Gwendolyn Rutten
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Ignorée, minimisée, la ménopause « c’est bien plus que des bouffées de chaleur »

Début octobre, Gwendolyn Rutten, ancienne présidente de l’Open VLD, demandait que l’on accorde plus d’attention à la périménopause et aux symptômes dont souffrent huit femmes sur dix. Auteure d’un livre consacré à la ménopause, Liesbeth Gijsel explique ce que nous devons tous savoir sur cette période de la vie de chaque femme.

L’humain est à peu près la seule espèce animale chez laquelle la reproduction des femmes s’arrête complètement lorsqu’elles vieillissent. Chez la plupart des autres animaux, la fertilité diminue seulement. « Pourquoi, en tant que femmes, en savons-nous si peu sur les changements physiques associés à la périménopause? », s’interroge Gwendolyn Rutten (Open VLD) dans un article d’opinion paru dans De Standaard, après une année passée à chercher désespérément un diagnostic pour ses symptômes.

« La ménopause, c’est bien plus que des bouffées de chaleur et l’arrêt des règles« , explique la journaliste scientifique Liesbeth Gijsel, qui vient de publier le livre F*ck de menopause (disponible en néerlandais). La ménopause est un processus qui dure des années et qui peut s’installer dès 40 ans sans que les femmes ne sachent vraiment ce qui se passe. De nombreuses femmes sont également confrontées à des problèmes de sommeil, de prise de poids, de sautes d’humeur et d’inconfort musculaire qui peuvent affecter leur qualité de vie.

Cette période est officiellement appelée périménopause, mais Liesbeth Gijsel préfère parler de transition. « La terminologie de la ménopause est assez confuse », explique-t-elle. La ménopause n’est pas une période, mais un seul jour, à savoir le premier jour de la toute dernière menstruation. Ce que l’on appelle la périménopause commence en moyenne cinq à six ans avant la ménopause et dure officiellement jusqu’à 12 mois après, car ce n’est qu’à ce moment-là que l’on sait réellement qu’il s’agit de ses dernières règles. Les effets de la périménopause peuvent toutefois durer bien plus longtemps qu’un an après les dernières règles. C’est pourquoi le terme « ménopause » est plus approprié. La ménopause n’a pas non plus de fin fixe, mais s’arrête lorsque le corps a retrouvé son équilibre hormonal.

Comment se déroule la phase avant la ménopause ?

Liesbeth Gijsel: Les hormones féminines œstrogènes et progestérone fluctuent de plus en plus, les règles se succèdent plus rapidement et les femmes peuvent ressentir toute une série de symptômes, subtils ou non, ainsi qu’une plus grande sensibilité au stress. La période de transition commence bien avant la ménopause, ce qui est tout à fait logique. La puberté s’étale également sur plusieurs années. En moyenne, la ménopause débute vers l’âge de 45 ans, mais elle peut commencer dès 40 ans. Si les effets commencent encore plus tôt, on parle de ménopause précoce. Après cinq ou six ans, la ménopause se déclare effectivement, à l’âge de 51 ans en moyenne.

Selon Gwendolyn Rutten, les troubles de la périménopause sont minimisés ou ignorés. Pour quelle raison?

La plupart du temps, en tant que femme, nous ne nous rendons pas compte que nous sommes ménopausées parce qu’il y a beaucoup d’effets que nous n’associons pas du tout à la ménopause. Par conséquent, certaines femmes continuent à souffrir de leurs symptômes. Elles les ignorent, ne reconnaissent pas leur importance ou ne connaissent pas la bonne solution. Certaines femmes prennent des somnifères pour lutter contre la fatigue, d’autres ont des palpitations et consultent un cardiologue. Mais si les palpitations sont le résultat de bouffées de chaleur, elles sont généralement inoffensives et il n’est pas nécessaire de prendre des médicaments pour le cœur. Pour mon livre, j’ai parlé à des femmes qui se sont vu prescrire des antidépresseurs sans que le médecin ne s’enquière de leurs symptômes de ménopause. Si les changements menstruels sont un signe évident, il n’en va pas de même pour les femmes qui n’ont pas de symptômes de ménopause. Il en va différemment pour les femmes qui n’ont pas de règles naturelles parce qu’elles utilisent un stérilet hormonal comme moyen de contraception.

Pouvez-vous diagnostiquer médicalement la périménopause?

C’est difficile. Il existe un test sanguin, mais il n’est fiable que si les règles sont espacées de six mois ou plus. Une bonne mesure n’est possible que si l’on est déjà proche de la ménopause. Dans la période qui précède, les hormones fluctuent tellement que le résultat d’un test peut être totalement différent d’une semaine à l’autre.

La thérapie hormonale modifiée peut traiter les symptômes de la ménopause. Or, elle est souvent évitée car perçue de manière négative. À juste titre?

En 2002, une étude sur le traitement hormonal substitutif a été interrompue car certaines femmes avaient développé un cancer du sein et des maladies cardiovasculaires. Entre-temps, le tableau des avantages et des inconvénients de l’hormonothérapie est plus nuancé. C’est une très bonne thérapie si vous souffrez beaucoup. Après seulement deux semaines, elle peut réduire les symptômes. Mais des risques subsistent. Par exemple, le risque de cancer du sein, de caillots sanguins, de thrombose et d’embolie est plus élevé. Cependant, ces risques existent aussi pour d’autres médicaments, tels que la pilule contraceptive. On parle aussi beaucoup des nouvelles hormones bio-identiques, qui sont censées être plus naturelles. Mais elles aussi sont fabriquées en laboratoire. Des études montrent qu’elles sont légèrement plus sûres, mais il n’y a pas encore de certitude à 100 % à ce sujet.

« Grâce à un traitement hormonal, les femmes peuvent aller au bout de leurs capacités pendant la (péri)ménopause et redevenir d’excellentes travailleuses », écrit G. Rutten. N’est-elle pas aussi l’occasion d’envisager différemment notre façon de vivre?

J’ai parlé à des femmes qui, pendant la ménopause, ont décidé pour elles-mêmes de ne plus participer à la société axée sur la performance. L’âge joue également un rôle, les femmes se demandent « qui suis-je ? » et « qu’est-ce que je veux encore encore faire ? »

Chaque femme doit décider pour elle-même. Si une femme peut continuer à participer grâce à une thérapie hormonale et qu’elle souhaite vivement continuer à le faire, cela devrait certainement être possible. Mais à l’inverse, la société H24 doit aussi tenir compte des personnes qui ne peuvent plus ou ne veulent plus participer.

Elle plaide également en faveur d’une politique de la ménopause qui part des femmes et tienne compte de leur corps et des changements qui l’accompagnent. À quoi devrait ressembler une telle politique?

Je doute qu’une politique spécifique sur la ménopause soit la bonne solution. Il y a tellement de problèmes de santé qui ont un impact sur le fonctionnement d’une personne sur le lieu de travail. Il est pratiquement impossible d’élaborer une politique spécifique pour chacun d’entre eux. Cela ne veut pas dire que les plaintes, et pas seulement celles liées à la ménopause, ne peuvent pas être prises en compte dans un environnement de travail. Il faut beaucoup plus d’ouverture, de flexibilité et de travail sur mesure. Les employeurs peuvent faire sentir à leurs employés qu’ils sont pris en compte et que des ajustements sont possibles. C’est bénéfique non seulement pour les femmes en transition, mais aussi pour tous les travailleurs âgés, y compris les hommes.

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