Santé
AVC, infarctus, thrombose : voici l’heure à laquelle prendre vos repas pour limiter les risques
Un petit déjeuner tôt le matin et un dîner pas trop tardif sont associés à un moindre risque d’accident cardiaque ou vasculaire cérébral, selon une nouvelle étude scientifique.
L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt et, peut-être aussi, à ceux qui petit-déjeunent à la pointe du jour et dînent de bonne heure. Des chercheurs français de l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae), de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’université Sorbonne Paris Nord et de l’Institut de santé globale de Barcelone ont utilisé les données de 103 389 participants de la cohorte NutriNet-Santé, suivis depuis 2009 (dont 79 % de femmes avec un âge moyen de 42 ans), pour étudier l’impact de l’heure des repas sur le risque de maladies cardiovasculaires. Les autoquestionnaires renseignent ce que les individus consomment et l’heure à laquelle ils le font. Pour réduire les biais statistiques possibles, les chercheurs ont également pris en compte d’autres facteurs (âge, sexe, qualité nutritionnelle des repas, consommation de tabac, alcool, cycle de sommeil…). Leurs travaux concluent que manger tardivement pour la première ou la dernière fois de la journée est associé à une hausse du risque de maladies cardiovasculaires et de maladies cérébrovasculaires.
Dans le détail, retarder l’heure du petit déjeuner est associé à une augmentation du risque de 6 % par heure, souligne l’étude publiée dans Nature Communications. Exemple : une personne habituée à prendre son petit déjeuner à 8 heures aurait un risque 6 % plus élevé d’avoir une maladie cardiovasculaire qu’une personne le prenant à 7 heures. Si elle le mange à 9 heures, le risque augmente encore de 6 %.
La suite de l’article après l’infographie.
La différence est encore plus marquée en ce qui concerne l’heure du dîner. La retarder d’une heure est associé à un risque d’AVC de 8 % par heure. En général, manger après 21 heures augmente de 28 % le risque de maladies cérébrovasculaires, comme les AVC, par rapport à un dîner pris avant 20 heures, en particulier chez les femmes. Il ne s’agit pas, ici, d’une variation d’une heure. Les chercheurs ont en effet comparé les personnes mangeant avant 21 heures et celles dînant après 21 heures, comprenant aussi celles qui s’attablent après minuit.
D’après les chercheurs, une durée plus longue du jeûne nocturne (entre le dernier repas du soir et celui du lendemain matin) est, quant à elle, associée à une réduction du risque des maladies cérébrovasculaires. Ainsi, jeûner pendant 12 heures diminue le risque d’AVC de 7 %. Chaque heure supplémentaire réduit encore le risque de 7 %. Mais uniquement si ce jeûne est combiné à des premiers et derniers repas précoces (et sans décaler ni sauter le petit déjeuner). Des études antérieures ont d’ailleurs montré qu’un jeûne nocturne de 12 heures et plus était associé à moins de prise de poids et une meilleure tension artérielle.
Il faudrait donc dîner tôt (avant 20 heures), et petit-déjeuner tôt (entre 7 et 8 heures) pour laisser au moins 12 heures de jeûne au corps.
Le chiffre
Selon le réseau Global Burden of Diseases, les maladies cardiovasculaires représentent la principale cause de décès dans le monde avec 18,6 millions de décès chaque année en 2019, dont environ 7,9 seraient attribuables à l’alimentation.
Comment expliquer les effets du rythme alimentaire sur les risques de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires ? Les résultats s’appuient uniquement sur une observation statistique et des autodéclarations. Ils ne permettent pas, pour l’heure, de déduire des conclusions sur les causalités. Les processus métaboliques à l’origine de ces résultats demeurent inconnus. Selon les chercheurs, une partie de la réponse se situerait dans le fonctionnement des horloges biologiques internes. Il y a en effet l’horloge circadienne, régulée surtout par la lumière, et des horloges périphériques du système circadien, situées dans la plupart des organes, en particulier au niveau du foie, synchronisées, elles, par l’alimentation. Or, ces horloges régulent les rythmes de la tension artérielle et les processus métaboliques.
Des recherches précédentes ont déjà mis en évidence plus d’intolérance au glucose, plus de résistance à l’insuline – hormone qui permet au glucose d’être distribué aux cellules et transformé en énergie – et un bilan lipidique défavorable chez les personnes avec des prises alimentaires tardives en soirée ou du grignotage. D’autres travaux ont montré un lien entre le saut du petit déjeuner et/ou un dîner tardif et la prise de poids.
Les chercheurs souhaitent à présent analyser les prélèvements sanguins et urinaires de participants de la cohorte pour identifier les processus métaboliques en jeu.
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