Covid : quels sont les lieux où l’on risque le plus d’être contaminé?
A l’heure où l’on envisage un début de déconfinement, nous faisons le point sur les lieux de contamination, au regard des nouvelles études disponibles.
Lors d’une opération exceptionnelle, Levif.be répond à vos interrogations sur le Covid. Aujourd’hui nous répondons à une question sur les lieux de contamination :
Quels sont les lieux où je risque le plus de me faire contaminer? Lesquls vaut-il mieux éviter?
Pour savoir où le virus se propage le plus, il faut d’abord revenir sur la manière dont celui-ci se répand. Le coronavirus se propage, en effet, de plusieurs façons :
- Par les postillons que nous rejetons en toussant ou en éternuant. Ils volent à un ou deux mètres de distance et peuvent atteindre une autre personne ou une surface, comme le sol ou une table. Pour éviter cela, le port du masque est en partie efficace.
- Par les surfaces contaminées par nos postillons. En touchant les surfaces contaminées (table, porte, bouton d’ascenseur) avec nos mains, nous pouvons rapidement transmettre la charge virale jusqu’à nos muqueuses. D’où l’importance de se laver les mains régulièrement. Le masque peut également nous empêcher de nous toucher le visage.
- Par les aérosols. Ce sont de minuscules postillons que nous rejetons en éternuant et en toussant, mais également en parlant, en criant, en chantant ou en riant. Ils sont si petits qu’ils peuvent rester dans l’air et y flotter pendant plusieurs heures dans des lieux clos, et ce, sur plusieurs mètres et s’accumuler dans l’air. Par contre, en extérieur, ces particules sont assez inoffensives, car dispersées par la ventilation naturelle. Elles sont également désintégrées par l’action des UV, du vent et de la pluie.
On peut d’ailleurs le constater dans la vidéo ci-dessous. On y voit d’abord quelqu’un parler, puis chanter, puis tousser sans masque. Les particules se propagent de manière de plus en plus importante.
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L’humidité ambiante joue aussi un rôle. Si elle est à 30%, il y a deux fois plus de microparticules d’aérosol que lorsqu’elle est à 60% ou plus. « Lorsque les gouttelettes sortent de votre bouche, elles se mélangent à l’air et se dispersent. Mais lorsque l’air est sec, les gouttelettes s’évaporent plus rapidement. Au fur et à mesure qu’elles s’évaporent, ce que nous appelons l’aérosolisation progresse. Ainsi, les gouttelettes qui seraient tombées sur le bureau se dispersent davantage (si l’air est sec)« , explique Makoto Tsubokura, chef de l’équipe de chercheurs.
Les situations à risque
Selon les données actuellement disponibles, le virus se propage donc principalement par des gouttelettes respiratoires entre personnes qui sont en contact étroit les unes avec les autres, affirme l’OMS sur son site internet.
On sait également que la transmission est facilitée dans les lieux et situations répondant aux 3 critères suivants :
- Les espaces bondés,
- Des contacts étroits, comme c’est par exemple le cas lorsque des personnes tiennent une conversation rapprochée,
- Des espaces confinés et clos, mal ventilés.
Les environnements dans lesquels il est impossible de maintenir une distanciation sociale sont ceux qui présentent le plus de risques, à fortiori lorsque l’on ne porte pas de masque. Selon l’OMS, il s’agit des bars, des restaurants, des boites de nuit, des salles de chorale et des salles de fitness.
Les lieux à risque
Une étude de l’université de Stanford parue dans la revue Nature l’a encore confirmé récemment.
Les chercheurs ont utilisé un modèle informatique reprenant des données démographiques, des estimations épidémiologiques et des données GSM anonymes. Ce modèle a analysé où les gens se sont rendus, combien de temps ils y sont restés et combien de personnes se trouvaient dans le lieu où ils sont allés. Sans surprise, aux États-Unis, la plupart des contaminations ont eu lieu dans les lieux clos où de nombreuses personnes ont passé beaucoup de temps.
Selon les résultats de cette étude, sept lieux sont à haut risque de contamination :
- Les restaurants
- Les hôtels
- Les lieux de culte
- Les cabinets médicaux
- Les cafés
- Les salles de sport
- Les supermarchés
Ce modèle est transposable en Belgique, selon David Alsteens, professeur au Louvain Institute of Biomolecular Science and Technology de l’UCLouvain. « On a déjà remarqué des cas plus élevés de contaminations dans les restaurants. À table, les gestes barrière sont plus difficiles à respecter, on n’a pas de masque pour manger, on partage une bouteille d’eau que plusieurs personnes touchent… ce n’est donc pas une surprise qu’on puisse transmettre l’infection de manière plus importante dans ces endroits. »
Selon le modèle informatique, les activités sportives sont aussi incriminées. « Lors d’un sport de contact, on est plus proches, on expulse les aérosols sur de plus longues distances. La distance de sécurité au repos est estimée à 1,5 mètre, mais dans l’effort, on parle plus de 6, 7 mètres. Tout ça n’a pas encore été clairement calculé, mais c’est possible », confirme David Alsteens.
Attention toutefois, qu’en fonction des protocoles sanitaires appliqués la situation peut être différente. Effectivement, rendre le port du masque obligatoire et/ou aérer les lieux clos peut avoir un impact important sur la contamination.
Quid des commerces ?
Selon l’étude américaine, ouvrir après un confinement l’intégralité des commerces sans la moindre restriction dans une ville comme Chicago (2.7 millions d’habitants), reviendrait à augmenter de 39 % le nombre d’infections dans les zones d’habitations. Mais en limitant la fréquentation de ces lieux à 20 % de leurs capacités normales, les infections n’augmenteraient que de 10 %.
Cette situation n’est toutefois pas transposable telle quelle à la Belgique puisque le port du masque est obligatoire dans les lieux publics clos depuis le premier déconfinement. Cela montre toutefois que la densité a un rôle à jouer et doit être prise en compte pour une éventuelle réouverture des commerces. Il ne suffira en effet pas de porter le masque si des dizaines de personnes s’agglutinent à l’entrée des magasins. Cela devra être organisé de manière à ce que ce ne soit pas le cas.
La question de la réouverture des commerces sera sur la table du Comité de concertation de ce vendredi. L’annonce ce mardi de la réouverture des commerces français devrait sans doute pencher dans la balance. « Nous ne sommes pas une île, a affirmé le ministre David Clarinval sur les ondes de La Première hier matin. Les Belges vont faire leurs courses à l’étranger », et au vu de la détresse des indépendants, il est nécessaire de rouvrir les commerces, selon lui. « On sait que les commerces ne sont pas les lieux où les contaminations sont les plus importantes », a-t-il ajouté.
Une option envisagée pourrait être d’ouvrir les commerces sur rendez-vous ou avec des plages horaires élargies. « Il faut en tout cas prendre des mesures pour éviter que des foules de gens s’agglutinent devant les magasins », a plaidé le ministre.
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