La consommation de Rilatine en Belgique est interpellante
Mieux connu sous le nom de Rilatine ou d’Equasym, le méthylphénidate a été remboursé l’an dernier à plus de 32.000 enfants de 6 à 18 ans pour traiter un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
La Mutualité Chrétienne (MC) voit dans ces chiffres une consommation « interpellante ». Celle-ci serait même double si l’on prend en compte l’usage de médicaments similaires non remboursés.
Le méthylphénidate est un psychostimulant proche de l’amphétamine. Il est prescrit dans le cadre du TDAH depuis une vingtaine d’années. En Belgique, deux spécialités – la Rilatine et l’Equasym – sont remboursées par l’assurance soins de santé obligatoire pour cette indication aux enfants de 6 à 18 ans. « Mais l’utilisation de ce médicament est en réalité beaucoup plus élevée si l’on comptabilise aussi les volumes vendus hors remboursement, y compris à des adultes. En 2016, ils étaient équivalents aux volumes remboursés », constate Jean Hermesse, secrétaire général de la MC.
Quelque 2% des enfants belges (32.000) ont reçu un traitement remboursé. Mais ce chiffre cache des différences régionales importantes sans qu’aucune raison épidémiologique ne vienne l’expliquer. En Flandre, 2,4% des enfants sont « sous » méthylphénidate remboursé, contre 0,9% en Wallonie et 0,6% en Région bruxelloise.
Autre constat interpellant, les enfants nés entre septembre et décembre, et donc souvent les plus jeunes dans leur classe scolaire, ont 50% de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate que ceux nés entre janvier et mars.
Enfin, une partie non négligeable d’enfants consomme du méthylphénidate durant la quasi-totalité de leur scolarité, alors qu’une consommation minimale est recommandée.
Divers effets indésirables peuvent apparaître : troubles du sommeil, diminution de l’appétit, maux de tête. À long terme, il peut entraîner un retard de croissance, une instabilité émotionnelle, de l’apathie, voire des troubles psychiatriques et des convulsions.
« La frontière entre TDAH et immaturité semble devenir floue », conclut Jean Hermesse. « Ce constat confirme la tendance d’une médicalisation de processus naturels tels que le développement psychomoteur. »