuté de façon précoce, et pourrait connaître un pic dans les semaines qui suivent les fêtes de fin d’année. Sur les réseaux sociaux, de multiples témoignages font part de symptômes plus sévères qu’à l’accoutumée. Qu’en est-il? Le virologue Steven Van Gucht livre ses premières observations de 2025.
«La grippe, cette année, c’est la pire que j’ai jamais eue. Le Covid, à côté, c’est un jeu d’enfants.» Sur les réseaux sociaux, les témoignages alarmistes du genre deviennent… viraux. Ils font tous part d’un syndrome grippal plus sévère que la normale.
La semaine dernière, Sciensano a confirmé que le début de l’épidémie annuelle grippale était bel et bien en cours, mais n’a en revanche pas communiqué sur la supposée force du virus version 2025. Qu’en est-il vraiment? Voici les premières observations de l’année.
La grippe 2025: début précoce, pic à venir
Généralement, l’épidémie de grippe se manifeste en janvier, voire février. Mais cette saison, le dépassement du seuil épidémique a été constaté en décembre. «C’est relativement précoce, mais pas exceptionnel en soi», commente le virologue Steven Van Gucht (Sciensano). Selon lui, il est impossible de définir pourquoi le virus est présent plus tôt cette année. «Ce sont des variations d’une année à l’autre qu’on ne peut pas prédire ni expliquer rationnellement.»
Ce qu’on peut prévoir, en revanche, c’est l’imminence du pic épidémiologique, une fois l’épidémie débutée. Les fêtes de fin d’années et le retour à l’école pourraient même l’accentuer. «On peut probablement s’attendre à un pic d’infections après les fêtes, fin janvier ou début février. Peut-être même un peu plus tôt, dans trois semaines, estime le virologue. Il faut s’attendre à des grippes assez fortes dans les prochaines semaines.»
Une grippe plus sévère?
En réaction aux témoignages qui font état d’une grippe plus sévère cette année, Steven Van Gucht tempère. «Pour l’instant, le virus grippal semble s’inscrire dans un profil classique. Mais n’oublions pas qu’une contamination à la grippe durant la période épidémique, ça frappe fort, lance-t-il. Pendant deux jours, on ne peut parfois pas quitter son lit. La maladie ne doit pas être sous-estimée.»
Une contamination à la grippe durant la période épidémique, ça frappe fort. Mais il est trop tôt pour affirmer que la grippe version 2025 est plus sévère qu’une autre.
Steven Van Gucht (Sciensano)
Selon les chiffres de Sciensano, qui prennent en compte les consultations chez le médecin généraliste et les admissions à l’hôpital, aucune irrégularité marquante n’est pour l’instant à signaler. «Il est trop tôt pour affirmer que la grippe version 2025 est plus sévère qu’une autre. On manque encore d’indications. Le constat pourra être fait à la moitié ou à la fin de l’épidémie, lorsque plus de données seront disponibles», indique Van Gucht.
Un virus en mutation
A l’instar du coronavirus, le virus de la grippe évolue. Il est ainsi possible d’être contaminé deux années consécutives, et même plusieurs fois durant la même saison. «Plusieurs virus de la grippe circulent: deux types A, et un type B, précise le virologue. Il est donc possible d’être infecté par le type A en janvier, et le type B en février. Il n’y a pas vraiment de protection commune entre ces différents types. Cependant, la contraction du virus offre une sorte d’immunité partielle, qui n’est pas une garantie pour autant. Les données au niveau macro nous montrent qu’un adulte attrape en moyenne la grippe minimum une fois tous les cinq ans.»
Il en va de même avec le vaccin: il peut renforcer l’immunité, mais il ne protège environ qu’à 50%, chiffre Steven Van Gucht. «Des personnes vaccinées peuvent donc attraper la grippe, et développent même parfois une maladie sévère. C’est toujours difficile à expliquer.»
Un adulte attrape en moyenne la grippe minimum une fois tous les cinq ans.
Steven Van Gucht
En revanche, même si le timing est un peu tardif, se faire vacciner en janvier vaut toujours la peine, et plus particulièrement encore pour les groupes à risque. «Il est préférable de le faire en octobre ou novembre. Mais c’est toujours utile maintenant, car deux mois de grippe arrivent.»
Une protection de 50% peut sembler faible et décourageante d’un point de vue individuel. «Mais cela contribue fortement à la réduction de la charge hospitalière et des maladies sévères: le vaccin contribue à lui seul à réduire de moitié les admissions à l’hôpital.»
Le VRS sous surveillance
A côté de la grippe et du Covid, c’est surtout le virus respiratoire syncytial (VRS) -ou bronchiolite- qui préoccupe actuellement le système de soins de santé. Ce virus impacte principalement les nourrissons et a connu son pic en décembre. «Le nombre d’infections reste encore assez élevé, même s’il diminue progressivement. A l’opposé, les cas de grippe sont en train d’augmenter. La semaine dernière, la majorité des cas hospitaliers avec pneumonie virale restaient des cas de VRS.»
Pour l’instant, la charge hospitalière reste soutenable, assure l’expert de Sciensano. «Mais cette période de l’année reste lourde en raison de la multiplication de cas d’infections respiratoires, d’autant plus qu’une partie du personnel est en congé.»
Grippe ou Covid: faites la différence
La distinction entre la grippe et le Covid reste complexe. Et la meilleure façon de trancher reste un test, ou une visite chez le médecin. Beaucoup de symptômes se chevauchent. Mais quelques petites différences subsistent. «En général, une grippe typique débute avec une fièvre forte et abrupte. Si on se lève le matin avec 39°C et une fatigue extrême, on sait que c’est un marqueur clair de la grippe, souligne Steven Van Gucht. Avec le Covid, la fièvre se manifeste aussi, mais elle est en général moins prononcée. Les symptômes se marquent davantage au niveau de la toux, du mal de gorge et de la perte d’odorat.»
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici