Covid
Le virologue Steven Van Gucht (Sciensano) se veut rassurant après l’apparition d’un nouveau variant Covid. © DR

Un retour inattendu du Covid cet été avec KP2 et KP3? Les réponses du virologue Steven Van Gucht

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Les contaminations au Covid n’avaient plus été aussi élevées depuis l’hiver dernier. En cause, l’apparition d’un nouveau variant, plus transmissible et qui semble mieux contourner le vaccin. Faut-il pour autant s’inquiéter?

On l’avait presque oublié. Mais, non, le Covid n’a jamais réellement disparu. Il ressurgit même de façon assez marquée durant ce mois de juin. Le variant KP2, «enfant» du JN1 qui dominait l’hiver, éviterait les anticorps et se fixerait mieux aux cellules qu’il souhaite infecter. De quoi redouter un retour en force du virus? Le point en cinq questions avec le virologue Steven Van Gucht (Sciensano).

1. Comment définir la situation actuelle?

«Même si on en parle moins, on a toujours connu une continuité dans la circulation du virus, rappelle Steven Van Gucht. Le dernier pic important datait de novembre-décembre. Ensuite, les chiffres ont connu leur niveau le plus bas depuis le début de la pandémie.»

Depuis quelques semaines, le virologue constate une claire augmentation des contaminations. Cette dernière est à relativiser: le bond est nettement moindre que ceux que l’on a connu dans le passé.

Le Covid n’est toujours pas un virus typiquement saisonnier.

Steven Van Gucht

Virologue (Sciensano)

«Le phénomène est toutefois notable, dans le sens où la majorité des virus respiratoires ont tendance à moins circuler durant la période estivale. Cela signifie que le Covid n’est toujours pas un virus typiquement saisonnier, déduit l’expert. En d’autres termes, il est toujours en phase de transition. Dans deux années, on peut espérer qu’il ressurgisse uniquement en automne/hiver, comme la grippe.»

Dans les eaux usées et chez les médecins généralistes, la multiplication des cas de Covid est bien réelle. Même si, dans les hôpitaux, la situation reste très calme. «On ne constate pas de surmortalité en lien avec le virus. Cela démontre que notre immunité est toujours assez forte. Et que les symptômes de ce nouveau variant sont en général assez légers», estime le virologue.

2. Pourquoi le Covid est-il de retour maintenant?

Ce retour du Covid se justifie doublement:

1. La mauvaise météo du printemps, qui facilite la circulation des virus respiratoires. « En vivant davantage à l’intérieur, avec les fenêtres fermées, la transmission du virus est favorisée.»

2. L’émergence d’un nouveau variant. Il n’est pas très spectaculaire, mais constitue toutefois un changement. JN1 est le variant majoritaire qui a circulé l’hiver dernier. Actuellement, les virologues constatent la diffusion de KP2 et KP3. «Ce sont des ‘enfants’ du variant antérieur, qui restent toujours dans la lignée Omicron», explique Steven Van Gucht.

Ces deux éléments expliquent donc l’augmentation actuelle. Cependant, elle n’est ni spectaculaire, ni inquiétante, assure le virologue. «Avec les vacances estivales et une météo plus favorable, on pourrait même s’attendre à une diminution. Même s’il est trop tôt pour tirer des conclusions, les premiers signaux d’une possible baisse apparaissent dans les eaux usées. En revanche, on doit s’attendre à une nouvelle poussée en septembre-octobre.»

3. Comment résumer la situation actuelle avec les variants?

Vous avez perdu le fil de l’évolution des variants? C’est normal. «Cela reste un travail de virologue», sourit Steven Van Gucht, qui résume la situation actuelle. «Avec KP2, on reste toujours dans la famille Omicron, qui a commencé à circuler depuis un plus de deux ans déjà. Depuis Omicron, en réalité, on n’a plus assisté à de grands changements majeurs, comme c’était le cas entre Delta et Omicron».

Depuis Omicron, en réalité, on n’a plus assisté à de grands changements majeurs.

Steven Van Gucht

Virologue (Sciensano)

Cette stabilisation est plutôt rassurante dans l’optique d’arriver à une situation endémique. «On observe davantage une évolution graduelle, sans grand shift. Désormais, tous les trois à six mois, un nouveau variant apparaît. Avec, en moyenne, deux mutations par mois. Omicron reste le variant dominant, il a même un monopole. C’est une bonne chose.»

4. Quid de la prochaine campagne de vaccination?

La future campagne de vaccination sera principalement destinée aux personnes à risques. Le contenu du vaccin sera adapté. Peut-être trop tard pour que KP2 y soit inclus, le produit étant déjà en cours de fabrication. Ainsi, le variant JN1 sera probablement la base pour les big pharma.

Visiblement, ce décalage pose peu de problèmes, dans le sens où les différences entre les mutations ne sont pas très grandes. Si ce n’est que KP2 semble davantage transmissible. «Entre ces variants, la protection ‘croisée’ est toujours bonne. En automne prochain, il est possible qu’une autre souche émerge. Donc, fabriquer un vaccin avec le variant qui circulera quelques mois plus tard reste un grand défi. Le plus important est de conserver une protection contre la maladie sévère. A cet égard, elle est toujours assurée», complète Steven Van Gucht.

5. Comment recenser des chiffres fiables?

Avec la forte diminution du testing, obtenir des chiffres de la progression du virus dans toute la population est devenu impossible. Ainsi, Sciensano a changé son fusil d’épaule, et travaille essentiellement en récoltant des échantillonnages chez les médecins généralistes et les hôpitaux Vigies (NDLR: qui enregistrent volontairement des données sur les maladies infectieuses).

En complément, les eaux usées sont analysées et peuvent dégager des statistiques structurelles, même si elles ne peuvent en revanche pas indiquer la sévérité de la maladie ou le type de symptômes. «Elles donnent simplement une indication, fiable, sur le degré de circulation dans la population.»

Enfin, Sciensano tient également à l’œil le nombre de tests effectués par les laboratoires, et leur degré positivité, afin de compléter leurs estimations.

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