Il y a une dizaine d’années, notre confrère de Knack Dirk Draulans s’est fait stériliser. Il ne regrette absolument pas sa décision. Et pour ceux qui hésitent : en principe, l’intervention est réversible.
Il est incompréhensible que la stérilisation masculine, comme mode de contraception, fasse encore autant l’objet d’hésitations, même si la pratique a le vent en poupe. Beaucoup d’hommes, et pas mal de femmes et de professionnels de la santé, partent automatiquement du principe que la contraception est une question de « pilule » : quelque chose que prend une femme pour neutraliser sa fertilité. Par commodité, on oublie souvent que toutes les dames ne réagissent pas aussi bien aux hormones qui réalisent le « freinage ».
La stérilisation masculine n’est pas encore une alternative évidente à la pilule contraceptive alors que c’est une intervention simple
La stérilisation masculine n’est pas encore une alternative évidente alors que c’est une intervention simple : quelques entretiens préparatoires avec un médecin pour être certain de sa décision, quelques heures à l’hôpital et retour à la maison, avec pendant quelques jours une sensation légèrement étrange entre les jambes. Quand je l’ai fait il y a une dizaine d’années, j’ai fait le trajet aller-retour seul. Je n’ai eu aucun problème.
Comparée à l’absorption d’un cocktail d’hormones des années durant, c’est une opération banale. Trois jours après, on ne sent plus rien, et après six semaines, on fait un test pour vérifier si on est bien stérile. Si c’est le cas, il ne faut plus s’inquiéter de provoquer une grossesse non désirée, car ce risque est devenu pratiquement nul. Les femmes semblent aussi prêtes à croire un homme qui dit qu’il est stérilisé, probablement parce que l’intervention n’est pas évidente.
J’imagine qu’il n’en irait pas de même pour une pilule contraceptive masculine (qui n’existe pas). Si j’étais une femme, je ne prendrais pas le risque de faire l’amour avec un homme qui déclare qu’il « prend la pilule ». J’ai appris que s’il n’y a toujours pas de pilule masculine, c’est notamment parce que le marché est trop petit, justement à cause de cette méfiance féminine : ce n’est pas l’homme qui va se retrouver « enceint » s’il s’avère qu’il a oublié de prendre sa pilule.
Beaucoup d’hommes semblent penser qu’ils perdent leur masculinité en étant stériles. C’est un raisonnement ridicule. Couper les canaux déférents n’a pas d’effet sur la production de l’hormone sexuelle testostérone qui fait des hommes ce que beaucoup pensent qu’ils doivent être : des machos au tempérament parfois doux, mais surtout des machos. Ce n’est pas non plus une atteinte à l’intégrité physique.
L’année passée, des sociologues de l’Université de Gand ont prouvé que la décision de procéder à la stérilisation masculine dépend du rapport entre l’homme et la femme dans le couple. Les vrais machos laisseront la contraception à la femme, mais dans les relations plus équilibrées (ou quand c’est la femme qui tire les ficelles), l’homme subit plus facilement une vasectomie. Pour l’instant, la stérilisation semble surtout l’apanage de couples diplômés de l’enseignement supérieur.
À l’époque, j’avais surtout pris ma décision parce que je trouvais que j’avais mis suffisamment d’enfants au monde, et qu’il y avait assez d’humains sur la planète. Cependant, le fait que la stérilisation permet de faire l’amour sans préservatif ou autre contraception peu pratique est un atout supplémentaire.
Pour ceux qui ne le font pas parce qu’ils pensent un jour entamer une relation avec quelqu’un qui veut un enfant: l’intervention n’est pas réversible par définition. Cependant, l’opération inverse est d’un autre ordre que la stérilisation, car le chirurgien a besoin de temps pour chercher les canaux déférents et les relier entre eux. Cette intervention se pratique sous anesthésie générale et en principe elle requiert au moins une nuit d’hôpital. Et pendant quelques semaines, elle cause une sensation désagréable entre les jambes. En outre, elle ne garantira pas à 100% un retour à la fertilité.
Ce n’est donc pas une option à prendre à la légère, mais pour un homme il vaut la peine de l’envisager et de faire l’opération inverse plus tard, quand on est prêt à fonder une famille. Au cas où cela ne fonctionnerait pas, il y a moyen de rassembler quelques échantillons de semences et de les garder dans une banque de sperme pour éventuellement les utiliser après coup pour pratiquer une FIV ou une ICSI (une FIV avec un spermatozoïde). Le succès n’est pas garanti, mais peut-être qu’il faut tout de même envisager cette méthode comme alternative à la pilule féminine.
Les hommes modernes ont intérêt à illustrer qu’ils sont prêts à se sacrifier au moins en partie à une relation saine. L’époque où l’on pouvait séduire une femme intéressante en envoyant une balle de foot dans un but est révolue (à moins que cela vous fasse gagner des millions d’euros par mois, ce qui n’est pas donné à la plupart d’entre nous).
À toutes fins utiles, encore cette communication de service: la stérilité ne protège évidemment pas contre les maladies sexuellement transmissibles (tout comme la pilule).
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