Existe-t-il des têtes à poux?
Les poux, certains en souffrent plus souvent que d’autres. Existe-t-il pour autant des « têtes à poux »? La science se gratte la tête.
Nom: pediculus humanus capitis. Particularité: déteste les chauves. Ce qu’il aime, sans distinction, ce sont les cheveux. Propres ou sales, d’enfants ou d’adultes, de filles ou de garçons. Le pou n’est guère regardant. Vraiment?
Sous couvert d’anonymat – la bête est honteuse, on évite de prononcer son nom – des parents concèdent toutefois que, ô malheur, leur progéniture a une «tête à poux»! A chaque rentrée, à chaque stage, après chaque soirée pyjama, c’est garanti, Arthur, Lili et Cie sont infestés de suceurs-piqueurs qui, tels des soldats en rangs serrés, se gavent du sang de leur cuir chevelu.
Mais pourquoi eux? La science se gratte la tête. Mais apporte son lot d’observations, à défaut de conclusions. Ainsi, plusieurs études menées en Europe montrent que les écolières ont un taux d’infestation par les poux nettement supérieur aux écoliers. En cause: la longueur de la chevelure. Les cheveux longs entrent plus facilement en contact avec d’autres cheveux. Et les filles auraient davantage de proximité entre elles que leurs petits camarades masculins. Car même si les poux ne sautent pas, ils peuvent voyager d’une tête à l’autre rapidement: 23 centimètres par minute, selon la Société canadienne de pédiatrie. Pas mal pour une bestiole dont la taille moyenne est comprise entre deux et quatre millimètres. Pour réduire la transmission? Vive la queue-de-cheval!
La mode des selfies aurait aussi engendré une recrudescence de la contamination, a constaté Christina Ruob, pharmacienne suisse spécialiste des poux de tête. Là aussi, surtout chez les filles. Qui aurait cru qu’une simple photo partagée pouvait causer des jours de démangeaisons?! Voire une source d’anxiété et d’émotions négatives, d’après des épidémiologistes québecois.
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Pour expliquer les infestations à répétition, dermatologues et autres spécialistes du cheveu pointent également la nature de ce dernier. Le pou raffolerait des toisons lisses, beaucoup moins des crinières frisées et crépues, dans lesquelles les pinces qui garnissent ses pattes ont davantage de difficultés à s’agripper. Pour autant, cela ne signifie pas qu’ils sont «antipoux» mais juste vulnérables.
«Lili a les cheveux blonds, elle a plus de chance d’attraper des poux!» Non, les poux ne préfèrent pas les blondes, ni les blonds, d’ailleurs. Ils se contrefichent de la couleur des cheveux. Tout comme des produits chimiques dont on les recouvre. Inutile, donc, d’imposer une «colo» noir de jais à Lili. Le pou ne fait pas non plus de distinction entre les pauvres et les riches, les adeptes des douches trois fois par jour ou ceux qui refusent de se laver plus d’une fois par semaine. Ce serait prendre le pou pour plus bête qu’il n’est.
Car à défaut d’être beau, le pou est malin. A tel point qu’il est parvenu à modifier son patrimoine génétique pour résister aux produits qui espéraient en venir à bout. Ou de se mettre en état de mort apparente lorsqu’il est plongé dans l’eau et se réveiller une fois au sec. Alors quid de notre question de départ? Oui, il existe des têtes à poux, mais de là à les expliquer… Seule certitude sur les poux, «nous ne réussirons jamais à les éradiquer», conclut Christina Ruob.
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