Yves Van Laethem: « On devrait avoir un pic de Covid vers la fin de l’année »
Le Covid pointe à nouveau le bout de son nez en Belgique, (quasi) de concert avec une épidémie de bronchiolites et l’arrivée de la grippe. Faut-il s’inquiéter? Le Vif fait le point avec l’infectiologue Yves Van Laethem.
Le nombre de personnes infectées hospitalisées a de nouveau dépassé la barre des 1.000, avec plus de 76 admissions en moyenne par jour. Les nouvelles contaminations sont également en hausse de 23%. Le taux de reproduction du virus s’établit quant à lui à 1,12. Lorsqu’il est supérieur à 1, cet indicateur signifie que l’épidémie tend bien à s’accélérer. « En effet, le Covid recircule », nous confirme l’infectiologue Yves Van Laethem.
« Quand on regarde la courbe, on a eu la vague de janvier avec le sous-variant d’Omicron BA., puis une en février-mars avec le BA.2, puis le BA.5 a fait son apparition avant l’été. Ici, on est face au variant BQ.1.1 Il y aura surement une vaguelette, mais pas plus importante que les autres, cela n’aura rien à avoir avec celle de de janvier. On devrait avoir plus ou moins la même chose qu’on a eu avec le BA.5. »
Variant BQ.1.1 : quels symptômes ?
Au niveau des variants, la semaine passée, on était à moitié BA.5, moitié BQ.1.1, nous indique l’infectiologue. « Mais ce dernier va mettre dehors le BA.5. » Le BA.5 présente des symptômes que l’on connait bien : fatigue, toux et fièvre, ainsi que maux de tête et écoulement nasal.
Et le BQ.1.1 ? « Cela ne diffère pas vraiment. On est toujours sur des symptômes respiratoires plutôt hauts, adaptés aux voies respiratoires supérieures. C’est ce qui explique que c’est une forme moins pathogène, avec moins de pneumonies et de formes sévères. Le B.Q.11 n’a pas pour l’instant de symptôme spécial et reconnaissable, comme c’était le cas avec la perte d’odorat par exemple. » Un variant qui pourrait néanmoins réinfecter les personnes qui ont fait le Covid précédemment. « Sauf surprise, il devrait être dominant à 90% d’ici la fin de l’année, il sera le Roi pour Noël et Nouvel an. »
Covid, bronchiolites… avant la grippe
Le Covid n’est pas la seule maladie qui circule en ce moment. Plusieurs services de pédiatrie hospitalière sont saturés en Belgique, faisant face à une épidémie de bronchiolite « sans précédent », comme c’est également le cas en France. Des maladies qui ne touchent pas le même public cible, mais qui peuvent augmenter la pression sur les hôpitaux. « Pour la bronchiolite, cela touche principalement les enfants, qui sont moins sujets au Covid. En ce moment, cela touche majoritairement des enfants de moins de 6 mois à un an. Mais on a aussi des enfants qui le font quand ils grandissent car ils l’ont pas rencontré ce VRS (virus respiratoire syncytial) pendant 2 ans, avec les gestes barrières et l’interférence avec les différents virus », explique Yves Van Laethem.
Pour la grippe, il faut calmer le jeu pour l’instant, selon lui. « Elle va arriver, sauf miracle. L’adversaire sera là, mais il n’est pas encore sorti des vestiaires. La grippe circule un peu mais la quantité est peu importante. On a vu en Australie, puis ensuite aux Etats-Unis et au Canada, qu’elle arrivait plus rapidement que d’habitude dans la saison. » Les premières données montrent par ailleurs que le vaccin contre la grippe de cette année est bien calibré et qu’il n’est pas à côté de la plaque.
Triple épidémie
Chez nos voisins français, Santé publique France alerte contre une « triple épidémie ». Selon France Info, la grippe frappe le pays précocement, s’ajoutant à un Covid en pleine remontée et à une bronchiolite qui atteint des niveaux jamais vus depuis plus de 10 ans chez les nourrissons. Une situation qui se répercute fortement sur un système de santé déjà éprouvé.
Le risque est-il aussi présent chez nous ? « On n’est pas encore dans une triple épidémie. Avec la bronchiolite et le Covid, on est dans une double épidémie, mais qui ne touche pas spécialement les mêmes publics. » Une situation néanmoins difficile à gérer pour les hôpitaux, qui sont submergés de travail depuis deux ans. « Il y a une pénurie de personnel, ceux qui sont toujours là sont fatigués. L’hiver est toujours une période chargée pour les infections respiratoires, et à cela s’ajoute l’activité classique (examens, opérations, suivis…). Les hôpitaux tournent à plein régime », nous explique encore Yves Van Laethem. L’infectiologue ne pense pas que la Belgique doive faire face à un triple pic épidémique.
Le masque bientôt de retour?
La Belgique pourrait cependant connaitre deux pics simultanés ou proches. « On devrait avoir un pic Covid vers la fin de l’année, avec en parallèle une diminution des VRS vers fin année/début janvier, et un pic de grippe fin d’année/mi-janvier. » Suffisant pour faire revenir les masques dans notre quotidien ? « Non, je ne pense pas. On n’est pas dans l’optique d’un masque obligatoire pour l’instant. Cela ne fait pas partie des cartes à jouer, mais on peut bien sûr toujours sortir un joker s’il faut. »
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