Est-il exact que le Belge est de moins en moins résistant aux bactéries ?
L’entrepreneur Kurt Van Tendeloo (Hygieia) prétend dans le quotidien Gazet van Antwerpen que le Belge est de moins en moins résistant aux bactéries, mais est-ce exact ?
Ces dernières semaines, il y a eu un nombre élevé de jeunes atteints de problèmes gastro-intestinaux dans les camps de mouvements de jeunesse. « À cette période de l’année, les bactéries prolifèrent plus que d’habitude », affirme Kurt Van Tendeloo. Son entreprise Hygieia prodigue des conseils en matière de sécurité alimentaire et de gestion d’allergènes, notamment aux mouvements de jeunesse qui organisent des camps.
« Suite à la crise de la dioxine, la Belgique accorde énormément d’attention à la sécurité alimentaire », affirme Van Tendeloo. « C’est positif, mais du coup, le Belge est moins résistant parce que nous sommes peu en contact avec des bactéries. À l’époque aussi, les enfants tombaient malades au camp, mais pas à vingt en même temps. »
On savait déjà que l’usage excessif d’antibiotiques faisait muter les antibiotiques et diminuait leur efficacité, mais les affirmations de Van Tendeloo ne concernent pas la résistance aux antibiotiques. Il s’agit de notre système immunitaire. Le Belge est-il moins résistant aux bactéries comme le titrait Gazet van Antwerpen ? Et sur quoi se base cette affirmation?
« Pas sur la science », déclare Tendeloo, qui est cuisinier de formation, au téléphone. « Mais je suis dans le métier depuis plus de vingt ans, dans les cuisines collectives. Et je siège en connaissance de cause dans des commissions qui y veillent sur la sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire revêt une importance primordiale, particulièrement auprès des groupes vulnérables tels que les enfants ou les séniors. Mais autrefois, quand une pomme tombait par terre à la maison, on la rinçait et on la mangeait. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Et cela nous coûte cher ».
Est-ce également ce que nous apprend la science? Nous sommes effectivement moins confrontés aux bactéries et aux allergènes, toutes sortes de substances et de microbes qui stimulent notre système immunitaire, explique le virologue Marc Van Ranst (KU Leuven). « Le nombre de césariennes a augmenté, les mères donnent plus le biberon qu’autrefois, et nous grandissons plus dans des environnements urbains qu’à la ferme », dit-il. « Ces vingt dernières années, le nombre d’allergies a doublé. C’est ce qu’expliquent un certain nombre de scientifiques – le sujet fait polémique – par ladite hypothèse de l’hygiène. Celle-ci affirme que le contact avec les allergènes dans sa jeunesse est essentiel pour éviter les allergies plus tard. « Une infection gastro-intestinale n’est pas la conséquence d’une allergie », souligne Van Ranst. « Aujourd’hui, ces camps terminés prématurément font la une des médias, mais rien d’autre n’indique qu’il y aurait plus d’incidents qu’autrefois. Les premières constatations révèlent que ces jeunes ont très probablement souffert d’un norovirus. Un tiers des humains y résiste génétiquement, alors que deux tiers tombent malades. Ce que nous avons vu, c’est l’ampleur de cette épidémie si on la laisse suivre son cours. C’était le cas il y a cent ans. Et ce n’est pas différent aujourd’hui. »
Nous sommes davantage vaccinés contre les affections dont mouraient les enfants à l’époque -la polio, la rougeole, la rubéole – et donc plus résistants, ajoute encore Van Ranst.
Même si nous faisons abstraction de ces maladies d’enfants, les déclarations de Van Tendeloo sont sujettes à controverse. « Le nombre de morts bactériens n’augmente pas », explique l’immunologue Adrian Liston (KU Leuven). « Mais il y a un déplacement. Il est vrai que notre système immunitaire a du mal à relever les défis qu’il ne rencontre pas souvent. Étant donné que nous vivons de plus en plus dans les villes et moins à la campagne, nous combattons de moins en moins bien les infections rurales – à cause de bactéries comme la légionelle par exemple – et nous nous défendons mieux contre les infections que les gens se passent les uns aux autres. Mais globalement, nous sommes plus forts que jamais. »
Conclusion
Comme les scientifiques estiment que nous n’avons pas de problème systématique à terrasser les bactéries, Knack juge que l’assertion « Est-il exact que le Belge est de moins en moins résistant aux bactéries ? » est en grande partie fausse.
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