Froid et consommation d’alcool chez les sans-abris : « L’idée de boire pour se réchauffer est complètement fausse »
Période de grand froid oblige, les hébergements d’urgence sont saturés et la plupart des sans-abris sont contraints à dormir dehors. Une situation d’autant plus risquée lorsqu’elle est combinée avec la consommation d’alcool.
Plus de dix verres d’alcool par jour, c’est ce que buvaient 43,5% des personnes à la rue en 2022. Des chiffres issus du dernier rapport d’activités de l’asbl DIOGENES, un service d’accompagnement des personnes sans-abris en Région de Bruxelles-Capitale. Le froid peut amener plus de personnes à boire de l’alcool pour se réchauffer.
« L’idée de boire pour se réchauffer est totalement fausse », souligne Thomas Orban, médecin généraliste au Cabinet médical GÉNÉAL, spécialisé notamment en alcoologie. Les boissons alcoolisées ont un effet vasodilatateur c’est-à-dire « qu’elles ouvrent les vaisseaux sanguins qui rejettent ensuite la chaleur à l’extérieur du corps ». Or, cette chaleur est nécessaire pour maintenir une température corporelle stable, indispensable pour affronter une météo frôlant les zéros degrés. « Il est d’autant plus risqué de boire de l’alcool quand il fait froid car on augmente le risque d’hypothermie », ajoute le médecin.
Ainsi, les températures qui touchent la Belgique cette semaine rendent la situation des personnes sans-abri inquiétante. Un grand nombre d’entre elles doivent dormir dehors en raison du manque de place dans les hébergements d’urgence, renforçant le risque d’hypothermie déjà bien présent.
L’alcool, synonyme de survie pour les sans-abris ?
« L’alcool représente un moyen de tenir le coup face aux difficultés de la vie en rue », reconnait Bruno Valkeneers, chargé de communication à l’asbl Transit qui accueille les personnes majeures dépendantes aux drogues. Cependant, il rappelle que c’est surtout le contexte de vie qui amène à des comportements dépendants. « Il ne faut pas tomber dans le stéréotype et associer toute personne précaire en rue à la consommation d’alcool ou de drogue en tout genre. »
D’ailleurs, l’accompagnement est d’autant plus difficile car souvent la boisson est le résultat d’un état mental bien plus complexe. « Un tiers si pas la moitié du problème de sans-abrisme est lié à des pathologies psychiatriques importantes, il ne suffit donc pas de leur dire d’arrêter de boire », rappelle le docteur Orban. La plupart d’entre eux souffrent déjà suffisamment et n’aurons pas la capacité de se prendre en charge seuls. « L’intervention d’aide sur la plan de la santé mentale est primordial», soutient le médecin.
Aurore Wion
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