Thierry Fiorilli
Coronalove | « Les animaux »: « Guest star: le chien. Ce confinement, c’est le meilleur moment de sa vie »
Episode 12 : les animaux.
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C’est une lettre de deux fillettes, 9 ans, à leurs grands-parents. » Vous nous manquez, on voudrait bien vous voir. Mais passons aux choses sérieuses : on a des animaux de compagnie. Des têtards. » Supplantés par des même pas encore grenouilles… Le confinement aura bouleversé l’ordre de beaucoup de choses. Et fait résonner les mots de Don Fabrizio Salina, dans Le Guépard : » Nous étions les guépards, les lions. Ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes. » Là, en 1860, la guerre d’indépendance et de réunification italienne fait basculer la noblesse de Sicile, et le prince prédit que » tous tant que nous sommes, guépards, lions, chacals, brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la Terre « . Ici, et maintenant, chatons, chiots, poulettes et donc têtards aussi sont soudain devenus le centre du monde.
Refuges d’animaux dévalisés, pénurie de poules, promeneurs volontaires de toutous, demandes d’adoption d’animaux par milliers : le coronavirus a sacré l’animal, alors même qu’il séparait les humains. De quoi flanquer à l’époque des allures de vaste ménagerie. Les oiseaux à nouveau maîtres du ciel. Les fourmis dans les jambes. Les espèces sauvages réapparaissant aux abords des villes. Les hordes de photos sur Instagram, Lily qui dort, Vernon qui mange, Tor qui pause, Olympe qui saute, Tchoupi qui ronronne, Coquette qui caquette. En allant faire des courses, on a failli rouler sur un lapin caché sous la voiture. Un épervier a attaqué les volières du garage d’en face (trois blessés, deux morts d’une crise cardiaque, aucun mangé, les barreaux ça sauve parfois la vie donc). Et les tourterelles, dans l’abreuvoir de la voisine. Et les pigeons, qui attendent qu’on ait fini la pelouse pour la razzia sur les vers, les graines et tous les trucs désormais dispos. Et les cochenilles qui se régalent des feuilles du citronnier – on a dû frotter les feuilles, une par une, à l’huile de colza, et encaisser la remarque du gamin ( » Tiens, papa caresse les plantes ! » Mais pour qui il doit nous prendre, au fond ? ). Et le hérisson, dont a perçu le souffle darkvadorien, un soir (pourvu que personne ne se mette au robot tondeuse dans le quartier).
On n’aura plus vu grand-monde mais on aura bien été entouré de bêtes. Guest star : le chien. Ce confinement, c’est le meilleur moment de sa vie. Tout le temps quelqu’un à la maison. On peut monter sur les genoux, se rouler sur le divan, jouer au foot dans le salon, manger autre chose que ces putains de croquettes (cuisines italienne et asiatique = ses préférées), se coucher et se lever avec tout le monde. Jamais seul, les gars ! Le nirvana ! Quand tout reprendra comme avant, ça va être la cata. Les colliers antiaboiements de désespoir vont s’arracher.
Le chat, lui, plus dur. Jamais seul, les gars ! Le cauchemar. On en connaît qui sont tombés en dépression. D’autres qui ont décidé de se venger. Ouvre-moi la chatière, j’ai envie de sortir. Salaud. Quand c’est pour rentrer, la nuit, une souris dans la gueule que tu massacres au pied du lit, t’as besoin de personne hein ! Et puis arrête d’aller dans ton bac chaque fois que tu reviens du jardin ! Ce n’était déjà pas le plus sympa de la famille. C’en est carrément devenu l’ours.
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