
«Chaque femme a un point G», libido, dépression… 7 mythes tenaces sur le corps féminin
Plus vulnérables mentalement, une libido plus faible, une tendance à exagérer leurs symptômes, un simple «paracétamol» contre la douleur, et un mystérieux point G? Les idées reçues sur le corps féminin restent encore nombreuses et surprenantes.
Les femmes signalent environ une fois et demie plus d’effets secondaires aux médicaments que les hommes. Elles ont 50% plus de risques de recevoir un mauvais diagnostic après une crise cardiaque. Et pourtant, il y a eu cinq fois plus d’études sur les troubles de l’érection que sur le syndrome prémenstruel –alors qu’un homme sur cinq connaît des troubles érectiles au cours de sa vie, contre 90% des femmes souffrant du SPM.
Ce ne sont là que quelques exemples soulevés par l’organisation néerlandaise Women Inc., qui milite sous le slogan «Fix the system, not the women», soulignant que le système de santé, encore largement calqué sur le corps masculin, prend toujours insuffisamment en compte les besoins spécifiques des femmes.
Mythe n°1: «Les femmes ont une libido plus faible»
Démystifions tout de suite l’un des plus grands clichés: aucune étude ne montre de différence significative dans le désir sexuel entre hommes et femmes. Les femmes n’ont pas moins envie de sexe que les hommes, elles n’ont simplement pas envie d’un sexe non satisfaisant. En revanche, le fossé orgasmique est, lui, bien réel. Premièrement, l’accent est encore trop mis sur les relations sexuelles impliquant un pénis dans un vagin et, deuxièmement, les femmes ménopausées ressentent plus souvent des douleurs en raison d’un vagin plus sec.
Une pénétration agréable n’est possible que lorsque le clitoris est pleinement irrigué et excité. Or, ce processus demande du temps et des stimulations adaptées. «On pense souvent que l’envie doit surgir spontanément, explique le sexologue néerlandais Rik van Lunsen. D’abord vient l’envie, puis l’excitation. Alors qu’en réalité, c’est l’inverse: c’est d’abord le système sexuel qui s’active, puis une décision inconsciente est prise.»
Les femmes n’ont pas moins envie de sexe que les hommes, elles n’ont simplement pas envie d’un sexe non satisfaisant.
«Chez les femmes comme chez les hommes, une érection complète est nécessaire pour une expérience sexuelle optimale, poursuit Rik van Lunsen. La différence, c’est que l’un a déjà franchi toutes ces étapes, alors que l’autre ne les commence qu’au moment où l’initiative est prise.» Un phénomène souvent interprété, à tort, comme une différence de libido entre les sexes.
Mythe n°2: «Les femmes sont traitées de la même manière que les hommes chez le médecin»
Les femmes qui consultent un médecin généraliste reçoivent un diagnostic moins rapidement que les hommes présentant exactement les mêmes symptômes. «Cela s’explique par le fait qu’elles se voient moins souvent proposer des échographies et des radiographies, et qu’elles sont moins rapidement orientées vers un spécialiste lorsqu’elles se plaignent de maux de tête, douleurs musculaires, douleurs dorsales ou fatigue», pointe Aranka Ballering (Université de Groningen).
Les professionnels de santé ont tendance à croire que les femmes exagèrent plus souvent leur douleur que les hommes. Mais cette perception est en grande partie due au fait que les hommes consultent généralement à un stade plus avancé de la maladie et présentent des symptômes plus graves.
Même lorsqu’un examen physique est réalisé, les femmes reçoivent moins souvent un diagnostic que les hommes. Pourquoi? «De nombreux tests de diagnostic ont été principalement développés et testés sur des hommes, et pourraient donc être moins efficaces chez les femmes», souligne Aranka Ballering. Par exemple, les femmes souffrant de problèmes cardiaques présentent plus fréquemment des rétrécissements au niveau des petits vaisseaux sanguins, des anomalies moins visibles avec les méthodes de diagnostic courantes.
Mythe n°3: «Les hommes et les femmes ressentent les mêmes symptômes lors d’une crise cardiaque »
Les hommes correspondent plus souvent à l’image classique de la crise cardiaque: une douleur oppressante dans la poitrine, irradiant vers le bras gauche, voire la mâchoire. Certains s’effondrent brusquement à cause de ces symptômes.
Côté corps féminin, les femmes (mais aussi certains hommes) ressentent moins fréquemment une douleur thoracique lors d’un infarctus. A la place, elles signalent des douleurs aiguës entre les omoplates, sous les aisselles, dans la mâchoire ou dans la partie haute de l’abdomen, accompagnées de nausées, vertiges et vomissements. Elles évoquent également une grande fatigue, des sueurs froides et une sensation d’angoisse.
Le moment d’apparition des symptômes diffère également: alors que les hommes développent des problèmes cardiaques pendant l’effort, les femmes ressentent davantage un essoufflement ou une oppression après une activité physique. Certaines décrivent même la sensation de porter un corset trop serré, alors qu’elles sont simplement assises sur leur canapé après une journée stressante.
Le cardiologue Pedro Brugada met en lumière une autre inégalité inquiétante: «Lorsqu’une femme fait une crise cardiaque en public, elle a 27 % de chances en moins de recevoir un massage cardiaque immédiat, car on suppose souvent qu’elle est simplement victime d’un malaise passager.»
Lorsqu’une femme fait une crise cardiaque en public, elle a 27 % de chances en moins de recevoir un massage cardiaque immédiat.
Mythe n°4: «Les femmes sont plus sujettes à la dépression que les hommes »
Les femmes reçoivent plus souvent un diagnostic de dépression, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles souffrent réellement d’un trouble dépressif. Il est possible que les symptômes liés à la ménopause ou au syndrome prémenstruel soient à tort interprétés comme des signes de dépression ou d’anxiété.
Par ailleurs, les femmes dépressives correspondent plus fréquemment à l’image classique de la dépression: elles se sentent tristes, abattues, ont moins de plaisir dans leur quotidien et moins d’intérêt pour le monde qui les entoure. En revanche, les hommes dépressifs adoptent souvent des comportements plus impulsifs et à risque, comme le jeu excessif ou des décisions financières imprudentes.
L’idée selon laquelle seules les femmes peuvent souffrir de dépression postnatale est également fausse. On estime que 5 à 10% des pères développent des symptômes dépressifs après la naissance de leur enfant.
Les chercheurs pensent que plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle, notamment des changements hormonaux, comme une baisse du taux de testostérone ou la pression combinée du travail et des responsabilités familiales. Cependant, la dépression postnatale chez les hommes est encore largement sous-diagnostiquée.
Mythe n°5: «Les filles souffrent moins souvent de TDAH que les garçons»
Parce que nous avons en tête une image stéréotypée du comportement des personnes atteintes de TDAH ou d’autisme, ces troubles sont moins souvent diagnostiqués chez les filles et les femmes. Pourtant, leur prévalence est équivalente à celle des hommes.
«Les femmes sont généralement plus attentives aux comportements des autres, selon la psychiatre Patricia van Wijngaarden. Elles s’adaptent davantage et essaient de se conformer aux normes sociales. Les garçons, en revanche, adoptent plus souvent un comportement perçu comme dérangeant par leur entourage. Chez les filles, le TDAH ne se manifeste souvent qu’à l’adolescence, voire plus tard. Beaucoup traversent leur enfance sans difficulté apparente, mais se heurtent à des obstacles dès que leur autonomie et leurs compétences organisationnelles sont sollicitées.»
Lorsqu’il n’est pas diagnostiqué à temps, le TDAH chez les femmes accroît le risque de dépression, de troubles anxieux et d’addictions.
Mythe n°6: «Pose d’un stérilet? Prenez juste un paracétamol»
La comparaison n’est peut-être pas totalement équivalente, mais des organisations féminines néerlandaises estiment que: «Si l’on anesthésie un scrotum lors d’une vasectomie, alors l’utérus mérite aussi des soins sans douleur.»
Aujourd’hui, les femmes qui se font poser un stérilet doivent se contenter d’un simple paracétamol, car l’idée largement répandue parmi les médecins est que la douleur reste supportable. Certaines supportent relativement bien l’intervention avec un antidouleur, mais d’autres décrivent une douleur extrême.
Malheureusement, aucune donnée précise n’existe sur la perception de la douleur lors de la pose d’un stérilet, alors même que près de 25% des femmes belges portent un dispositif intra-utérin en plastique ou en cuivre.
Mythe n°7: «Toutes les femmes ont un point G»
Il faut cesser de chercher, l’existence du point G n’a jamais été scientifiquement prouvée.
Ce concept a été inventé par un disciple de Freud, qui supposait qu’il devait exister un organe dans le vagin féminin, capable de déclencher un orgasme lorsqu’il était stimulé. Le sexologue Rik van Lunsen l’affirme: «Des centaines de scientifiques, des milliers de personnes ont cherché, mais ce point G n’existe pas.»
Il faut cesser de chercher, l’existence du point G n’a jamais été scientifiquement prouvée.
Il poursuit: «Bien sûr, lorsqu’une femme est bien excitée, le complexe clitoridien bascule vers l’arrière, ce qui rapproche la courbure du clitoris de l’urètre et de la paroi vaginale. Certaines femmes apprécient cette stimulation, d’autres non.»
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