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Des radiologues facturent abusivement les mammographies

François Remy Journaliste

Des dizaines de radiologues profiteraient de zones d’ombre dans le système de remboursement de l’assurance santé pour gonfler les notes de frais lors d’examens mammaires, peut-on lire ce vendredi dans le Journal du médecin. Une enquête à l’initiative de la ministre de la Santé ne serait visiblement pas du luxe.

Médicalement injustifié et contraire à la déontologie. Dans le cadre d’examens complémentaires à une mammographie, des radiologues remplaceraient un examen logiquement pratiqué par un autre plus rémunérateur. Pour les adeptes du jargon technique, ils n’effectueraient pas de sonographie power doppler du sein mais une échographie thorax/­abdomen­/bassin. Tout simplement parce que l’Inami ne fournit pas code de remboursement pour le premier mais prévoit une centaine d’euros pour le second.

Pratique ingénieuse et connue, pour ne pas dire courante, assurent certains praticiens, en réaction à une nomenclature Inami mal pensée. Le catalogue des prestations de santé que rembourse l’institut ne suivrait pas d’assez près l’évolution des pratiques courantes et le progrès technologique. En plus, cet argent, qui valorise un examen effectivement réalisé, ne viendrait pas directement grossir le portefeuille du radiologue ou les recettes de l’hôpital, nuancent d’autres médecins, sans pour autant cautionner.

Il s’agit d’abus pur et simple, juge-t-on à titre officieux à la Société belge des Radiologues. L’association professionnelle attend que les autorités de contrôle clarifient la situation. Naturellement, s’il en ressort un cas de fraude avérée, la Société le condamnera dans les termes les plus forts.

Deniers publics détournés en masse ?

Particulièrement sensible à l’usage de notre sécurité sociale et probablement informée par certains médecins ulcérés (ou jaloux), la N-VA a interpellé par écrit la ministre de la Santé. Et pour cause, la députée nationaliste Yoleen Van Camp a estimé le montant annuel de la surfacturation d’examens mammaires à 40.000 euros par radiologue peu scrupuleux.

L’attestation abusive de soins par quelques (dizaines de) spécialistes en radiodiagnostic pourrait dès lors prendre des proportions « énormes », s’inquiète la N-VA. Les 59 millions d’euros générés par les mammographies et autres échographies de dépistage ou de bilan laisseraient effectivement le champ libre aux exagérations.

Et, outre l’aspect moralement discutable, cela pose évidemment un problème d’allocation des finances dans une enveloppe radiologique qui, rappelons-le, reste fermée. Cela se répercute sur une profession majoritairement honnête et ses moyens à disposition pour d’autres examens particulièrement utiles à la population.

Avouons tout de même que la solution, pour que ces radiologues soient moins tentés de jongler avec la nomenclature existante, serait de créer le fameux code de remboursement.

Enfin, la ministre De Block avait répondu à la parlementaire N-VA que, si les faits étaient avérés, cela mériterait une « enquête approfondie ». Mobiliser les contrôleurs de l’Inami semble désormais s’imposer.

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