Enfant: Quelle est la meilleure punition ?
Qu’ils soient petits ou ados, de nombreux parents se demandent s’il est bon de punir ses enfants. « Parfois, on n’a pas le choix », disent les experts à De Morgen.
L’un des problèmes de la punition est que lorsque vous punissez votre enfant, c’est souvent de manière impulsive. Cette une décision prise dans l’instant et sans recul qui entraîne souvent dans son sillage une certaine culpabilité. Des milliers de parents se débattent dès lors chaque jour avec cette même question : dois-je punir ? Et si oui comment le faire d’une bonne façon ?
Avant tout, il existe une règle d’or : si la punition est hors proportion, elle perdra tout effet et provoquera au contraire la rébellion. Après, c’est aussi une question d’âge.
Les bébés de moins de six mois ne peuvent être punis, car ils ne savent tout simplement pas ce que c’est que la désobéissance. Ce n’est qu’entre six et neuf mois qu’ils commencent à percevoir les effets de leurs actes et à comprendre le « non ». À partir de deux ans, l’enfant peut accomplir, ou pas, des taches simples. Et c’est justement parce qu’ils réalisent leur nouveau « pouvoir » que les enfants, entre deux et trois ans, sont les moins obéissants. « Je trouve très drôle ce que papa et maman désapprouvent. Testons donc les limites. »
La réaction des parents, c’est de l’attention. Et c’est cela que l’enfant recherche, peu importe la forme que prend celle-ci.
L’ignorance comme punition
« Les ignorer peut donc être une bonne punition pour les enfants entre 1 et 7 ans. Comme le fait de les mettre au coin permet de temporiser. Ce n’est pas vraiment une punition, mais plus l’occasion de dédramatiser. « Sauf que cela ne marche pas pour tous les âges. Par exemple, si vous ignorez les comportements excessifs des adolescents, vous risquez de les renforcer » dit Mark Van Bellinghen, psychiatre pour enfants, dans De Morgen. A cet âge, la pose de limites est essentielle pour le développement de l’empathie et de la conscience. Mais beaucoup de parents en ont peur aujourd’hui. «
Si vous voulez vraiment que le message « tu ne peux pas faire ça » passe, il est judicieux de déterminer à quoi votre enfant est sensible précise encore le quotidien. « C’est un peu méchant, mais il faut « taper » ce qu’ils préfèrent, sinon ça ne marche pas ».
Cruel, peut-être, mais existe-t-il une chose comme une punition agréable? Trouver une « bonne » punition est donc quelque chose de difficile et à régler au cas par cas, surtout en sachant que certains enfants semblent impassibles et peu touché par les mesures de rétorsion.
Leen Du Bois conseille, plutôt que de sévir, d’encourager votre enfant à bien se comporter. Verbalement ou en lui octroyant des récompenses. « Mais que cela n’empêche pas de punir en cas de comportement trop grave », prévient cependant Mark Van Bellinghen, psychiatre pour enfants et adolescents à l’hôpital Onze-Lieve-Vrouw à Alost. « En termes de parentalité, le principe est le suivant : vous autorisez le comportement désiré et vous essayez de réfuter les comportements indésirables. Ce comportement souhaitable peut-être récompenser régulièrement, mais si les enfants ont un comportement qui ne va pas, on ne peut pas systématiquement leur faire miroiter une récompense. C’est de cette façon que nous créons des enfants rois, des « supers narcissiques ». Il faut donc parfois ne pas hésiter à mettre fermement le « hola ».
Van Bellinghen insiste cependant: « Il est crucial que votre enfant fasse le lien entre les conséquences – la punition – et son comportement. Par contre si l’enfant ne fait pas ce lien, comme c’est le cas pour certains autistes par exemple, alors la punition ne sert à rien.
On peut comparer ce principe au fait d’apprendre à conduire en voiture. « Si votre enfant veut conduire une voiture plus tard, il doit apprendre à pousser sur l’accélérateur. Un enfant doit oser explorer les limites, mais il doit tout aussi bien apprendre à freiner. Si jamais personne ne freine à sa place lorsqu’il n’est pas encore capable de le faire, il ne le fera pas non plus tard. De temps en temps, en tant que parent, on ne doit donc pas hésiter à appuyer sur la pédale de frein. »
Punition ne serait d’ailleurs pas le mot juste selon le quotidien. Il s’agit, dans la plupart des cas, plus d’un message indiquant à l’enfant que ce « n’est pas possible ». On leur apprend ainsi à pouvoir se défendre dans la société, à ajuster leur comportement, non pas pour les blesser, mais pour les aider dans leur développement.
Apprendre à doser
Lorsque l’un de vos enfants vous a poussé à bout, il vous arrive de prononcer des phrases un peu définitives du genre: « tu ne pourras plus jamais regarder la télé ». Sauf que ce n’est pas la bonne approche, car il y a peu de chances que vous teniez bon. De coup la menace perd de sa puissance à force d’être répétée sans être appliquée.
La violence rend agressif
Il doit néanmoins y avoir une hiérarchie entre les parents et l’enfant dit Mark Van Bellinghen. « Mais celle-ci doit être intégrée au sein d’un lien émotionnel sûr. Les parents doivent être en mesure d’exercer leur autorité sans force. C’est aussi pourquoi on exclura la punition physique. Car en faisant cela, on commet soit même un geste « indésirable », or en tant que parent on doit toujours servir d’exemple. »
Il n’y aurait par ailleurs que des désavantages dans la « fessée pédagogique » sur les doigts et sur les mains. En effet, vous montrez à votre enfant ce que vous ne voulez pas sans pour autant lui expliquer pourquoi vous ne voulez pas. Ensuite, sur le long terme, la pratique entraîne chez l’enfant des problèmes émotionnels, tels que la peur et une faible estime de soi, préviennent les experts. Les enfants qui reçoivent régulièrement une fessée sont également souvent agressifs envers leur partenaire, selon une étude récente dans le Journal of Pediatrics. Du Bois précise encore dans De Morgen, « en frappant, vous apprenez à votre enfant qu’il existe un lien entre l’amour et la violence, ce qui porte à confusion. Vous faites passer le message qu’une personne qui en a le pouvoir peut battre quelqu’un d’autre. »
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