«C’est un peu surprenant»: entre festivals et événements sportifs, comment expliquer le rebond du Covid-19 en plein été
Après un printemps serein, le Covid-19 fait son grand retour depuis le mois de juin. Le taux de positivité de la maladie a récemment atteint les 20% en Belgique. Les athlètes participant aux Jeux olympiques sont sur leur garde.
Les Jeux olympiques de tous les dangers? Outre la menace terroriste, une alerte sanitaire plane également sur Paris à la veille de la cérémonie d’ouverture du plus grand rendez-vous sportif de l’année. Les infections au Covid-19, presque inexistantes au printemps, connaissent en effet un regain significatif en cette période estivale.
En Belgique, 1.496 nouveaux cas ont été diagnostiqués sur la période du 7 au 13 juillet, contre environ 300 contaminations hebdomadaires à la mi-juin, renseignent les données collectées par Sciensano. Le taux de positivité, soit le rapport entre le nombre de tests réalisés et le nombre de résultats positifs, a ainsi grimpé à 20,7%. Un plafond qui n’avait plus été atteint depuis décembre 2023.
Pas (encore) un virus saisonnier
La circulation importante de la maladie se traduit également dans l’analyse des eaux usées, tant au nord qu’au sud du pays. La charge virale y est en augmentation depuis environ trois semaines, assure Marc Van Ranst, virologue à la KULeuven. «Ce pic est important, mais pas autant que celui que l’on a connu en hiver, précise l’expert. On se situe aujourd’hui à environ 60-65 % des niveaux hivernaux.»
De telles concentrations du virus en plein été n’avaient plus été observées depuis 2020. «C’est un peu surprenant, car l’année dernière, les mois de juillet et août avaient été très calmes, souligne Marc Van Ranst. Cela laissait penser que le Covid-19 était devenu un virus saisonnier, à l’instar de la grippe, et qu’il ne resurgirait désormais plus qu’en automne et en hiver. Mais visiblement, ce n’est pas encore le cas.» Le Covid-19 est toujours en période de transition, confirme le virologue Steven Van Gucht (Sciensano), qui n’exclut pas sa disparition estivale dans les années à venir.
Tout l’hémisphère nord concerné
La recrudescence actuelle de la maladie est donc avant tout à attribuer à son caractère cyclique, estiment les virologues. Mais les premiers festivals de l’été n’y seraient pas non plus étrangers, assure la scientifique Elke Wollants dans les colonnes du Nieuwsblad. Des milliers de personnes entassées sous un chapiteau, chantant à pleins poumons et s’abreuvant aux mêmes gobelets réutilisables créeraient les conditions idéales à la propagation du virus, selon la directrice de laboratoire. «Cela peut jouer un rôle, mais minime, tempère Marc Van Ranst. Après chaque grand festival, on recense effectivement une hausse des maladies respiratoires, mais également des infections gastro-intestinales ou sexuelles. C’est une tendance annuelle, qui ne justifie pas à elle seule la résurgence du Covid-19 cet été.» D’autant que le rebond s’observe dans tout l’hémisphère nord: des coureurs du Tour de France au locataire de la Maison Blanche, personne ne semble épargné.
De son côté, Steven Van Gucht attribue cette hausse à l’émergence de deux nouveaux sous-variants, le KP2 et le KP3. «Mais heureusement, ces souches restent dans la lignée du variant Omicron, contre lequel la majorité de la population reste bien immunisée», note l’expert. Les complications sont donc rares, et les hôpitaux, relativement épargnés. A peine 0,9 hospitalisation pour Covid-19 était ainsi recensée par 100.000 habitants au cours de la première semaine de juillet, selon Sciensano. «Tant qu’Omicron reste le variant principal, il ne faut pas s’attendre à de nouvelles mesures contraignantes», ajoute Marc Van Ranst.
Une prudence olympique
Si la situation n’est pas alarmante, elle inquiète tout de même les athlètes participant aux Jeux olympiques. «Pour ces sportifs de haut niveau, une contamination au Covid-19 peut tout changer, rappelle Steven Van Gucht. Même une légère infection peut avoir un impact significatif sur les performances. Cela fait parfois la différence entre une médaille de bronze et une médaille d’or.»
«Pour les sportifs de haut niveau, une contamination au Covid-19 peut tout changer. Une infection fait parfois la différence entre une médaile de bronze et une médaille d’or.»
Steven Van Gucht
Virologue
Les délégations redoublent donc de prudence. Les tests sont quasi-quotidiens, et un simple mal de tête peut conduire à l’isolement. Le Covid-19 est d’ailleurs déjà présent sur le village olympique. Mercredi, cinq joueuses australiennes de water-polo ont été testées positives. Du côté de la délégation belge, aucune contamination n’a pour l’heure été recensée à Paris. Le Comité olympique et interfédéral belge (COIB) a toutefois pris des mesures de sécurité: tous les médias en contact direct avec les athlètes ou les membres de la délégation noir-jaune-rouge devront désormais porter un masque buccal. Des restrictions préventives «contre toute forme d’infection, pas seulement le Covid», précise toutefois le COIB.
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