Coronavirus: une évolution exponentielle est attendue, mais ce n’est pas un facteur inquiétant
Sophie Quoilin est médecin épidémiologiste chez Sciensano, l’Institut scientifique de santé publique. Elle fait le point pour LeVif.be sur la situation en Belgique suite à l’épidémie de coronavirus en Chine.
A ce stade, quels sont les risques que le coronavirus arrive en Belgique ?
On s’attend à ce qu’il y ait des cas en Belgique, car le virus voyage avec les gens. Les autorités belges sont préparées à ce cas de figure. Elles ont rédigé une procédure qui permet aux médecins de savoir quelles sont les démarches à entreprendre si un patient est suspect. Mais le fait que des personnes reviennent avec ce virus ne veut pas dire que le virus va se répandre dans la population belge et devenir un problème de santé majeure chez nous. Pas de panique, on n’en est pas du tout là ! Pour le moment, ce coronavirus est principalement un problème pour la Chine qui prend toutes les mesures nécessaires pour qu’il ne se répande pas. Le virus ne circule pas pour le moment en Belgique et dans tous les cas qui ont été identifiés à l’étranger, ce sont des cas de personnes qui ont voyagé en Chine, à l’exception d’un cas au Vietnam. Plus de 75% des cas en Chine proviennent d’ailleurs de cette région de Wuhan.
Comment expliquer la fausse alerte de ce week-end ? Un patient qui a été admis à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles avec des symptômes faisant penser au coronavirus, souffre en réalité d’une grippe…
Je n’ai pas connaissance exactement du cas qui s’est présenté ce week-end. En théorie, ce qui a pu se passer, c’est qu’un patient qui revenait de Chine depuis moins de 14 jours présentait des symptômes de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires. Dans ce cadre-là, ce patient a fait l’objet d’un prélèvement lié au centre national de référence pour un diagnostic de laboratoire. C’est sur base de ce test qu’un virus influenza a été identifié et pas un virus corona. On aura sûrement d’autres cas de ce style jusqu’à ce qu’un jour, il y ait un cas positif.
Comment différencier les symptômes du coronavirus de ceux de la grippe?
Les symptômes sont assez peu différents des symptômes de la grippe mais l’élément essentiel pour le coronavirus c’est le fait qu’il faut revenir de Chine dans un délai de deux semaines. C’est ce facteur qui va alerter les médecins. Il prendra des mesures comme l’isolement du patient, et fera le nécessaire pour diagnostiquer un cas de coronavirus. Et revenir de Chine n’est pas encore le facteur le plus inquiétant, mais bien être allé dans cette zone précise de la région de Wuhan, où les cas sont concentrés dans la population.
Comment peut-on soigner un patient atteint de coronavirus?
De manière générale, on a peu d’armes thérapeutiques contre les virus de ce type. Ce sont des traitements dans un premier temps supportif en fonction de l’état général du patient. On lui administrera des médicaments non spécifiques pour diminuer les symptômes comme la fièvre.
Ce nouveau virus inquiète-t-il les scientifiques?
Les scientifiques n’aiment pas trop les nouveaux virus, car ils sont liés à pas mal d’inconnues. Le coronavirus en lui-même est connu mais cette sous-sorte est nouvelle. Il est important de le suivre de près pour voir comment il évolue. Mais le fait que ce soit un nouveau virus n’est pas stricto senso inquiétant. Il doit être surveillé.
En Chine, on observe une augmentation du nombre de cas tous les jours, c’est une évolution tout à fait attendue pour un virus qui se transmet par voie aérienne. Il est normal qu’il y ait eu peu de cas au début et qu’on en découvert un peu plus chaque jour. Cette évolution exponentielle est attendue, mais n’est pas un facteur inquiétant. On a, comme pour la grippe, un pic de ces virus respiratoires pendant quelques semaines. On n’a pas encore atteint ce pic en Chine, mais on se situe dans la phase d’augmentation du nombre de cas. Vu que c’est un nouveau virus, nous nous basons sur nos connaissances des autres virus.
Quelles sont les mesures prises aujourd’hui en Belgique ?
On suit l’évolution de l’épidémie en Chine tous les jours pour voir si des éléments nouveaux nous encourageraient à faire une modification de l’évolution du risque. Dans ce cas, les autorités devraient décider de mesures complémentaires, mais on n’en est pas là actuellement. L’ensemble des médecins en Belgique ont aussi été informés de la procédure pour reconnaître les symptômes d’un patient qui pourrait avoir contracté le virus avec cette nécessité importante d’avoir été en Chine. Si un patient est confirmé par diagnostic, les médecins de la cellule d’hygiène de la cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ ou de la Cocom doivent être prévenus pour Bruxelles et la Wallonie. Des mesures complémentaires doivent alors être décidées par rapport au patient et à son entourage.
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