Covid : « Je ne me fierais pas aux données chinoises »
L’explosion du nombre de contaminations en Chine suscite des inquiétudes partout dans le monde: une douzaine de pays ont décidé d’imposer des restrictions aux voyageurs venant de ce pays. En Belgique, les experts sanitaires se penchent sur la situation ce lundi.
Lundi dernier, Pékin a annoncé la fin des quarantaines obligatoires à l’arrivée dès le 8 janvier. Accueillie dans la joie par les Chinois, cette décision marque la disparition du dernier vestige de la politique du « zéro Covid » chinoise qui isolait le pays depuis près de trois ans et a suscité fin novembre des manifestations d’une ampleur inédite depuis des décennies.
L’abandon des restrictions a provoqué une envolée sans précédent du nombre des contaminations. De l’aveu même des autorités chinoises, l’ampleur de l’épidémie est aujourd’hui « impossible » à déterminer, les tests de dépistage n’étant désormais plus obligatoires et les données parcellaires. En un rien de temps, le système de santé s’est retrouvé submergé, les pharmacies prises d’assaut pour les médicaments anti-fièvre, tandis que les crématoriums sont dépassés par l’afflux de corps.
Partager les données en temps réel
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rencontré des responsables chinois pour évoquer l’explosion du nombre des cas de contamination par le Covid-19 dans leur pays, les appelant à partager les données en temps réel afin que les autres pays puissent réagir efficacement. Elle a aussi réclamé des données sur les vaccinations effectuées et le statut vaccinal, en particulier chez les personnes vulnérables et les plus de 60 ans.
Inquiets, plusieurs pays ont décidé d’imposer des restrictions aux voyageurs venant de Chine. En Europe, la France exige de la part des passagers venant de Chine de présenter un test PCR ou antigénique négatif réalisé 48 heures avant leur vol. L’Italie et l’Espagne requièrent également un dépistage du Covid. Les Etats membres de l’Union européenne discuteront mercredi d’une réponse commune à adopter.
Interrogé par le quotidien De Morgen, le virologue Marc Van Ranst ne se montre pas trop inquiet pour la situation sanitaire en Belgique. « En Chine, c’est une grande catastrophe, mais il faut aussi avoir l’honnêteté intellectuelle d’admettre que trois à quatre millions de morts en Chine – ce que l’on prédit aujourd’hui – c’est l’équivalent des plus de 30 000 morts que nous avons eus en Belgique. Ce n’est donc pas complètement inédit ».
Ne pas croire les rapports chinois
Il recommande tout de même de tenir la situation à l’œil et souligne qu’il ne faut pas croire les rapports chinois. « Les taux de mortalité qu’ils rapportent ne sont certainement pas exacts, aussi je ne me fierais pas non plus à leurs données sur les variants en circulation. Il est possible qu’ils soient honnêtes à ce sujet, mais il est préférable de vérifier ».
Le virologue suggère d’examiner les réservoirs sanitaires des avions en provenance de Chine. « Je ne dis pas qu’il faut tout fermer, mais je propose de les vérifier ». Cette procédure permettrait de détecter d’éventuels variants en circulation. Il ne s’attend pas à un variant dangereux pour les Belges, mais rappelle que la Chine compte 1,5 milliard d’habitants. « Là-bas, la vague va déferler d’un seul coup, ce qui donne au virus un énorme potentiel de réplication, et à chaque réplication, il y a un risque de mutation. Le risque est faible, mais la population est très importante, donc il existe« , déclare-t-il au quotidien De Morgen.
Le scientifique dénonce la stratégie zéro Covid adoptée par la Chine. Pour lui, le pays, dont 90% de la population est d’ailleurs vaccinée, aurait dû relâcher progressivement les restrictions au lieu de passer de « tout à rien ».
Interrogé par Radio 1, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke se veut également rassurant. « La Belgique dispose d’un niveau de protection très élevé contre Omicron, le variant qui sévit actuellement en Chine, et ce grâce aux campagnes massives de vaccination. En outre, beaucoup de gens ici ont déjà contracté le virus. Pour l’instant, nous pouvons donc continuer ainsi. Mais nous suivons la situation de très près », a-t-il déclaré jeudi dernier.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici