Image d'illustration. © Getty Images.

Des scientifiques développent une batterie comestible pour mieux surveiller la santé digestive

Une récente étude a mis en avant une batterie comestible rechargeable qui pourrait avoir des implications majeures pour la surveillance du tractus gastro-intestinal, les traitements thérapeutiques et la surveillance rapide de la qualité des aliments. Cependant, des améliorations sont nécessaires pour une application clinique.

Des scientifiques italiens ont récemment présenté un prototype de batterie comestible rechargeable. Selon les recherches, ces appareils digestibles permettraient des diagnostics médicaux plus sûrs et faciles, des traitements et des moyens inexplorés de surveiller la qualité des aliments. Cependant, ce dispositif n’est pas encore au point de pouvoir être utilisé en clinique. Pour plusieurs raisons. 

Actuellement, pour le diagnostic et le traitement de certains problèmes gastro-intestinaux, les médecins utilisent des instruments dotés de piles. Les saignements chroniques du tube digestif peuvent, par exemple, être détectés à l’aide de capsules vidéo-endoscopique qui prennent plusieurs photos à l’intérieur de l’intestin. Or, ces capsules que le patient doit avaler ne sont pas résorbables et doivent être évacuées.

C’est ici que les batteries comestibles pourraient avoir un impact significatif. Immobilisé sur du charbon activé, un additif alimentaire répandu, le dispositif est fabriqué à partir d’ingrédients alimentaires courants et de compléments alimentaires : la riboflavine et la quercétine. Ces deux composants sont utilisés comme anode et cathode et sont ensuite encapsulés dans de la cire d’abeille pour concevoir une pile entièrement comestible. Ce prototype a fonctionné à 0,65 volt (V) en soutenant un courant de 48 microampères (µA) pendant 12 minutes

Jacques Devière, gastro-entérologue à l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (H.U.B), a affirmé que l’étude était très fondamentale et précoce, mais que l’idée était intéressante. Selon lui, cette technologie pourrait aider à prévenir les complications liées à l’ingestion de batteries : « Cette pile comestible donne la possibilité de ne plus devoir contrôler son évacuation. Donc, de ne plus s’inquiéter de la présence d’un rétrécissement qu’on devrait sous-estimer au niveau du tube digestif et qui risquerait l’impaction de la batterie ou de l’instrument qui en contient une. »

Cependant, le Professeur Devière souligne qu’il y a encore plusieurs barrières à franchir avant que cette technologie puisse être utilisée en pratique : « Le gros problème de l’étude c’est que la durée de viabilité n’est pas mentionnée. Ensuite, ce dispositif n’est finalement pas pratique car il est juste trop grand pour être avalé. Finalement, bien que la durée de fonctionnement soit importante, les courants qu’elle génère, malgré la taille de la batterie comestible, sont très minimes et peut-être pour le moment insuffisants. » Il ajoute également que les piles comestibles pourraient se dégrader rapidement, ce qui les rendrait donc moins attrayantes pour les applications de longues durées.

Si cette technologie pourrait offrir de nombreuses opportunités pour améliorer la santé digestive et la surveillance de la qualité des aliments, l’étude est encore à ses débuts. Il reste donc encore du chemin à parcourir avant que cela ne devienne une réalité clinique. 

Laura Droesbeke

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire