Le phlébotome véhicule des protozoaires provoquant une maladie potentiellement grave: la leishmaniose. © Dûrzan Cîrano

Comment les phlébotomes, ces «mouches piquantes», risquent d’apporter une nouvelle maladie en Belgique

Un insecte originaire du bassin méditerranéen, le phlébotome, se déplace vers des latitudes plus proches de la Belgique, ce qui fait craindre la propagation de maladies parfois graves.

Il mesure deux-trois millimètres, est doté d’ailes velues et pique ses victimes après les avoir repérées grâce à leur odeur, leur chaleur corporelle et au CO2 qu’elles dégagent. Le moustique? Non, le phlébotome! Un insecte venu du sud de l’Europe qui, comme d’autres espèces, entame une migration vers le nord à cause du réchauffement climatique. Entre 2011 à 2018, il a été repéré dans les Vosges et en Alsace. Cet été, une étude a été lancée afin de déterminer si la Bourgogne avait elle aussi été colonisée. Autant de signaux qui font craindre une propagation future en Belgique, confirme Frédéric Francis, professeur à Gembloux Agro-Bio Tech et spécialiste en entomologie.

Des maladies parfois dangereuses mais guérissables

C’est que ces phlébotomes sont porteurs d’une maladie, la leishmaniose, causée par des organismes microscopiques, des protozoaires, originellement présents chez le chien. «En le piquant, le phlébotome peut les transmettre à l’humain, puis éventuellement d’un humain contaminé à un autre», indique Thierry Hance, entomologiste à l’UCLouvain.

La leishmaniose peut prendre trois formes. La plus courante dans le bassin méditerranéen est celle cutanée. Le malade n’est pas seulement ici victime des multiples doses caractéristiques des piqûres de phlébotomes (là où le moustique ne pique généralement qu’une fois). Il développe des ulcères sur la peau, qui peuvent prendre la forme de cratères. Deuxième déclinaison: la forme muco-cutanée, où les lésions se développent sur les muqueuses (bouche, nez, etc.). Enfin, la leishmaniose viscérale (ou kala-azar, «mal noir» en hindou), plus dangereuse mais surtout présente en Inde, au Brésil et en Afrique. Elle provoque fièvre, anémie, gonflement de la rate, du foie et cause, chaque année, le décès de 20.000 à 30.000 personnes dans le monde.

Des cas importés en Belgique, tant que le phlébotome ne s’y installe pas

En Belgique, quelques cas de leishmanioses ont déjà été repérés par Sciensano, à chaque fois chez des personnes de retour d’un voyage. Heureusement, «la leishmaniose est une maladie qui se traite, bien qu’une récidive soit possible même si le traitement a été efficace», précise l’institut de santé belge. «On utilise des traitements antibiotiques qui vont éliminer les protozoaires en cause», ajoute Frédéric Francis.

Si ces insectes devaient s’installer en Belgique, il serait probablement difficile de s’en défaire: le contrôle de leur population est quasi impossible. Un mois leur suffit pour passer du stade d’œuf à l’adulte, et leur zone de reproduction est très large. «Contrairement au moustique qui pond ses œufs dans l’eau stagnante, le phlébotome préfère les déposer dans de la matière organique, notamment dans des déjections. Les larves se retrouvent donc dispersées à travers les prairies humides.» De nombreuses générations peuvent ainsi se succéder durant une même année.

Le plat pays pourrait toutefois plus facilement faire face à la menace que les régions méditerranéennes. «Les phlébotomes ne résistent pas à un hiver rigoureux. Il se pourrait donc qu’on les voie arriver en Belgique, mais de manière spontanée et rapide», estime Frédéric Francis.

Quant aux Belges qui partent en vacances dans le Sud, il leur est toujours possible de limiter leurs risques d’être piqués et de contracter la leishmaniose, grâce aux répulsifs antimoustiques, qui masquent les odeurs qui attirent les phlébotomes.

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