Johnson & Johnson, AstraZeneca: le type de vaccin en question ?
Après AstraZeneca, c’est le vaccin Johnson & Johnson qui se retrouve dans la tourmente. Ces deux vaccins contre le Covid sont basés sur la même technologie. Cela peut-il expliquer la situation ?
La crainte d’un « AstraZeneca bis »
La Belgique a finalement décidé de ne pas injecter ses premières doses du vaccin Janssen (Johnson & Johnson), comme il était initialement prévu. Une « conclusion logique », selon le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke. Le fabricant lui-même ayant demandé à ses clients de mettre sur « pause » l’utilisation de son produit après l’apparition de quelques cas graves de thromboses aux États-Unis, dont certains mortels. Ces cas font penser aux incidents rapportés il y a quelques semaines au sujet du vaccin AstraZeneca, qui ont finalement poussé la Belgique à réserver ce produit aux plus de 55 ans. Avant de décider de la suite, le gouvernement attend l’évaluation de l’EMA, l’Agence européenne des médicaments, qui devrait publier une recommandation la semaine prochaine, après examen approfondi des cas problématiques rapportés.
La pause de quelques jours avec le vaccin Janssen, dont les premières doses étaient arrivées cette semaine (36.000 vaccins livrés lundi), ne porte néanmoins pas préjudice à la campagne de vaccination pour l’instant. Les près de 1.700 personnes qui devaient se voir injecter une dose du vaccin de Johnson & Johnson la semaine prochaine en Wallonie recevront un autre vaccin. « La cadence de vaccination restera identique », assurent les autorités wallonnes.
Des effets similaires
Jusqu’à présent, la « forte association » avec des troubles sanguins rares ne concerne que le vaccin d’AstraZeneca, avec quelques dizaines de cas sur environ 25 millions de doses dans le monde. Bien que le taux de déclaration varie fortement d’un pays à l’autre. En Allemagne, il est de 1 pour 100.000 vaccinations. Pour le vaccin de Johnson & Johnson, un total de six rapports ont été faits pendant les essais cliniques et le déploiement aux États-Unis sur environ 7 millions de seringues.
Dans le cas d’AstraZeneca comme de Johnson & Johnson, les soupçons sont nés après des cas de thromboses (formation de caillots sanguins) chez quelques personnes vaccinées. Il ne s’agit pas de thromboses banales, par exemple de simples phlébites, mais de thromboses très inhabituelles.
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D’une part, elles sont atypiques par leur localisation: elles touchent « des veines du cerveau (thrombose des sinus veineux cérébraux) » et, dans une moindre mesure, de l’abdomen, a indiqué le 7 avril l’Agence européenne des médicaments (EMA) au sujet d’AstraZeneca. Idem pour Johnson & Johnson, avec lequel ce sont également « des thromboses des sinus veineux cérébraux » qui ont été observées, ont souligné les autorités sanitaires américaines, FDA et CDC, qui ont suspendu l’utilisation de ce vaccin aux États-Unis.
Outre leur localisation, ces thromboses intriguent, car elles s’accompagnent d’une chute du niveau de plaquettes sanguines, les cellules qui aident le sang à coaguler. Paradoxalement, cela peut donc provoquer des hémorragies en plus des caillots sanguins. Les deux vaccins ont été identifiés comme étant « la cause probable » de ces événements très atypiques.
Le type de vaccin en cause ?
Les vaccins existent depuis des décennies et constituent un excellent moyen de protéger la population contre toutes sortes de maladies infectieuses. Les vaccins contre la rougeole, les oreillons, la rubéole, la grippe et autres ont sauvé un très grand nombre de vies et sont très sûrs. Ils s’accompagnent généralement d’effets secondaires classiques, allant de la fièvre aux douleurs musculaires, en passant par une sensation de malaise et des réactions à l’endroit de l’injection. Il s’agit de réactions normales qui indiquent une activation du système immunitaire et qui disparaissent généralement après environ deux jours. Ces vaccins traditionnels n’entraînent pas d’effet secondaire rare, à savoir la formation de caillots sanguins (thrombose) et une pénurie de plaquettes sanguines (thrombocytopénie). Alors pourquoi apparaissent-ils maintenant dans de très rares cas avec les vaccins contre le Covid ?
Les deux vaccins, Johnson & Johnson comme AstraZeneca, utilisent la même technologie recourant à un adénovirus pour vecteur. Cela peut-il expliquer la situation ? Même si rien n’est encore prouvé, il est de plus en plus vraisemblable que les problèmes sanguins soient liés à la technique sur laquelle sont basés ces deux vaccins. Tous deux sont des vaccins dits à « vecteur viral »: on prend comme support un autre virus, qu’on modifie afin qu’il transporte dans l’organisme des informations génétiques permettant de combattre le Covid. Ils utilisent comme support un type de virus très courant appelé adénovirus. AstraZeneca a opté pour un adénovirus de chimpanzé, Johnson & Johnson pour un adénovirus humain.
Lors du lancement, la technique de l’ARNmessager (Pfizer, Moderna, CureVac) a particulièrement attiré l’attention en tant que toute nouvelle technologie vaccinale, car elle n’avait jamais été utilisée auparavant pour un vaccin. Mais les vecteurs adénoviraux comme ceux d’AstraZeneca, de Johnson & Johnson, mais aussi du vaccin russe Spoutnik V, sont également assez récents. Les seuls vaccins utilisant cette technologie à ce jour sont le vaccin contre le virus Ebola et un vaccin contre la rage pour les animaux. Dans les vecteurs adénoviraux contre le Covid, des adénovirus existants (animaux ou humains) sont modifiés avec l’ADN de la protéine épineuse du coronavirus. Cet ADN donne à l’organisme les instructions nécessaires pour produire le morceau de virus lui-même, puis fabriquer des anticorps contre lui.
Les scientifiques soupçonnent désormais que ce composant génétique du vaccin provoque un dysfonctionnement du système immunitaire de certaines personnes. Dans de très rares cas, lorsque des vaccins génétiques sont injectés, certaines cytokines sont produites et attaquent notre organisme. Ce sont ces cytokines qui provoquent les symptômes apparemment contradictoires de la thrombose et de la thrombocytopénie.
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