Chez les hommes aussi, l’âge peut être synonyme d’une moins bonne fertilité. © BELGAIMAGE

«Il ne faut pas attendre 60 ans»: pourquoi les hommes ne devraient pas croire qu’ils peuvent faire des enfants à un âge avancé

Les hommes sont aussi soumis à une horloge biologique, bien que dans une moindre mesure que les femmes. Avec l’âge, les chances d’être père diminue et avoir des enfants tard n’est pas exempt de risque.

«Alors, c’est pour quand, les enfants ?». Passé les 30 ans, les femmes qui ne sont pas mères ont l’habitude d’entendre cette petite question, pas si anodine. Si les hommes échappent plus facilement à l’injonction de paternité avec l’âge, ce serait parce qu’ils ne sont pas soumis à l’horloge biologique, à la différence des femmes. Vraiment?

L’acteur Vincent Cassel est récemment devenu papa pour la quatrième fois à l’âge de 58 ans. Al Pacino a accueilli son dernier enfant à 83 ans… Ces exemples de célébrités montrent que les hommes peuvent procréer à tout âge. En Belgique, 2.254 nouveaux pères avaient plus de 50 ans en 2023, selon les données provisoires de Statbel. Soit seulement un peu plus de 2% des naissances cette année-là, mais la tendance est à la hausse, puisqu’en 1994 les pères de plus de 50 ans concernaient 0,7% des naissances. La Belgique n’échappe pas à la tendance européenne, les hommes et les femmes deviennent parents pour la première fois de plus en plus tard. A 31,3 ans en moyenne pour la mère, et 34,3 ans pour le père ou co-parent, selon les données provisoire de 2023.

En théorie, les hommes sont fertiles toute leur vie

«Un homme en bonne santé est théoriquement fertile jusqu’à un âge très avancé», assure le professeur Hernan Valdes Socin, chef du service endocrinologie au CHU de Liège. Chez les femmes, la capacité à se reproduire s’arrête à l’arrivée de la ménopause, aux alentours de la cinquantaine, qui signe la chute drastique et définitive de production d’œstrogène (hormone sexuelle féminine de la reproduction).

Les hommes connaissent un phénomène similaire au même âge, appelé andropause, mais qui n’est «pas comparable à celui de la femme». La production de testostérone (hormone masculine sexuelle de la reproduction) est certes progressivement ralentie, mais elle ne s’arrête jamais. Dès l’âge de 30 ans environ, la production de testostérone commence à se réduire et à partir de 50 ans, sa concentration dans le sang diminuerait en moyenne de 1% par an, selon le professeur Valdes Socin.

Un homme à moins de chance de devenir père à 60 ans qu’à 20 ans

Thibaud Saussez

Urologue

L’âge n’est pas en soi un facteur d’infertilité, insiste l’endocrinologue, mais des maladies liées à l’âge peuvent entraîner une baisse de la testostérone, comme le diabète, l’hypertension, l’obésité, le cancer de la prostate

Il est sûr qu’un homme à moins de chance de devenir père «à 60 ans qu’à 20 ans», tempère Thibaud Saussez, urologue aux Cliniques de l’Europe. Avec l’âge, à partir de 40 ans environ, le nombre de spermatozoïdes (produits sous l’action de la testostérone) et leur mobilité diminuent. Toutefois, «la fertilité n’est pas seulement associé à la testostérone».

Globalement, la fertilité a diminué ces dernières décennies dans les pays occidentaux. «Sur les 30 dernières années, le taux de spermatozoïdes dans la population mâle générale est plus faible», lance Hernan Valdes Sicon, qui évoque l’impact de l’environnement et du dérèglement climatique. La recherche a effectivement démontré le lien entre fortes chaleurs et baisse de la production de spermatozoïdes.

A partir de 50 ans, des risques lors de la grossesse et pour l’enfant

Une paternité tardive n’est pas non plus sans conséquences. Une étude américaine de 2024 a montré que plus l’âge du père augmentait, plus les risques de complications durant la grossesse étaient grands. Parmi les 46 millions de naissances étudiées entre 2011 et 2022, lorsque le père est âgé de plus de 50 ans, le risque d’accouchement prématuré augmente de 14% par rapport aux situations où le père a la trentaine. La probabilité d’un faible poids à la naissance chez le nouveau-né est également supérieure de 14% et la mère a un risque plus élevé de 13 % de développer un diabète gestationnel.

La probabilité de fausse couche est aussi augmentée, bien qu’à un taux plus faible que l’effet du vieillissement chez les femmes, ajoute le Hernan Valdès Sicon.

L’âge du père peut aussi avoir des effets à long terme sur l’enfant. L’altération génétique de la progéniture double avec la hausse de l’âge du géniteur tous les dix ans, en raison de la modification de l’ADN du spermatozoïde avec l’âge. A partir de 45-50 ans, messieurs, il semble qu’il y a un risque accru de certaines maladies psychiatriques et de troubles du comportement de l’enfant, d’après des données déduites de procédures de fertilité in vitro. «La recommandation reste de ne pas attendre 60 ans pour faire des enfants», exhorte l’endocrinologue.

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