Journée internationale des gauchers: voici pourquoi tout le monde n’est pas droitier
Les gauchers ne représentent qu’environ 10% de la population mondiale. Pour quelles raisons? Tout pourrait se jouer avant la naissance.
La latéralité, comme la qualifient les scientifiques, n’est pas l’apanage des humains. Du serpent au mollusque, en passant par les souris et les perroquets, il en va de même pour d’innombrables êtres vivants, même si chez les animaux, la proportion de gauchers et de droitiers serait nettement plus équilibrée.
Il n’existe toujours pas de théorie unanime sur la question. L’une des plus documentées porte sur l’asymétrie de l’hémisphère cérébral dominant (gauche chez les droitiers, droit chez les gauchers). En 2021, une étude menée par des chercheurs internationaux, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, a analysé les imageries cérébrales de près 32.000 individus. Ses résultats semblent valider la thèse selon laquelle les gauchers ont davantage tendance à solliciter l’hémisphère droit (dans 30% des cas, estime-t-on en général) que les droitiers (5% à 10%). Non seulement pour des tâches impliquant un mouvement de la main ou des doigts, mais aussi pour le langage, la lecture, l’humeur et la perception de la douleur.
Déjà chez les fœtus
Une autre étude publiée en 2017 privilégie toutefois le rôle de la moelle épinière. Ainsi, il existerait déjà des «asymétries considérables dans les mouvements des bras» des fœtus humains, avant même que le cortex moteur ne soit fonctionnellement lié à la moelle épinière. A ce stade de développement, «cela implique qu’il est peu probable que la main soit sous contrôle cérébral et que les mouvements asymétriques des mains doivent résulter de schémas d’activité de la colonne vertébrale», indiquent les chercheurs. L’analyse des fœtus n’est pas anodine puisqu’à treize semaines, 90% préfèreraient sucer leur pouce droit, soulignent-ils encore. Et chez les nourrissons, la succion du pouce serait positivement corrélée à la prédominance gauchère ou droitière ultérieure.
D’autres travaux considèrent qu’en amont, c’est la génétique qui déterminerait grandement la latéralité. Une étude parue en 2013 dans la revue Plos Genetics rappelle, comme le souligne l’université d’Oxford, que la variante la plus fortement associée et statistiquement significative à la main se trouve dans le gène PCSK6, impliqué dans l’établissement précoce de la gauche ou de la droite chez l’embryon en croissance. Par ailleurs, la probabilité d’avoir un enfant gaucher serait plus faible si les deux parents sont droitiers (entre 5% et 10% des cas) que s’ils sont tous deux gauchers (25% à 30%), selon Chris McManus, professeur émérite au University College London et auteur d’un ouvrage de référence sur la question en 2002 (Right Hand, Left Hand. The Origins of Asymmetry in Brains, Bodies, Atoms and Cultures).
Les explications scientifiques sur ce qui conditionne les gauchers et les droitiers ne manquent donc pas. En revanche, l’origine d’une prédominance de droitiers chez les êtres humains reste floue. Une piste couramment relayée porte sur la position du fœtus in utero, ses membres droits étant plus souvent situés du côté des tissus souples de la mère, renseigne la revue Science & Vie. Une certitude, toutefois, d’après les analyses de l’art pariétal: l’homme préhistorique était déjà aussi souvent droitier que son descendant.
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