Covid, variole du singe : quels sont les risques sanitaires pour cet été?
Débarrassé des mesures sanitaires, l’été 2022 signifiera le grand retour à la normale pour les vacanciers. De quoi être totalement serein? Etat des lieux des préoccupations actuelles, tant pour le Covid que pour la nouvelle crainte du moment, la variole du singe.
Sous-variants Covid d’Omicron : où en est-on?
Les sous-variants Covid d’Omicron se sont multipliés à une vitesse grand V, et ce alors que les craintes épidémiologiques s’amenuisaient au rythme des levées des dernières mesures sanitaires restantes. Entre BA.1 et BA.5, on a comme cette impression d’avoir totalement perdu le fil du développement du coronavirus. Où en est-on, au juste ? Et quelles préoccupations pour un été sans restriction ?
Souvent en avance depuis le début de la pandémie de Covid, l’Afrique du Sud et le Portugal ont déjà connu le pire de leur vague avec les nouveaux sous-variants d’Omicron. Ces vagues sont d’ailleurs passées sans trop d’encombre.
Le variant Omicron du coronavirus, qui se propage rapidement que ses prédécesseurs, a provoqué des pics d’infection sans précédent dans le monde entier. Mais à peine le variant BA.1 est-il arrivé qu’il a déjà été surplombé par un autre client de l’écurie Omicron. Le BA.2 a en effet provoqué un nouveau pic rapide dans de nombreux pays – dont la Belgique – bien que beaucoup plus faible que le BA.1.
Quelques mois plus tard, les fils et les filles de BA.2 sont déjà là. BA.5, quant à elle, mène la danse au Portugal. BA.2.12.1 est dominant aux Etats-Unis alors que BA.4 et BA.5 ont fait un duo en Afrique du Sud.
Comment interpréter cette multitude de sous-variants et quels risques de réinfection? Les nouveaux descendants d’Omicron contournent aisément l’immunité de BA.1, qui n’a été construite que récemment. Les personnes infectées par BA.1 – et elles sont nombreuses – sont relativement bien protégées contre une nouvelle infection par BA.2. Mais c’est beaucoup moins le cas avec les variants les plus récentes, selon différentes études de laboratoire. BA.4 et BA.5 contournent également la protection offerte par une infection BA.2.
Les conséquences sont évidentes : les nouveaux variants percent sans grande difficulté, et lorsqu’elles le font, elles provoquent une nouvelle vague. Cela s’est produit en Afrique du Sud, au Portugal et aux États-Unis. L’institut européen de la santé (ECDC) a averti que les infections pourraient augmenter de manière significative à travers l’Europe dans les semaines et les mois à venir.
BA.4 et BA.5, des variants covid plus pathogènes?
Mais la bonne nouvelle, c’est que les premières nouvelles vagues d’Omicron s’éloignent aussi rapidement, sans impact majeur sur la société et la santé publique. En Afrique du Sud, la vague a clairement dépassé son pic. Au Portugal aussi, on signale moins de nouvelles infections.
En revanche, on ne sait toujours pas si les variants les plus récents sont plus pathogènes. En laboratoire, les hamsters non vaccinés et infectés par BA.4 ou BA.5 sont devenus plus malades qu’après une infection par BA.2. Ils souffraient davantage de problèmes respiratoires. La recherche montre également que les nouveaux variants d’Omicron se propagent plus rapidement dans les cellules pulmonaires humaines. Reste à voir comment cela se traduira dans la pratique.
En Afrique du Sud et au Portugal, le nombre d’admissions à l’hôpital et de décès a augmenté parallèlement au nombre d’infections, mais le bilan est nettement inférieur à celui des vagues précédentes.
La nouvelle vague Omicron n’est cependant pas innocente. Selon les derniers chiffres, 31 Portugais en moyenne meurent chaque jour du Covid. Au sommet de la précédente vague omicron, début février, il y en avait 52. En comparaison, en janvier 2021, alors que la campagne de vaccination n’avait pas encore démarré, le Portugal enregistrait 288 décès par jour.
Dominante BA.4 et BA.5 dès la mi-juin?
Les derniers chiffres de l’UZ Leuven montrent que les BA.4 et BA.5 représentent ensemble environ 7 % des infections dans notre pays, bien que ce chiffre soit probablement sous-estimé. Ces deux variants peuvent être détectés plus rapidement car, contrairement à la variante BA.2, elles présentent un abandon du gène S dans le test PCR. Cela montre que 20 à 30 % des échantillons récents sont probablement des BA.4 ou BA.5. Des calculs antérieurs du biostatisticien Tom Wenseleers (KU Leuven) montrent que ces nouveaux variants d’Omicron seront dominants dans notre pays à la mi-juin.
Et la variole du singe, dans tout ça?
Si le Covid semble résolument sous contrôle, un autre tracas s’est invité au premier rang des préoccupations épidémiologiques: la variole du singe, avec ses craintes plus ou moins mesurées. Quelle est la situation actuelle et à quoi s’attendre pour l’été ?
L’OMS met en garde contre la propagation de la variole du singe pendant l’été
Le bureau européen de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde contre l’éventuelle propagation de la variole du singe pendant les festivals et autres grands rassemblements à venir au cours de l’été. « Le risque d’une nouvelle diffusion en Europe et ailleurs pendant l’été est élevé », selon le directeur régional Hans Henri Kluge.
Les recherches menées à ce jour indiquent que la contagion avait déjà commencé en Europe à la mi-avril, d’après l’OMS. Il s’agit du foyer de variole du singe le plus important et le plus étendu géographiquement jamais signalé en dehors des zones endémiques d’Afrique occidentale et centrale.
L’organisation ajoute toutefois qu’il n’est pas nécessaire d’imposer des mesures aussi restrictives que pour le covid, étant donné que le virus de la variole du singe ne se transmet pas de la même manière que le Sars-CoV-2. « Toutefois – et c’est important – nous ne savons pas encore si nous pouvons contenir efficacement sa propagation. Il faut donc réduire les infections, par exemple en communiquant clairement, en isolant les personnes infectées et en recherchant efficacement les cas-contacts », nuance M. Kluge
Un dixième cas confirmé en Belgique
Un dixième cas de variole du singe a été détecté en Belgique, a de son côté l’institut de santé publique Sciensano. Deux cas probables ont également été identifiés.
Ces cas sont liés à un événement commun ayant eu lieu début mai ou à un voyage à l’étranger, au Portugal et en Espagne. La source de l’infection de l’un des cas n’a pas encore été formellement déterminée. Les personnes infectées ont entre 28 et 43 ans.
Les premiers cas belges remontent à un festival international de fétichisme, Darklands, qui a eu lieu à Anvers au début du mois de mai. Le virus se propage par contact étroit entre les personnes.
Un risque de pandémie?
L’OMS a assuré ne pas redouter pour l’instant que la propagation du virus de la variole du singe au-delà des pays africains puisse déclencher une pandémie mondiale.
Interrogée lors d’un briefing sur l’éventualité d’une pandémie mondiale, la principale experte de la variole du singe à l’OMS, Rosamund Lewis, a répondu: « Pour le moment, nous ne sommes pas préoccupés par une pandémie mondiale ». « Il est encore possible d’arrêter cette épidémie avant qu’elle ne s’étende », a-t-elle insisté.
Depuis que la Grande-Bretagne a signalé pour la première fois un cas confirmé de variole du singe le 7 mai, près de 400 cas ont été signalés à l’OMS dans près d’une vingtaine de pays habituellement non touchés par ce virus. L’OMS s’est dite préoccupée par cette « situation inhabituelle », mais a réitéré qu’il n’y avait aucune raison de paniquer.
Une maladie le plus souvent bénigne
La variole du singe est une maladie rare originaire d’Afrique dont on guérit en général spontanément. Proche de la variole, elle est toutefois à ce jour considérée comme beaucoup moins grave et moins contagieuse. La variole du singe (« monkeypox » en anglais) ou « orthopoxvirose simienne » est une maladie considérée comme rare, connue chez l’être humain depuis 1970, identifiée pour la première fois en RDC.
« L’identification en mai 2022 de clusters de variole du singe dans plusieurs pays non endémiques (où la maladie ne circule pas, NDLR) sans lien direct avec des voyages en zone endémique est atypique« , précise l’OMS.
La variole du singe est une maladie infectieuse qui est causée par un virus transmis à l’être humain par des animaux infectés, le plus souvent des rongeurs. Mais le virus a été découvert pour la première fois en 1958 au sein d’un groupe de macaques qui étaient étudiés à des fins de recherche, d’où son nom.
L’incubation peut en général aller de 5 à 21 jours et les symptômes ressemblent, en moins grave, à ceux de la variole (fièvre, maux de tête, douleurs musculaires…) au cours des cinq premiers jours. Puis apparaissent des éruptions cutanées (sur le visage, la paume des mains, la plante des pieds), des lésions, des pustules et enfin des croûtes.
Comment se transmet-elle?
L’infection des cas initiaux résulte d’un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. En l’état actuel des connaissances, la transmission secondaire – c’est-à-dire interhumaine – nécessite un contact étroit et prolongé entre deux personnes, et se fait principalement via la salive ou le pus des lésions cutanées formées au cours de l’infection.
Plusieurs experts ont souligné que si ce virus pouvait être attrapé pendant une activité sexuelle, ce n’en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible. Cette transmission pourrait être due aux contacts intimes et rapprochés lors de rapports sexuels et non pas par le rapport sexuel en soi.
L’Onusida a mis en garde contre des dérapages homophobes et racistes, parfois constatés dans les commentaires sur la variole du singe, qui pourraient « rapidement miner la lutte contre l’épidémie ».
Quelle gravité?
La variole du singe, telle que connue jusqu’à présent, guérit en général spontanément et les symptômes durent de deux à trois semaines. Les cas graves se produisent plus fréquemment chez les enfants et sont liés à l’ampleur de l’exposition au virus, à l’état de santé du patient et à la gravité des complications.
Le taux de létalité de la maladie varie de 1 à 10% selon le variant (il en existe deux), des taux observés en zone endémique, dans des pays au système de santé défaillant. Mais une prise en charge médicale adéquate réduit considérablement les risques et la plupart des personnes guérissent spontanément. Dans les pays où la maladie a été repérée récemment, les cas observés sont pour la plupart bénins et il n’y a pas de décès recensés.
Existe-t-il un traitement?
Il n’existe pas de traitements ou de vaccins spécifiques contre la variole du singe, mais des médicaments et vaccins initialement conçus contre la variole peuvent être utilisés. Il a été prouvé dans le passé que la vaccination antivariolique avait alors une efficacité évaluée à 85% pour la prévention de la variole du singe. Les vaccins de 1ère et de 2e génération ne sont plus utilisés pour la population générale depuis 1984, du fait de l’éradication de la variole.
Un vaccin de 3e génération (vaccin vivant non réplicatif c’est-à-dire ne se répliquant pas dans l’organisme humain) est autorisé en Europe depuis juillet 2013 et indiqué contre la variole chez les adultes. Il dispose également d’une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis pour la prévention de la variole et de la variole du singe.
Côté traitements, certains médicaments antiviraux, conçus notamment contre la variole, peuvent être utilisés pour traiter ou limiter les effets de la variole du singe, comme le tecovirimat.
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