Journée mondiale contre l’hépatite: « Il est impossible de vivre sans foie »
Ce 28 juillet, c’est la journée mondiale contre l’hépatite. Alors qu’elle touche plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde, le taux de dépistage n’est pas aussi élevé que l’aimeraient les médecins. En raison : ses symptômes assez communs.
Qu’elle soit de type A, B, C, D ou E, une hépatite est une inflammation du foie. De quoi s’agit-il exactement, comment s’attrape-t-elle et se guérit-elle, tour d’horizon avec le docteur Yves Horsmans, hépatologue et chef du département de médecine interne aux Cliniques universitaires Saint-Luc.
A chaque hépatite son mode de transmission
– L’hépatite A se transmet par voie oro-fécale, là où les conditions sanitaires et l’hygiène sont moins bonnes : cela concerne les aliments ou l’eau contaminés par les matières fécales d’une personne infectée.
– L’hépatite B se transmet de la mère à l’enfant et est également une maladie sexuellement transmissible (MST), dans les rapports sexuels hétérosexuels.
– La transmission de l’hépatite C se fait par le sang (dans les cas de toxicomanie, de tatouages, de prise de sang avec du matériel peu ou mal stérilisé) et est également une maladie sexuellement transmissible d’homme à homme.
– L’hépatite D ne se contracte que si l’hépatite B est déjà présente dans le corps.
– « Et l’hépatite E, pour faire simple, est liée à une mauvaise cuisson de la viande, comme cela est possible en Inde », explique Yves Horsmans.
Dans le monde, on estime que 250 millions personnes sont porteuses de l’hépatite B, et 130 millions porteuses de l’hépatite C. En Belgique, les hépatites les plus courantes sont les B (majoritaires) et les C.
Lorsqu’une personne contracte cette maladie, deux cas de figure sont possibles : elle peut être aiguë ou chronique. « Les personnes qui contractent une forme aiguë soit en guérissent spontanément (et le foie se régénère alors), soit en meurent comme dans le cas d’une hépatite fulminante qui tue le foie en quelques jours. Cela reste toutefois très rare. En général, la maladie dure moins de six mois », expose l’hépatologue. A l’inverse, les hépatites qui durent plus de six mois sont considérées comme chroniques. Il s’agit principalement des hépatites B et C.
Dans le cas d’une forme chronique, celle-ci peut être contenue. « Il ne se passe pas grand chose si ce n’est que la personne est porteuse du virus et peut le transmettre », poursuit Yves Horsmans. En revanche, l’inflammation peut également s’aggraver : « Le virus détruit alors le foie, les cellules hépatiques normales sont remplacées par des tissus morts et progressivement le patient développe une cirrhose. La cirrhose étant un état pré-cancéreux, il a alors 30% de risques de développer un cancer du foie. Qui mène à un moment donné à une insuffisance hépatique et, comme il est impossible de vivre sans foie, le patient décède s’il ne reçoit pas de greffe. »
Comment guérir de l’hépatite ?
En Belgique, le vaccin contre l’hépatite B est obligatoire chez l’enfant depuis 1989. « Une fois vacciné, à travers ses quatre doses, l’enfant est protégé à vie », précise le médecin. Pour les adolescents ou adultes qui contractent l’hépatite B, il existe un traitement à prendre à vie. « Sauf si le système immunitaire arrive à développer des anticorps contre le virus, ce qui arrive dans 5 à 10% des cas. Sinon, on reste avec le virus. On le contrôle mais le traitement antiviral ne l’élimine pas », ajoute-t-il.
Pour l’hépatite C, en revanche, aucun vaccin n’a encore été trouvé. « Le virus de l’hépatite C n’a rien à voir avec l’hépatite B, qui est un virus ADN. L’hépatite C est un virus ARN et développer des vaccins contre des virus ARN, c’est manifestement difficile, commente Yves Horsmans. Par contre, les traitements contre l’hépatite C sont très efficaces. L’industrie n’est donc pas forcément encouragée à chercher un vaccin. »
Le traitement préconisé pour l’hépatite C se prend sous forme de comprimés. D’après l’hépatologue, le taux de guérison est de 96% à 98%. En Belgique, si le patient possède une mutuelle, celle-ci couvrira l’entièreté du traitement. A noter toutefois qu’une guérison totale n’exclut pas une nouvelle infection par la suite.
Il existe également un vaccin pour l’hépatite A conseillé en cas de voyage où les conditions sanitaires et l’hygiène sont de moins bonne qualité.
Quels sont les symptômes ?
Le symptôme classique est lorsque le blanc de l’oeil devient jaune, que la personne se plaint d’une fatigue importante, de fièvre, de nausées. Dans ce cas, il convient de faire une prise de sang, explique Yves Horsmans.
Toutefois, l’hépatite C est très souvent asymptomatique. Elle ne peut dès lors être détectée que par une prise de sang spontanée. Une situation assez problématique à laquelle les médecins sensibilisent, y compris le docteur Horsmans. « Parfois, en médecine, si vous ne cherchez pas, vous ne pouvez savoir si vous êtes porteur ou non d’un virus. C’est pour cela que l’on plaide désespérément pour que les gens fassent de temps en temps une prise de sang afin de vérifier qu’ils ne sont pas porteurs de l’hépatite C. »
L’OMS aspire à réduire les nouvelles infections de 90% d’ici 2030. L’occasion, en cette Journée mondiale, de rappeler l’importance du dépistage.
Lire aussi | Comment prendre soin de son foie?
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici