Début de la saison du pollen de bouleau: « L’allergie a un impact sur la qualité de vie aussi important que l’asthme »
La saison du bouleau est imminente, selon l’Institut de santé publique Sciensano. Une mauvaise nouvelle pour beaucoup de patients allergiques au pollen. Quelles sont les solutions aujourd’hui pour mieux combattre ces allergies ? Le point avec le professeur Charles Pilette, responsable du Centre de l’allergie aux Cliniques universitaires Saint-Luc.
Afin d’aider les patients à mieux se préparer, l’Institut royal météorologique (IRM) et Sciensano lancent un modèle de prévision du risque d’allergie au pollen de bouleau et de graminées. Les bouleaux, dont la saison est imminente, produisent beaucoup de pollen et sont de ce fait considérés comme les plus allergisants en Belgique. De plus, leur saison pollinique intervient après celle, intense et longue, des noisetiers et des aulnes, dont les allergènes sont similaires à ceux du bouleau.
Certaines personnes allergiques à l’un de ces arbres ressentent dès lors des symptômes lorsque les deux autres sont en fleurs. En Belgique, une personne sur dix ressentirait des symptômes allergisants en cas d’exposition au pollen de bouleau, de noisetier ou d’aulne. En outre, le changement climatique allonge en outre la durée des saisons, qui débutent plus tôt sans pour autant se terminer de manière plus précoce. Les arbres allergisants produisent aussi de plus en plus de pollen.
Cependant, les patients allergiques ne doivent pas désespérer pour autant. Il existe en effet différents traitements en fonction de la sévérité de leurs symptômes. Responsable du Centre de l’allergie aux Cliniques universitaires Saint-Luc, le professeur Charles Pilette distingue trois niveaux de sévérité. « Le niveau un, c’est une allergie plus facile à contrôler, où les antihistaminiques arrivent à contrôler leurs symptômes », explique-t-il.
Ces antihistaminiques ne sont toutefois pas efficaces pour tout le monde: certains gardent des symptômes d’allergie aux pollens, de rhinoconjonctivite ou même d’un asthme associé. Ces derniers auront besoin d’un traitement plus appuyé, considéré comme le deuxième niveau. « Généralement, nous utilisons des traitements locaux au niveau de la muqueuse nasale, des remèdes à base de corticoïdes. Ce sont des traitements à faible dose, mais qui lorsqu’ils sont appliqués quotidiennement donnent un très bon effet anti-inflammatoire. Ces derniers seront efficaces dans l’immense majorité des cas », souligne le professeur.
Pour une petite minorité de patients (environ 5%), le troisième niveau distingué par l’allergologue, ces traitements ne suffiront pas. Ces derniers pourront éventuellement se tourner vers un traitement à long terme, appelée la désensibilisation, utilisé le plus souvent pour soigner allergies au pollen de bouleau ou de graminées. Il ne s’agit pas d’un traitement de base d’une allergie au pollen, mais plutôt d’un traitement de seconde ligne, souligne l’allergologue.
Avaler une saison pollinique en une seule fois
« Le principe, c’est d’immuniser l’organisme contre l’allergène qui est ici un pollen, et ce traitement va permettre une augmentation des doses extrêmement rapide. C’est une dose très forte par rapport à la dose naturelle, et c’est ce qui force le système immunitaire à reconnaître l’allergène de manière différente et à empêcher cette réaction allergique. C’est comme si on avalait une saison pollinique en une seule fois », explique-t-il.
Si autrefois, ces doses d’allergènes étaient administrées par injection, aujourd’hui, ce traitement de désensibilisation est surtout prodigué par voie sublinguale (sous la langue) sous forme de comprimés ou de gouttes. « Il ne faut pas se rendre à l’hôpital pour le prendre. Il y a très peu de risques de réaction sérieuse, alors que par injection, surtout s’il y a un asthme associé, il y a un risque, soit asthmatique, soit même d’anaphylaxie (une réaction allergique généralisée). Pour cette raison, il est exceptionnel que nous décidions de faire ce vaccin par voie injectable. En revanche, pour les allergies au venin de guêpe ou d’abeille, le vaccin se fait par injection », précise le scientifique. Généralement, les patients allergiques démarrent le traitement de désensibilisation trois mois avant le début de la saison pollinique.
Pas remboursé
Charles Pilette déplore que ce traitement ne soit pas remboursé en Belgique. Aujourd’hui, seule la désensibilisation aux acariens, et aux allergies aux venins de guêpes et d’abeilles est remboursée. « Ce ne sont pas des traitements que l’on prescrit à l’emporte-pièce sans réflexion. A notre sens, ils devraient être remboursés, comme tout traitement ciblé sur un problème médical important, même s’il n’est pas forcément dangereux, sauf quand il y a un asthme associé. Les études révèlent que l’allergie au pollen a un impact sur la qualité de vie aussi important que l’asthme. Ce n’est pas une infection banalisable: le symptôme de rhinite, de nez continuellement bouché sur ces phases altère la qualité de vie des patients, leur productivité au travail », souligne-t-il.
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