Burnout: comment la réalité virtuelle permet d’éviter une rechute
Retourner au travail après un burnout est souvent source de stress. La réalité virtuelle peut aider le travailleur à s’acclimater aux situations angoissantes, avant d’y faire face dans la vraie vie.
Un absence de longue durée, comme un burnout, peut entraîner une perte de confiance en soi. La peur au ventre, il n’est pas toujours aisé de se replonger dans le bain professionnel. La réalité virtuelle peut aider à s’y préparer au mieux et garantir une transition plus douce, et potentiellement plus réussie. C’est le concept développé par la start-up belge Melimpus. L’idée a émergé dans l’esprit d’un anesthésiste, qui utilise déjà la réalité virtuelle pour certaines opérations.
L’idée est de créer un environnement artificiel et immersif, qui va simuler la réalité. Si le corps reste dans la réalité, une partie du cerveau , de même que les émotions et les pensées, s’y croient vraiment et «vivent» ce qui se passe dedans.
Des progrès plus rapides
La réalité virtuelle a déjà fait ses preuves en thérapie, pour la douleur, le syndrome de stress post-traumatique, l’apprentissage de certaines compétences émotionnelles chez les personnes autistes ou encore les problèmes d’attention. Mais pour le stress, c’est une première.
«C’est super efficace et redonne assez vite de l’autonomie aux patients», se réjouit Stéphanie Delroisse, docteure en psychologie et membre du projet. La a réalité virtuelle a déjà été utilisée notamment pour troubles anxieux, les phobies, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou encore la peur de conduire. Elle a constaté, pour ce dernier cas, que l’amélioration était plus rapide. «En 3-4 séances avec la réalité virtuelle, ma patiente reconduisait. Sans, j’ai parfois eu des suivis de patients pendant des mois. »
S’exposer pour mieux appréhender
Quand l’humain perçoit une menace, qu’elle soit réelle ou imagée, le corps se met en état d’alerte. «Et souvent, c’est la fuite, confirme Stéphanie Delroisse. Celui qui craint les araignées rechignera à se rendre à la cave ou au grenier, ou demandera à quelqu’un de faire disparaître la bête.» Dans un second temps, l’anxiété diminue, parce que le cerveau relativise le danger potentiel, ou parce que la source est désormais loin.
Mais qui fuit ne met pas ses pensées à l’épreuve des faits. C’est là qu’intervient la logique d’exposition. Le principe de la thérapie comportementale et cognitive est de se confronter volontairement, afin d’apprendre à gérer les situations problématiques. L’exposition doit être graduelle et répétée, jusqu’à ce que l’anxiété soit mieux appréhendée. «Ce qui est bien avec la réalité virtuelle, c’est que le thérapeute contrôle l’environnement, ce qu’on ne peut pas faire en vrai, explique-t-elle. On peut ainsi activer certains stimuli et en désactiver d’autres, en fonction de la réaction et de la progression du patient.»
Retour de burnout
C’est aussi valable pour un retour au travail après un épuisement professionnel de longue durée. Ceux qui souffrent d’un burnout, mais qui vont mieux et sont prêts, repoussent très souvent leur retour au travail par évitement ou par peur. Différents scénarii ont donc été élaborés pour aider le travailleur à reprendre contact avec son environnement de travail, allant d’une salle de réunion avec son chef et ses collègues, au télétravail.
«Il n’est pas possible de dire à un collègue ou un chef d’être d’abord gentil, le temps de se réadapter, puis d’être moins avenant en guise de test. Avec la réalité virtuelle, on peut simuler le premier jour de retour et confronter le patient à différentes situations comme un tri des mails ou des interactions avec ses collègues ou son chef.» Le praticien peut choisir la gradation du stimuli : positif, neutre ou négatif. «S’il est très anxieux, on va le confronter à un collègue gentil. Quand ça ne provoque plus d’anxiété, à une interaction neutre, puis négative, poursuit Stéphanie Delroisse. Tant que l’anxiété ne diminue pas, on ne passe pas au niveau suivant, afin de ne pas générer davantage de stress.»
Sentiment d’auto-efficacité
L’objectif ultime est d’éviter la rechute. Car si le retour au travail est précipité ou se fait sans préparation, la probabilité de retourner en burnout est plus importante. Avec un risque qu’il devienne plus complexe, parfois jusqu’à la dépression.
Il convient donc de diminuer l’anxiété et les émotions négatives, mais surtout d’augmenter le sentiment d’auto-efficacité. C’est-à-dire le fait d’avoir confiance en sa capacité à faire face aux obstacles et aux difficultés. C’est d’ailleurs tout l’enjeu du retour au travail, selon la littérature scientifique. «Lorsqu’on atteint ce sentiment d’auto-efficacité, on amène à la résilience et on se sent capable de gérer toutes les situations, mêmes contrariantes.» Le patient est davantage susceptible d’imiter le comportement que son « moi » a modélisé avec la réalité virtuelle. Un vrai apprentissage.
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