Cancer des ovaires : de meilleures chances de survie pour les femmes soignées dans les centres de référence
Les chances des vaincre la maladie sont plus importantes pour les patients pris en charge dans les hôpitaux spécialisés. C’était déjà un fait avéré pour les cancers de la tête, du cou et du poumon. Ca l’est dorénavant aussi pour le cancer des ovaires.
Les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire et qui sont traitées dans des hôpitaux où le volume de prise en charge thérapeutique est le plus élevé ont plus de chances de survivre que celles traitées dans les hôpitaux à faible volume. Les probabilités sont également meilleures pour les patientes traitées dans les hôpitaux qui pratiquent le plus d’opérations chirurgicales. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) sur 5.119 patientes qui ont souffert d’un cancer épithélial de l’ovaire entre 2014 et 2018.
Le cancer des ovaires: rare mais agressif
En Belgique, 697 nouveaux cas de cancers invasifs de l’ovaire ont été enregistrés en 2019. L’âge moyen du diagnostic est de 67 ans et le pic d’incidence se situe vers les 70-80 ans. Il ne s’agit pas d’un cancer très fréquent mais le pronostic n’est pas très bon : une survie relative à 5 ans est constatée dans près d’un cas sur deux, mais au-delà des 70 ans elle chute à un cas sur trois. La maladie s’exprime sous diverses formes mais les plus fréquentes sont le carcinome épithélial de l’ovaire, de la trompe de Fallope ainsi que le carcinome péritonéal de l’ovaire. Elle peut également être invasive ou borderline, autrement dit à la limite entre la tumeur bénigne et maligne. Les facteurs de risque sont à la fois génétiques et hormonaux. Le tabagisme augmente également la probabilité de contracter la maladie. A contrario, le nombre élevé de grossesses, la contraception orale et la ligature des trompes ont des effets protecteurs.
Pour mener cette nouvelle étude sur la qualité des soins médicaux apportés aux patients atteints de cancers, les chercheurs ont comparé les taux de survie selon le nombre de patientes traitées par hôpital. Des patientes qui, révèle le rapport, ont été prises en charge dans la quasi-totalité des 100 hôpitaux que compte notre pays. Une grande partie d’entre elles l’ont donc été par des équipes qui ne prennent en charge que six cancers de l’ovaire ou moins par an. Même degré de dispersion pour les traitements chirurgicaux puisqu’environ la moitié des hôpitaux belges opèrent moins de 5 patientes par an, voire même deux ou moins pour un quart d’entre eux. En réalité, seuls 5 hôpitaux ont opéré plus de 20 patientes nouvellement diagnostiquées par an.
Quota d’opérations
En quoi cela a-t-il un impact sur leurs chances de survie ? Il apparaît que la durée de survie médiane est plus élevée (4,2 ans contre 1,7 an) pour les patientes traitées dans les hôpitaux qui prennent en charge un grand nombre de patientes chaque année. Par grand nombre, on entend une vingtaine, précise le rapport. Dans ses recommandations, la guideline de l’European Society of Gynaecological Oncolocy (ESGO) avait déjà fixé un objectif minimal de 20 interventions chirurgicales pour un cancer de l’ovaire invasif de stade avancé, par an, par hôpital et par chirurgien. En outre, si les implantations veulent décrocher une accréditation spéciale octroyée par l’ESGO, elles doivent réaliser au moins 24 interventions de chirurgie de cytoréduction complète (menant à l’absence de lésions macroscopiques résiduelles dans l’abdomen) dont un minimum de 12 interventions primaires complètes.
Le fait qu’il faille privilégier un nombre limité de centres de référence pour offrir une meilleure qualité de soins aux patients avait déjà été mis en évidence par le KCE pour d’autres types de cancer, dont celui de la tête, du cou et du poumon.
Dans ses conclusions, l’organe fédéral recommande aux centres de référence de disposer d’équipes multidisciplinaires complètes combinant une expertise clinique et technique reconnue dans la prise en charge des cancers de l’ovaire. Il leur suggère aussi de s’aligner sur les normes dégagées par l’ESGO. Toutefois, une partie du traitement, la chimiothérapie par exemple, pourrait toujours être pratiquée dans un hôpital périphérique en concertation avec le centre de référence. Enfin, une liste de ces hôpitaux spécialisés devrait être établie et facilement accessible pour les patientes, les médecins généralistes et les hôpitaux eux-mêmes.
Critères de qualité
En plus de ces recommandations, l’étude livre une sélection de 15 indicateurs de qualité, puisés dans une liste initiale de 244 indicateurs potentiels. Une sélection opérée avec le Registre du Cancer, en concertation avec un panel d’experts cliniques. Ces indicateurs de qualité couvrent le diagnostic et le traitement des cancers épithéliaux de l’ovaire ainsi que les résultats en termes de complications postopératoires et de survie. Pour faire leur choix, les chercheurs se sont appuyés sur tout une série de critères : pour quel pourcentage de patientes a-t-on déterminé de façon complète le stade la tumeur ou réalisé des tests génétiques ?, quel a été le délai entre le diagnostic et le début du traitement?, quel est le pourcentage de patientes qui ont reçu le nombre requis de cures de chimiothérapie ?, etc. L’ensemble est complété par des indicateurs sur la mortalité post-opératoire, la survie à 1 et 5 ans et les éventuelles complications du traitement chirurgical.
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