Covid
© Getty Images

Doit-on encore se faire vacciner contre le Covid? Un élément oppose Wallonie et Flandre

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Les différentes régions s’activent pour lancer leur campagne de vaccination contre le Covid. La Wallonie, en retard, proposera des recommandations légèrement différentes par rapport à la Flandre. Le fruit d’un long débat au sein de Conseil Supérieur de la Santé.

Les campagnes de vaccination contre le Covid connaissent leur coup de boost au sortir de l’été. Entre Flandre, Bruxelles et Wallonie, elles diffèrent par leur timing, leur ampleur et par certaines recommandations (lire plus bas). Mais toutes visent un objectif commun: le ciblage des personnes à risque, presque exclusif désormais, afin d’amoindrir la pression sur le système hospitalier à l’approche de l’hiver.

Une hausse de cas de Covid en septembre

Depuis début septembre, les chiffres de contamination au Covid connaissent une nouvelle hausse. Elle peut s’expliquer, notamment, par la réouverture des écoles et les retours de l’étranger. «Ce phénomène typique du mois de septembre a déjà été observé sur les dernières années, commente le virologue Steven Van Gucht (Sciensano). La hausse actuelle est réelle mais modérée», rassure-t-il. Car si le nombre de cas dans la population augmente bel et bien, la situation est plutôt normale dans les hôpitaux. «C’est un bon signe, car cela signifie que les infections sont légères pour la majorité des personnes. Les futurs bonds restent difficiles à prédire», indique Steven Van Gucht.

Ce contrôle relatif n’empêche pas les autorités de mettre le paquet sur les campagnes de vaccination. En Flandre, deux millions de doses de marque Pfizer, adaptées au variant JN1, sont disponibles gratuitement en pharmacie ou chez le médecin généraliste. Deux millions qui correspondent en réalité au nombre de personnes jugées à risque dans la Région. «Etant donné qu’il est impossible de convaincre l’ensemble des personnes à risque de se vacciner, on peut s’attendre à un surplus qui pourra toujours servir dans les prochains mois», estime le virologue.

Vaccination Covid: qui est concerné?

D’après Steven Van Gucht, ce rappel automnal est essentiellement destiné aux groupes à risque: les 65 ans et plus, les personnes qui souffrent d’une maladie chronique ou immunodéprimées, ainsi que le personnel des soins de santé. «Une personne de 30 ans en bonne santé n’est pas spécialement concernée par cette nouvelle campagne, même si la vaccination reste une bonne démarche», nuance-t-il. L’objectif affiché? Vacciner 70% des personnes à risque. « Ce serait considéré comme un très bon résultat. Pour la grippe, obtenir ce taux est déjà assez compliqué.»

Quelle période pour quel objectif?

Dans le passé, le Covid a toujours connu un pic fin de l’automne/début de l’hiver. Dans cette optique, l’avant-hiver semble être le moment idéal pour effectuer la piqûre de rappel. «De façon générale, cette période est propice à la circulation des virus respiratoires. Mais le Covid reste toujours imprévisible et son développement est plus variable en comparaison avec d’autres virus purement saisonniers. Par exemple, la petite vague survenue cet été n’était pas vraiment attendue.»

L’objectif, aussi, est de limiter la pression sur le système de soins de santé. «La vaccination permet de réduire de 50% le risque d’hospitalisation, selon les dernières données européennes», chiffre Steven Van Gucht, qui rappelle également qu’il est possible de réaliser les vaccins Covid et grippe simultanément: un dans le bras gauche, l’autre dans le bras droit, sans souffrir d’effets secondaires démultipliés.

Car, si la situation a toujours été évitée par le passé, il est possible que le système hospitalier doive faire face à un pic de grippe et de Covid en même temps. «Heureusement, il y a toujours eu un décalage entre les deux courbes depuis l’apparition du coronavirus. On espère que cela ne sera pas le cas cet hiver car la pression pourrait alors être très forte sur les hôpitaux».

Et en Wallonie?

La Flandre et Bruxelles ont donc lancé leur campagne de vaccination. Côté wallon, le silence radio actuel interroge. Aucune date de lancement annoncée, ni d’information de campagne. Pourtant, tout est prêt, ou presque. Les vaccins sont arrivés, et déjà disponibles en pharmacie depuis une dizaine de jours.

L’Agence wallonne pour une Vie de Qualité (AViQ) s’impatiente quelque peu. Elle attend toujours l’avis du Conseil Supérieur de la Santé (CSS) pour communiquer au grand public. «Les informations principales sont déjà envoyées aux professionnels de la santé, mais nous attendons encore l’avis du CSS pour lancer notre campagne», explique Laura Kotlar, porte-parole de l’AViQ. Un lancement dans le courant de cette semaine est espéré.

Le message global, cependant, reste le même entre Régions. «Le focus se porte sur les personnes vulnérables, les consommateurs de tabac et le personnel soignant. Un point d’exclamation est également mis sur la vaccination «cocon», qui concerne les personnes avec des proches immunodéprimés», énumère Laura Kotlar.

Le nombre de vaccins commandés par la Wallonie reste inconnu, mais il est en tout cas inférieur aux deux millions flamands. Sur les 1.500 pharmacies wallonnes, 1.000 seront aptes à vacciner dans leur officine.

La question de la femme enceinte

Ce retard wallon pourrait irriter. Mais, surtout, la Flandre aurait dégainé très (trop?) tôt, dit-on, faisant fi des consignes de sécurité du fabriquant Pfizer pour lancer sa campagne.

Yves Van Laethem, infectiologue retraité désormais président du Conseil Supérieur de la Santé, assure que l’avis tant attendu (et qui ne concerne pas uniquement le Covid) est en train d’être finalisé. «Il est vrai que le timing est un peu tardif cette année-ci, reconnaît-il. Le Mpox et les craintes vis-vis à du H5N1 n’ont pas rendu sa sortie plus rapide. Les autorités le recevront dans les prochains jours.»

Au sein de celui-ci, les recommandations classiques ne changent pas. Le vaccin Pfizer est adapté à un des derniers variants (JN1, KP2 et/ou KP3). «L’immunité croisée de ce vaccin sera excellente», affirme Yves Van Laethem.

Contrairement à la Flandre, le CSS se montrera moins formel quant à la nécessité, pour la femme enceinte, de se vacciner contre le Covid. «Cela ne signifie pas que nous avons des craintes d’impact négatif du vaccin sur la fertilité, précise Van Laethem. En revanche, l’influence du Covid sur le bon déroulé de la grossesse n’est pas si évident qu’avant, principalement depuis l’arrivée du variant Omicron.» Ce point semblait donc très discutable pour le CSS, étant donné les nombreux autres vaccins également conseillés lors d’une grossesse. Le vaccin contre la coqueluche, surtout, sera davantage mis en avant.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire