Le variant Covid ultra-contagieux XBB.1.5 est déjà « probablement » en Belgique: inquiétant? L’avis de Steven Van Gucht
Un nouveau variant du Covid, nommé XBB.1.5, circule fortement aux Etats-Unis. Il semble plus contagieux que toutes les précédentes souches d’Omicron. Est-ce préoccupant ? L’avis du virologue Steven Van Gucht (Sciensano).
Une nouvelle version du variant Omicron s’installe aux États-Unis, selon le dernier rapport des Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Ce sous-variant est connu provisoirement sous le nom de XBB.1.5, et représente déjà près de la moitié des infections au Covid dans le pays. A New York, les trois quarts des nouveaux cas sont causés par cette souche.
XBB.1.5 semble être né de la fusion de deux sous-variants Omicron déjà existants, chez un patient qui souffrait d’une double infection. Le sous-variant aurait alors subi des modifications génétiques supplémentaires, le rendant vraisemblablement plus apte à échapper aux défenses anticorps -constituées par la vaccination ou la maladie- contre l’infection.
« Il semble être contagieux, car il se répand très vite aux Etats-Unis et prend facilement la place d’autres variants. C’est un signal », confirme le virologue Steven Van Gucht (Sciensano). « Deviendra-t-il aussi dominant chez nous ? Pas nécessairement. Dans le passé, on a déjà vu l’émergence d’un variant dans une partie du monde, qui ne se répercute pas sous la même forme en Belgique. »
Ce nouveau sous-variant semble avoir un certain avantage dans son potentiel infectieux par rapport aux sous-variants Omicron existants, qui sont eux-mêmes hautement infectieux. XBB.1.5 est en passe de devenir le variant dominant aux États-Unis.
Variant Covid XBB.1.5: « Il est probablement déjà chez nous »
Jusqu’à présent, aucune trace officielle du sous-variant américain n’a été trouvée dans notre pays, Mais XBB.1.5 est déjà passé sur le continent européen. Il a déjà été repéré en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, par exemple.
Pour Steven Van Gucht, il est probable que XBB.1.5 soit déjà présent en Belgique. « Pour le moment, on n’a pas encore de confirmation. Il est déjà probablement chez nous. Une certitude : il n’est pas encore dominant. On verra s’il le devient, mais je ne pense pas qu’il sera un game changer qui va tout bouleverser. Cela me semble improbable », prédit-il.
La forte et rapide propagation de XBB1.5 aux Etats-Unis doit-elle cependant nous interpeller ? « Il faut le suivre, mais je ne suis pas trop inquiet », rassure Steven Van Gucht. De nouveaux variants vont continuer à se succéder, c’est une certitude. Je prévois encore de nouvelles vagues, ou plutôt des vaguelettes, qui, en combinaison avec la grippe et d’autres virus respiratoires, peuvent provoquer une nouvelle charge pour nos hôpitaux. Mais je ne crois pas à une très grande vague à cause de ce variant XBB1.5.«
Il serait « vraiment étonnant que XBB.1.5 change la donne » sur le Covid
Le principal élément qui doit nous rassurer, selon le virologue de Sciensano, est que XBB.1.5 demeure un variant Omicron. « On reste dans la même famille, c’est une bonne chose. Ce nouveau variant est le résultat d’une recombinaison, ce qui n’est pas du tout étonnant pour le coronavirus. Mais on observe qu’il prend la place d’autres variants. A New York, il représente déjà plus de 70% des infections : c’est beaucoup. »
Pour l’instant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’est pas très préoccupée par le sous-variant américain. Elle garde un œil sur le sujet, mais ne l’a pas classé comme « préoccupant », car rien ne prouve que l’infection par XBB.1.5 entraîne une maladie plus grave que celle provoquée par les sous-variants Omicron existants. Il ne semble pas qu’il y ait davantage de complications, ni que la protection offerte par la vaccination soit compromise.
Steven Van Gucht rejoint l’observation de l’OMS. « S’il y a bien une chose qui continue d’être confirmée partout dans le monde, c’est la bonne protection des vaccins Covid contre les formes graves de la maladie. Elle est durable, encore plus avec le booster. La vaccination protège faiblement contre l’infection et les symptômes légers, c’est vrai. Mais contre les formes graves, on voit que la protection est efficace. Cela m’étonnerait vraiment que XBB1.5 change cette garantie », affirme-t-il.
La Chine, risque numéro 1? « Il faut relativiser »
De nombreux pays s’inquiètent de possibles nouveaux variants et imposent des tests aux voyageurs venant de Chine.
Aucune nouvelle souche du Covid n’a cependant été détectée. Selon Xu Wenbo, un responsable du CDC, une nouvelle base de données nationale à partir de la collecte d’échantillons des hôpitaux est en préparation.
Les sous-lignages du variant Omicron BA.5.2 et BF.7 restent dominants à Pékin, a-t-il indiqué, en réponse aux craintes que le variant Delta, plus dangereux, circule encore. Omicron l’est à Shanghai. Dans de nombreux pays occidentaux, les sous-variants XBB et BQ, plus transmissibles mais pas encore majoritaires en Chine, ont pris le dessus.
« Je relativise la situation en Chine », tempère Van Gucht. « On voit la pression de plusieurs pays pour prendre des mesures. Mais la Chine ne doit pas être l’unique préoccupation. Le nouveau variant qui émerge, c’est à New York ! La différence, c’est qu’il y a plus de transparence du côté américain. On a confiance en leurs données. »
Le mois dernier, la Chine a soumis 384 échantillons d’Omicron à la base de données mondiale Gisaid, selon son site internet. Mais le nombre total d’échantillons de Pékin depuis le début de l’épidémie (1.308) reste cependant bien inférieur à ceux d’autres pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Cambodge ou le Sénégal.
Les récents échantillons apportés par Pékin « ressemblent tous fortement aux variants connus et circulant dans le monde entre juillet et décembre », selon Gisaid. « Les seules données disponibles montrent qu’il s’agit de vieux variants qui circulent actuellement, confirme Steven Van Gucht. « Tant que tout se passe dans la famille Omicron, je n’imagine pas de très grands changements dans le profil des malades. »
Le virologue Jin Don-yan, de l’université de Hong Kong, a estimé récemment dans un podcast que la possibilité qu’un variant plus mortel émerge en Chine reste « très faible ».
Renforcer les contrôles ?
Dès lors, faut-il renforcer les contrôles Covid pour les voyageurs venant de Chine ? Steven Van Gucht s’inscrit dans la position du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, qui plaide pour une approche européenne globale. « Si tous les pays le font, alors oui, la Belgique doit suivre. Mais sans consensus européen, la Belgique ne doit pas le faire, car en agissant seul, l’impact sera très limité. C’est normal qu’il y ait une inquiétude quand on reparle de la Chine car c’est là que la pandémie a débuté. Mais si on fait quelque chose, c’est important de le faire tout ensemble », conclut le virologue.
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